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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Pourtant, il ne devait point offenser Édouard d’Angleterre ! Cantrone, qu’il aurait aimé faire pendre près de Roulles, vendrait-il son secret ? Fuirait-il ? S’il négociait, quelles difficultés créerait-il ? Quel scandale les agents d’Édouard, à Paris ou en Avignon, attiseraient-ils avec leur langue ? Philippe jeta un coup d’oeil vers la porte. Craon avait-il trempé dans la mort de Fitzalan ? Avait-il interprété ses ordres trop littéralement ? Le roi se frotta la joue. Il devait aller prier pour demander à Louis, son saint ancêtre, que le chemin de Cantrone et celui de Corbett, ce clerc trop curieux, ne se croisent jamais.

 
    CHAPITRE VIII
    Philippe se serait réjoui de voir dans quelle angoisse se trouvait à présent Pancius Cantrone. Le roi de France se serait prosterné pour remercier le ciel car, en cet après-midi d’automne ensoleillé, Cantrone n’avait plus que fort peu de temps à vivre. L’Italien, bien sûr, ignorait que sa fin fût si proche. Il était juste décidé à fuir l’Angleterre, à échapper aux Français et à ne pas permettre à la Couronne anglaise de faire de lui un gage, une monnaie d’échange avec Philippe de France.
    L’Italien s’était rendu au prieuré de St Hawisia. Il avait, avec ostentation, soigné la jeune novice soeur Fidelis, dont les phalanges étaient si enflées que ses doigts semblaient avoir été piqués par des abeilles. Cantrone avait joué les mires professionnels, examinant la peau, tâtant les os et même, à la grande gêne de la jeune femme, observant avec soin les urines de peur que le gonflement n’ait été provoqué par un dérèglement malin des humeurs corporelles. Lady Madeleine, bien entendu, l’avait accueilli avec chaleur et ils avaient devisé à bâtons rompus dans sa chambre tant avant qu’il eût dispensé ses soins à soeur Fidelis qu’après. Pancius Cantrone avait bu un peu de vin et savouré quelques friandises dans le réfectoire avant de reprendre sa monture. Et maintenant il chevauchait par les sentiers forestiers vers le manoir d’Ashdown.
    Le mire s’était emmitouflé dans son épaisse chape de laine. Il portait aussi des gantelets doublés de laine parce que, bien que les Anglais eussent prétendu que l’hiver n’avait pas encore commencé, il avait froid. Il détestait ces sinistres forêts humides et rêvait des riches vallées de Toscane. Cantrone avait décidé de s’enfuir. Il était venu en Angleterre parce que Lord Henry lui avait offert sa protection. En échange, il lui avait chuchoté les secrets que lui avait confiés M. Malvoisin. Et à présent, pendant que son cheval suivait les sentes désertes, ces secrets revenaient le hanter. De sombres images le harcelaient : un défilé de moines en coule noire, cierges à la main, avançant dans une cathédrale ; derrière eux, sur les épaules des porteurs, reposait un cercueil drapé de velours. Les voix d’un choeur solennel montaient et descendaient comme une vague lointaine au rythme de la messe de funérailles. À l’extérieur grouillaient des cavaliers en armure qui tenaient la foule en respect. Cantrone avait fait partie de la procession. Il se tenait près de Malvoisin. Ils avaient vu les proches du roi s’incliner au-dessus de l’effigie de cire posée sur le cercueil couvert de roses et de lis immaculés. Malvoisin, semblait-il, n’avait pu en supporter davantage. Lorsqu’ils s’étaient retrouvés seuls, il s’était retourné et avait murmuré :
    — Ce n’est point une infection des poumons !
    — Comment ? avait dit Cantrone.
    — Ce n’est point une infection des poumons ! avait répété Malvoisin à voix basse et du coin des lèvres, yeux brillants, visage rubicond empourpré par le vin. Elle a été empoisonnée !
    Cantrone avait été glacé, mais Malvoisin, rusé comme toujours, avait choisi son moment.
    — Vous savez bien que ce que je dis est vrai.
    Ses yeux larmoyants avaient soutenu le regard de l’Italien et le mire avait laissé libre cours aux soupçons qui fermentaient dans son esprit. Plus tard, une fois l’église vide et l’encens, comme une prière oubliée, flottant et montant en volutes vers le plafond de pierre, Cantrone avait attiré Malvoisin à l’écart.
    — Si vous répétez ce que vous venez de dire, chuchota-t-il, c’est l’échafaud pour nous deux !
    Malvoisin, dessoûlé à présent, avait jeté un coup d’oeil inquiet autour d’eux.
    — Ma tâche est

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