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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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des yeux la pièce d’argent sur le dos de la main de Corbett.
    — Il est comme les mouches en été, Messire : il est agaçant, mais ne nous gêne pas.
    — Vient-il céans s’approvisionner ?
    — Jamais. Je veux dire, Messire, qu’il serait fort sot de venir en cette grand-salle et de déclarer : « Je suis le Hibou ; puis-je avoir un peu de viande ? »
    Corbett fit sauter la pièce et la rattrapa.
    — Non, Maître Taybois, je voulais parler du coeur de la nuit, quand yeux et oreilles ne sont plus aux aguets.
    — La taverne s’appelle Le Diable dans les Bois, mais nous ne fournissons point de nourriture aux bandits, Messire.
    L’aubergiste recula son tabouret et fit mine de se lever.
    Ranulf se pencha et lui pressa doucement l’épaule.
    — Vous vous lèverez quand mon maître vous le permettra.
    L’homme soupira.
    — Je ne voulais pas vous offenser.
    — Il n’y a pas de mal, répliqua Corbett. Et maintenant, qu’en est-il des Fitzalan ? Hier soir votre grand-salle résonnait de ragots à leur sujet.
    — Les Fitzalan viennent du diable, et, pour ce qu’il m’en chaut, ils peuvent aussi bien y retourner.
    Le tavernier avala une gorgée de bière.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Ils possèdent la terre et ne se soucient pas des gens comme nous.
    — Êtes-vous un homme libre, Maître Edmund ?
    — Je suis un franc-tenancier. Cette taverne et les champs alentour m’appartiennent. Je paye des taxes. Je suis un homme honnête, un estimable aubergiste qui se montre charitable envers ceux qui ont besoin d’aide.
    Corbett examina le visage empâté aux traits grossiers.
    — Mais vous étiez archer autrefois. Je l’ai deviné aux cals de vos doigts. Vous avez tiré à l’arc maintes fois ?
    — C’est vrai, Messire. Mais j’achète ma venaison à ceux qui la vendent. Je ne chasse point dans les taillis.
    Le magistrat choqua sa chope contre celle de son vis-à-vis.
    — Alors que Dieu vous bénisse, Maître Edmund ! Depuis combien de temps avez-vous cette maison ?
    — Je la tiens de mon père.
    — Êtes-vous membre de la guilde ?
    — Oui. Nous nous réunissons à la Noël et à Pâques, en général dans l’un des ports, Winchelsea ou Rye.
    — Avez-vous entendu parler de La Rose rouge ? s’enquit Corbett. Une taverne sise dans les faubourgs de Rye ?
    — Non, Messire, mais je crois connaître quelqu’un qui a pu en avoir vent.
    L’homme termina sa chope et se leva.
    — Cette pièce d’argent me reviendra-t-elle ?
    — Elle est déjà vôtre, dit Corbett en la lui jetant.
    Le tavernier les fit passer par la porte de derrière et les conduisit dans le jardin. On avait planté un verger de pommiers et de poiriers à l’autre extrémité. L’un des valets de cuisine s’y trouvait, ramassant les fruits tombés qu’il déposait avec soin dans des paniers. Au-delà du verger se dressait une chaumière entourée d’un petit jardin. Un vieillard, assis sur un tabouret sur le seuil, prenait le soleil tout en mâchant une poire.
    — Mon père, dit Taybois. On l’appelle l’Ancien.
    Corbett n’eut pas besoin qu’on lui explique pourquoi. L’ancêtre était vieux comme Mathusalem ; son visage était ridé et fripé, ses yeux d’un bleu laiteux, sa barbe et sa moustache peu fournies. Il les regarda approcher.
    — C’est toi, mon fils ?
    — Oui, ô Ancien des jours, répondit l’aubergiste en plaisantant. J’ai amené des visiteurs.
    — J’ai quatre-vingt-quinze ans, caqueta le vieillard. Vous rendez-vous compte ? Je me souviens de Jean sans Terre, le grand-père du roi. Il est passé à Ashdown en se rendant à Runnymede {18} . Je les ai tous vus. On m’appelle l’Ancien. Mais ma mémoire est encore bonne.
    Son sourire s’élargit en laissant voir une poire mâchouillée.
    — Mais comme je dis toujours, ce n’est pas ce qui se trouve entre vos oreilles, mais ce qui se trouve entre vos jambes qui compte.
    Il lorgna l’anneau que le magistrat portait à la main droite.
    — Vous êtes un clerc du roi, hein ?
    Corbett s’accroupit à ses côtés.
    — Père, je suis heureux de vous voir, dit-il en effleurant la main du vieil homme.
    — Des prunes, répondit ce dernier. Voici l’automne et il va y avoir des prunes mûres et rondes comme seins de jouvencelles.
    Corbett était admiratif devant ce vieillard qui avait dû être un jouvenceau quand le roi Jean conduisait ses armées contre ses barons.
    — Que me voulez-vous ?

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