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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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les joues.
    Il était perplexe, déconcerté par les événements, mais le visage, la manière d’être, l’humeur changeante que l’on lisait dans les yeux d’Alicia l’envoûtaient. Il jura à voix basse. Il ne trouvait plus ses mots. Chose bizarre, la jeune femme lui rappelait Lady Maeve, l’épouse de son maître : elle produisait le même effet. Pour tout dire, Ranulf se sentait submergé, voire effrayé, par ses sentiments et cela le rendait furieux. Lui, Ranulf-atte-Newgate, clerc, homme dur et soldat ! Alicia l’observait encore.
    — Vous ne mentez point, n’est-ce pas ? demanda-t-elle à voix basse. Vous n’avez vraiment pas l’intention de m’offenser ? Je n’avais jamais vu un homme rougir jusqu’à présent.
    Elle rassembla les rênes.
    — Je suis navrée d’avoir été brutale.
    Elle lui tendit la main. Ranulf s’en empara et baisa son gant de cuir. Il leva les yeux. Alicia lut la passion dans ses yeux et retira sa main.
    — On prétend que votre maître est un homme étrange. Mais il choisit compagnie plus étrange encore.
    Elle fit un signe.
    — Je vous salue, Messire Ranulf-atte-Newgate.
    Et, faisant faire demi-tour à sa monture, elle partit au petit galop. Ranulf la regarda s’éloigner. Il eut envie de lui courir après pour lui expliquer exactement ce qu’il ressentait. Avait-il fait ce qu’il fallait ? N’aurait-il pas dû lui proposer de l’escorter ? Il entendit un ricanement et jeta un regard autour de lui. Deux valets d’écurie l’observaient. La main du jeune homme effleura la garde de son épée et, tout d’un coup, les deux garçons se rappelèrent qu’ils avaient du travail. Ranulf regagna la grand-salle où son maître avait achevé son repas.
    — Ranulf, tu te sens bien ? demanda ce dernier en désignant le tranchoir encore à moitié garni. Tu ne veux pas achever ton déjeuner ?
    — Je n’ai pas faim.
    Corbett se leva.
    — Ranulf, pour l’amour de Dieu, que se passe-t-il ? Connais-tu cette jouvencelle ?
    — J’aimerais bien !
    — Ah, c’est ça ! dit Corbett en lui pressant l’épaule avec douceur. Ranulf-atte-Newgate, la terreur des dames, l’homme qui a même pensé à devenir prêtre !
    — Ne vous moquez point !
    — Je ne te raille pas, Ranulf.
    Le magistrat enleva sa main.
    — Ça arrive, Ranulf ; c’est toujours un terrible choc, et, comme la mort, nous ne pouvons jamais le prévoir.
    Il examina le visage de son serviteur, plus pâle qu’à l’ordinaire. Deux taches rouges enflammaient ses pommettes, signe rare d’agitation ou de trouble chez Ranulf ; ses yeux pers de chat brillaient comme s’il avait bu.
    — Il y a un temps et un lieu pour tout, dit Corbett qui entraîna Ranulf par le bras à travers la grand-salle jusque dans le jardin. N’oublie jamais que le jardin est un endroit idéal pour comploter.
    Il eut un large sourire.
    — Et pour faire sa cour. Sans oreilles indiscrètes ou yeux trop curieux.
    Ils s’assirent sur la banquette d’herbe. Corbett ôta l’anneau de la chancellerie et le fit miroiter au soleil.
    — Qu’est-ce, Ranulf ? Des rayons de soleil ou une substance ? Des ombres ou quelque chose de plus tangible ? C’est la vieille question, n’est-ce pas ? Dès qu’il y a meurtre, les gens vous racontent ce qu’ils veulent que vous entendiez, vous montrent ce qu’ils veulent que vous voyez.
    Il donna un brusque coup de coude à son compagnon.
    — Arrête de jouer les damoiseaux éperdus d’amour ! Où est passé le clerc de la Cire verte à l’esprit vif, hein ? Primo...
    Corbett se mit à compter sur ses doigts les différents points qu’il évoquait.
    — Lord Henry Fitzalan est très riche, très puissant, détesté de tout un chacun et on l’a tué pendant la chasse.
    Il jeta un coup d’oeil à Ranulf qui avait manifestement l’esprit ailleurs.
    — Secundo, reprit-il, Lord Henry était haï de son puîné dont il contrôlait avec sévérité les cordons de l’escarcelle. Sir William était absent quand on a tué son aîné. Tertio, nous avons Robert Verlian, le chef verdier. Il abominait Lord Henry qui avait de coupables désirs vis-à-vis de sa fille. Lui aussi était absent quand son seigneur est mort, et il s’est enfui sans donner de raisons. Quarto, Sir William semble bien avoir l’intention d’accuser sans hésiter Verlian. Quinto, St Hawisia se trouve dans l’étang aux carpes là-bas. Es-tu d’accord, Ranulf ?
    — Oui, oui, bien

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