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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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achevée, maintenant, avait-il déclaré. J’en ai assez. Il est temps de connaître la paix et un peu de calme.
    Il avait renoncé à sa fonction dans la maison. On s’était alors attendu à ce que Cantrone profite du privilège vacant, mais l’Italien avait étudié l’intrigue tout comme la médecine. Il avait remarqué les hommes qui le suivaient à la taverne ou ceux qui se tenaient devant sa demeure à la tombée du soir. Cantrone savait interpréter les signes, comme le devait un bon mire. Il avait rempli ses coffres et s’était enfui au coeur de la nuit. D’abord en Italie, puis, par mer, à Bordeaux, ville aux mains des Anglais. Même là il s’était senti pourchassé ; il cherchait une contrée plus lointaine quand il avait rencontré Lord Henry Fitzalan. Ce dernier avait besoin d’un mire et, séduit par l’habileté de Cantrone, lui avait offert une place dans sa maison. L’Italien avait accepté sur-le-champ. Les semaines étaient devenues des mois. Cantrone avait découvert que Fitzalan occupait un rang important à la cour d’Angleterre, que c’était un envoyé de confiance en France. Alors, pour asseoir sa position, il avait avoué ses plus sombres secrets. Lord Henry Fitzalan en avait semblé ravi. Cantrone avait fini par lui faire confiance, seule personne à qui il s’était jamais ouvert dans sa longue vie de prudence. Fitzalan s’était servi de ces révélations contre les Français, en faisant allusion à ce qu’il avait appris tant lors de réunions que par lettre.
    Cantrone retint son cheval et leva les yeux sur les branches entrelacées au-dessus de sa tête.
    — J’ai été fort sot, murmura-t-il, de lui prêter foi !
    Lord Henry avait promis que Cantrone n’aurait jamais à l’accompagner en France. Mais, dans la confusion qui avait suivi la mort de Fitzalan, l’Italien avait découvert que, bien que Lord Henry lui eût donné sa parole d’honneur, en arrivant à Rye, il n’aurait point été accueilli à bras ouverts. On l’aurait plutôt embarqué en hâte sur un navire et remis aux Français. En échange de quoi ? Plus d’influence ? Plus de pouvoir ? Un sac d’or ? Cantrone talonna sa monture et le docile cheval prit l’amble. Comment Lord Henry avait-il pu le trahir alors qu’il en avait tant fait ?
    Et voilà que Lord Henry avait disparu. Et Sir William ? Jeune homme brusque et naïf, c’est lui qui avait sans y penser révélé que, une fois à Rye, Cantrone ne regagnerait pas le manoir d’Ashdown. Sir William connaissait-il le terrible secret ? Lui offrirait-il sa protection ? Le mire hocha la tête. Il en doutait. Sir William tenait surtout à débarrasser sa maison de chaque vestige lui rappelant son frère. Intendants, serviteurs et même palefreniers étaient priés de chercher du travail ailleurs.
    Cantrone s’était tenu fort à l’écart du seigneur Amaury de Craon, mais, un jour, il avait surpris l’envoyé français qui l’observait. Les yeux rusés avaient souri et le mire y avait perçu plus de danger que dans une salle remplie d’horreurs.
    Cantrone respira profondément, puis fronça le nez devant l’odeur de végétation pourrissante. Il n’avait pu retrouver le livre d’heures de Lord Henry, ce livre dans lequel il gardait tous ses secrets, mais le mire avait changé d’avis, comme le serpent qu’il était, frappant dur et vite, et se servant des informations qu’il avait lui-même découvertes pour gagner davantage d’or. Il allait retourner à Ashdown, rassembler ses biens, décamper avant la tombée de la nuit, puis se cacher dans l’un des ports de la Manche et se diriger peut-être vers le nord, en Flandre, dans le Hainaut ou même vers la Baltique ou les États allemands.
    Cantrone aurait pu se congratuler. Une simple phrase et il avait fait naître tant de soupçons et de railleries dans l’âme de Lord Henry qu’une chose avait suivi l’autre. À présent, il avait les moyens de partir !
    Un bruit, sur sa droite, l’incita à retenir son cheval. Il jeta un regard entre les arbres. Il était en sécurité ici. Le Hibou, ce bandit de grand chemin, avait maille à partir avec les Fitzalan, pas avec un mire italien ; quant aux Français, Cantrone ne pensait pas qu’ils frapperaient maintenant. Pas ici, où on pouvait les découvrir, ce qui causerait grand scandale.
    Il prit la petite arbalète pendue au pommeau de sa selle. Il fouilla sous sa chape, en tira un carreau aux barbelures impitoyables et

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