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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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grand-salle. Ils sortirent, longèrent un cloître, après quoi, poussant une porte, ils pénétrèrent sous un porche pavé et propre et montèrent un escalier de chêne sombre.
    — La chambre de votre frère ? s’enquit Corbett.
    Sir William parut sur le point de refuser. Corbett regarda derrière lui et maudit Ranulf à voix basse. Il se doutait de l’endroit où il se trouvait : à la poursuite de la ravissante Alicia Verlian. Sir William continua à avancer dans la galerie puis s’arrêta devant une porte ; il essaya plusieurs clés avec maladresse et ouvrit enfin l’huis. La chambre était richement meublée, mais désordonnée. Corbett vit un grand lit à quatre colonnes avec des courtines cramoisies frangées de glands dorés et argentés. Deux grandes armoires se dressaient de chaque côté du coussiège {19} et les couvercles des coffres et coffrets étaient grands ouverts. Les pièces d’une armure s’entassaient sur un tabouret. Au centre d’une large table de chêne se trouvait une épée. Sir William fit signe au magistrat de s’asseoir sur une chaire à l’autre bout de la table. Il apporta un plateau chargé d’un pichet de vin et de gobelets, mais Corbett refusa.
    — J’ai assez bu, Sir William.
    — Mais moi pas et, comme disent les lettrés : «  In vino veritas ! »
    Il remplit sans hésiter une coupe à ras bord, s’installa en face du magistrat et porta en silence un toast à sa santé.
    — Avez-vous tué votre frère ? commença Corbett.
    — Je vidais mes entrailles, rétorqua Sir William. Je n’ai rien à voir avec sa mort. Je m’appelle William, pas Caïn !
    — Et le cadavre de cette femme trouvé dans la forêt ?
    — J’ignore tout.
    — Pourquoi avait-elle un lis marqué sur l’épaule ?
    Sir William baissa la tête.
    — Allons, dit Corbett d’un ton sec, vous vous rendiez dans les bordels, comme votre frère ! Je me doute de ce dont il s’agit. C’est la flétrissure des putains.
    — Mais pas des ribaudes ordinaires. Il s’agit en général des tenancières de bordels ou de gueuses de rang élevé.
    — Mais pourquoi ce lis ?
    Sir William s’esclaffa.
    — Sir Hugh, chevauchez jusqu’à Rye et traversez la Manche. Cette femme était sans doute française. Si vous avez raison, elle devait venir d’Abbeville ou de Boulogne. Les Français sont moins durs avec leurs ribaudes que nous, les Anglais ! Si une femme est convaincue de tenir un lieu de plaisir, ils emploient ce fer : elle est la propriété du roi et risque une amende.
    — Mais alors, que faisait-elle en Angleterre ? demanda Corbett.
    — Je ne sais pas, Sir Hugh, mais nus, nous sommes tous semblables, n’est-ce pas ? Les Anglais aiment les ribaudes, les Français aiment les ribaudes, les Allemands aiment les ribaudes. Même les prêtres les aiment. C’est monnaie courante dans chaque pays.
    Sir William reposa avec bruit son gobelet.
    — Pour l'amour de Dieu, Messire, ouvrez les yeux ! Les gueuses anglaises travaillent en France, et les Françaises traversent la Manche. Oh, elles jouent les dames en détresse ! Pour un fermier en visite à Rye, à Douvres ou à Winchelsea, une putain française est un morceau de choix. En tout cas, je ne connaissais point celle-ci ! J’ignore pourquoi elle se trouvait à Ashdown et pourquoi quelqu’un lui a fiché une flèche dans la gorge !
    — Avez-vous découvert sa dépouille que vous auriez, ensuite, abandonnée devant le prieuré de St Hawisia ?
    — Non, pas du tout.
    — Et votre frère ?
    — Henry ne se serait jamais souillé les mains !
    Corbett se carra dans sa chaire. Il remarqua, pour la première fois, les étagères emplies de volumes reliés en veau. Quelques reliures, ornées de fils d’or ou d’argent, brillaient à la lueur des bougies.
    — Elles étaient allumées quand nous sommes entrés céans, dit-il en désignant l’une des chandelles. Ne craignez-vous pas le feu ?
    — Sentez l’air, répliqua Sir William. C’est de la cire vierge. Elles ne crépitent pas. Le support est en bronze, l’éteignoir en cuivre. Une idée bizarre de mon frère.
    Il montra la pièce d’un geste large.
    — Ashdown est en pierre, la meilleure que les Fitzalan aient pu acquérir. Nous ne redoutons pas le feu.
    — Mais vous avez peur des mystérieux archers, observa Corbett. Et j’ai entendu parler de la « Rose de Rye ».
    — Je n’ai rien à voir avec ça.
    — Je n’ai rien prétendu de tel, mais

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