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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d’oignons parsemés de marjolaine.
    — Vous avez comblé l’Ancien, leur dit l’hôte. Mais l’autre histoire ?
    Il jeta un regard anxieux à Corbett et celui-ci se demanda si, depuis le début, le tavernier ne connaissait pas l’identité de son visiteur secret.
    — Jouez les innocents, lui conseilla le magistrat, et vous serez innocent.
    Le sourire de l’aubergiste s’élargit et il s’éloigna. Corbett tira son couteau, sortit une cuillère de corne de son escarcelle et commença à découper sa viande.
    — Êtes-vous l’envoyé du roi ?
    Corbett leva les yeux et se retourna. La jeune femme semblait surgir de nulle part. Elle portait un manteau vert comme la mer, bordé de rouge à l’ourlet. Il l’enveloppait de la tête aux pieds bien que le magistrat pût apercevoir le bout des bottes crottées. Mais ce fut son visage qui le fascina. Avec ses cheveux relevés en chignon sous un voile gris sombre, il était si serein, si parfait, qu’il pensa à une statue grandeur nature de la Vierge Marie qu’il avait vue un jour dans une église des faubourgs de Paris. Elle avait la peau mate, les yeux bleus, un nez parfait et ses lèvres rouges légèrement entrouvertes laissaient voir des dents blanches et régulières. Elle soutint le regard du magistrat.
    — Vous fais-je perdre votre temps, Messire ? J’ai cru comprendre que vous étiez Sir Hugh Corbett, l’émissaire du roi ?
    Corbett se leva et avança un tabouret. Il prit la main gantée de la jeune femme et lui fit signe de s’asseoir.
    — Vous êtes Alicia Verlian ?
    Un sourire éclaira le ravissant visage.
    — Comment le savez-vous ?
    Corbett montra le manteau.
    — Je suppose qu’il dissimule moult péchés ! Vous avez quitté votre demeure en toute hâte. Vous avez cheminé sur un sentier boueux et je me demande donc quelle femme désire me voir de façon si urgente. Non, je mens. J’ai entendu parler de votre beauté.
    Le magistrat sourit à Ranulf et fut stupéfait du changement de son serviteur. Ce dernier, jamais à court de mots, était à présent pétrifié : yeux fixes, bouche bée, un morceau de viande, piqué au bout de son couteau, à mi-chemin de sa bouche.
    — Ranulf !
    Le jeune homme ferma la bouche et abaissa son poignard, mais ne cessa de contempler le visage d’Alicia.
    — Mon serviteur est las, expliqua Corbett.
    Alicia adressa un sourire à Ranulf.
    — Vous avez, à coup sûr, inquiété les gens, dit-elle d’une voix douce. C’est ce qu’on raconte ici et parmi les habitants de la forêt. Sir William est revenu comme un éclair au manoir et ses valets en étaient tout pantois.
    — Voulez-vous un peu de vin ? lui proposa Corbett.
    — Non, Messire, ce que je veux, c’est la justice.
    La jeune femme leva la tête, les yeux brillants et durs.
    — Lord Henry était un ribaud, paix à son âme !
    Les autres clients se retournèrent. Corbett leur jeta un regard menaçant et ils reprirent leur repas.
    — Baissez la voix !
    — Lord Henry était un ribaud !
    Cette fois elle avait élevé le ton.
    — Un homme cruel et vicieux qui n’a eu que ce qu’il méritait. La justice de Dieu s’est accomplie.
    — Mais pas pour votre père, rétorqua le magistrat d’une voix calme.
    — Mon père n’a commis aucun crime.
    — Mais il ne participait point à la chasse !
    — Sir William non plus !
    — Votre père s’est-il enfui ?
    — Tout homme doué de bon sens aurait agi de même ! répliqua-t-elle. Il n’était pas avec Lord Henry quand ce dernier a été tué. Les griefs justifiés que nous avions contre Lord Henry étaient notoires. Si Sir William avait capturé mon père, il l’aurait pendu sur-le-champ.
    — Et à présent votre père a demandé asile à St Oswald ?
    — Il l’a fait, Messire, parce que c’est le seul endroit qui le protégera, jusqu’à ce que la justice royale soit accomplie.
    — Vous pouvez continuer à fulminer contre moi, lui dit Corbett en posant ses doigts sur sa main gantée de cuir qu’elle ne retira pas. Pendant que je suis ici, ajouta-t-il en scrutant les yeux splendides, nul ne sera pendu et nulle sentence rendue jusqu’à ce qu’éclate la vérité.
    — Pilate a demandé ce qu’était la vérité. Et il était juge.
    — Je ne m’appelle point Pilate. Je suis Sir Hugh Corbett. Nous découvrirons la vérité après un interrogatoire soigneux.
    — Par exemple ?
    — Où se trouvait votre père pendant la chasse ?
    Alicia

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