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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Henry est mort ! Mon escorte est, pour la plus grande partie, encore logée hors de Rye. Nous voulons nous en retourner.
    — Le roi enverra quelqu’un d’autre, répondit Corbett. Sir William que voici ou Mgr de Surrey.
    — Ne viendriez-vous point à Paris ? s’exclama Craon en se rasseyant.
    Il adressa un petit sourire narquois à son clerc au visage gris.
    — Nous avons tant à vous montrer, Hugh, et tout spécialement les jardins de mon maître, derrière le Louvre.
    Sir William vint s’installer entre eux dans sa grande chaire semblable à un trône. Corbett décida de ne pas répondre. L’intendant qui se tenait avec appréhension derrière Sir William leva les mains. Dans la galerie, à l’autre bout de la pièce, des trompettes entonnèrent une fanfare et le souper commença. Un bouillon de viande, du poisson à la crème, du boeuf, de la venaison et un cygne rôti entier. Un mets suivait l’autre pendant que circulaient les pichets de vin. Sir William s’efforçait d’être un hôte cordial. La conversation allait et venait comme les vagues, cachant les profonds courants sous-marins. On évoqua surtout les diverses cours et chancelleries, les dispositions prises pour les funérailles de Lord Henry et la vision de paix éternelle entre l’Angleterre et la France une fois consommé le mariage entre la princesse Isabelle et le prince Édouard.
    Ranulf pignochait et avait déjà vidé ses gobelets de vin blanc et rouge filigranés d’argent. Craon le remarqua et plissa les yeux. Il s’enquit de l’attentat à Oxford. Une conversation générale sur le maintien de la paix royale s’ensuivit. Les tensions ne furent perceptibles qu’une seule fois.
    — Où est Cantrone, le mire italien ? demanda Craon. J’aurais fort aimé deviser avec lui.
    Sir William, qui avait beaucoup et rapidement bu, haussa les épaules. Il éructa et prit quelques bouts de viande qu’il lança aux chiens à l’autre bout de la pièce.
    — Si je le savais, articula-t-il avec difficulté, je vous le dirais.
    Craon était sur le point d’insister quand la fête fut interrompue par une flèche qui fit voler en éclats l’une des fenêtres de la salle et alla se ficher dans les lambris. Les chiens se mirent à aboyer et à japper. Les serviteurs se précipitèrent. Sir William resta assis, bouche bée, sa coupe à moitié levée.
    — On nous attaque ! cria le vieil intendant. À vos postes !
    Corbett se demanda si le bonhomme avait trop goûté au vin qu’il servait.
    — Absurde ! déclara Craon en se rencognant dans sa chaire.
    Il se mit à rire avec son clerc.
    Corbett descendit en hâte la grand-salle. Il aperçut le rouleau de vélin attaché par un bout de corde à la hampe.
    Le Hibou va où il veut !
Il fait ce qu’il veut !
Souviens-toi de la Rose de Rye !
    Il examina le trait, mais il était semblable aux autres, sans aucune marque distinctive. Sir William, quelque peu titubant, l’avait rejoint.
    — Il faut que je vous parle, Messire, dit le magistrat à voix basse. À ce sujet.
    Il soutint le regard du seigneur du manoir.
    — Au sujet du Hibou et, plus essentiel, au sujet de ce mire italien et de Piers Gaveston.
    Toute couleur s’effaça du visage de Sir William.
    — Je... je ne sais ce que vous voulez dire ! haleta-t-il.
    — Je veux la vérité ! le pressa Corbett. Messire, nous pourrions jouer au chat et à la souris toute la soirée.
    Il jeta un coup d’oeil vers l’estrade où Craon était affalé dans sa chaire. Ranulf avait disparu.
    — Sir William, reprit Corbett en approchant son visage de celui de son interlocuteur, Craon est l’un des plus grands ennemis du roi et il complote ma mort. Oubliez tout langage fleuri, tout baiser de paix. Si Craon me rencontrait seul dans une ruelle, j’aurais droit à la corde au cou ou au poignard dans le ventre.
    Sir William, à présent, transpirait à grosses gouttes.
    — Alors, Messire, que va-t-il se passer ? Je ne peux tâtonner ici, en présence de mon adversaire, à la poursuite de feux follets ! Ouïrai-je la vérité ou devrai-je payer un de vos ménestrels pour écouter ses histoires ?
    Sir William se retourna.
    — Seigneur de Craon, lança-t-il, un petit ennui !
    Craon fit un signe et haussa les épaules.
    — Il faut que je parle sur-le-champ à Sir Hugh, continua Sir William.
    — Comme nous le devrons tous, un jour ou l’autre ! persifla le Français.
    Mais Sir William, suivi de Corbett, descendait déjà la

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