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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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avec son maître, il lui aurait demandé à quoi ressemblaient les yeux d’un assassin ; il se remémorait les visages d’anges de quelques-uns des coquins avec lesquels ils avaient croisé l’épée au fil des ans. Quand il saisit le regard implorant de la jeune femme, il tourna la tête. Avait-elle quelque chose à cacher ?
    Corbett, maintenant, se frottait la joue, signe indéniable que son habile cerveau poursuivait une idée.
    — Avez-vous des questions à me poser, Messire ? demanda Verlian.
    — Oui, pas au sujet du meurtre de Lord Henry, mais de la forêt. Vous la connaissez bien ?
    — Aussi bien que le visage de mon enfant.
    — Êtes-vous bon chasseur ?
    Verlian haussa les épaules.
    — Lord Henry le disait.
    — Pouvez-vous traquer un cerf ?
    — Je peux pister tout ce qui marche sur la terre de Dieu, répliqua le verdier non sans satisfaction. Que ce soit homme ou bête.
    — Et vos compagnons, les chasseurs et les verdiers, sont gens qui vivent dans les bois, et s’en servent ?
    — Quelques-uns sont très adroits. D’autres ont beaucoup à apprendre.
    — Et les bandits de grand chemin ? s’enquit tout à trac le magistrat.
    Verlian lui jeta un coup d’oeil méfiant.
    — Les truands, les vauriens ? insista Corbett.
    — Un grand nombre périssent. Ils s’enfuient des villes et des villages et ne survivent pas dans les bois. J’ai découvert bien des corps gelés dans les congères ou sur la rive d’un marécage. J’ai même trouvé ceux qui, devenus fou, s’étaient pendus. S’ils ont un peu de bon sens, ils ne restent pas longtemps, mais gagnent une autre ville.
    — Et les autres ? Ceux qui restent ? Les paysans qui tuent les cerfs ? Ou qui fuient un seigneur cruel ?
    — Nous les laissons tranquilles et ils nous laissent tranquilles. Et nous ne tenons pas compte de leurs menus larcins.
    — Vous les voyez donc ?
    Verlian acquiesça.
    — S’ils ne s’occupent pas de nous, comme je viens de vous le dire, nous ne nous occupons pas d’eux.
    — Je peux en dire autant, les interrompit frère Cosmas.
    — J’allais justement vous le demander.
    Corbett sourit au franciscain.
    — Vous vivez ici, mon frère. Vous parlez d’Ashdown comme de votre paroisse. Vous connaissez sans doute tous les habitants de la forêt, comme ces pauvres miséreux qui ont dû s’enfuir ?
    — C’est exact, approuva le franciscain avec fierté. Je suis prêtre et non officier du roi. Si un homme piège un lièvre pour nourrir sa famille, pourquoi y trouverais-je à redire ?
    — Et Maîtresse Alicia ici présente ? Vous qui chevauchez dans les bois armée d’un arc et de flèches ?
    — Mon père a répondu pour moi. Qu’insinuez-vous, Messire le clerc ?
    — Je m’appelle Sir Hugh Corbett.
    Alicia haussa délicatement les épaules.
    — Je vous baptiserais tous seigneurs de la forêt, ajouta le magistrat avec humour. Vous en connaissez probablement sentiers et pistes mieux que ne les connaissait Lord Henry. Quoi qu’il en soit, cela m’intrigue parce que, dans les bois, se trouve le Hibou, un bandit différent des autres. Il m’intéresse vraiment. Ce matin, dans la grand-salle, j’ai pensé à lui. Voilà un truand qui ne rançonne point les voyageurs ; du moins il n’y a pas de preuve qu’il l’ait fait. Il ne chasse pas le gibier du roi. En fait, il semble n’avoir maille à partir qu’avec les Fitzalan. Il leur envoie des menaces attachées à une flèche de trois pieds de long, mais personne ne le voit jamais ! Personne ne l’entend jamais ! Tout le monde ignore même à quoi il ressemble !
    Il lut l’embarras dans le regard de Verlian, jeta un bref coup d’oeil sur Alicia puis leva une seconde les yeux sur le franciscain. Frère Cosmas s’était détourné comme s’il s’intéressait au cierge crachotant sur l’autel. Le magistrat se leva.
    — Voilà un véritable mystère !
    — Je n’avais pas pensé à ça, déclara le fugitif. Nous voici en automne et le Hibou hante la forêt depuis le printemps. Je n’ai jamais rien vu de surprenant ; les verdiers et les chasseurs non plus.
    — Voulez-vous dire que c’est quelqu’un d’autre ? interrogea Alicia.
    — C’est possible, admit Corbett. Il pourrait même être l’un de vous trois. Mais je vous préviens...
    — Sir Hugh ! Sir Hugh Corbett !
    Ranulf s’avança à l’entrée du jubé. La porte de l’église était grande ouverte et des archers portant la livrée des

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