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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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mort de Lord Henry, n’est-ce pas ? Eh bien, je vais vous parler de lui. C’est le père de cette enfant.
    Elle ne tint pas compte du hoquet de stupéfaction du prêtre.
    — Oh, oui, Lord Henry dans sa jeunesse était connu partout dans les Cinq Ports {21} ! Pas un bordel, pas un lupanar qu’il ne visitât. Dans mon jeune temps j’ai joué les Marie-Madeleine.
    Elle eut un petit sourire.
    — Avant la conversion de cette célèbre sainte ! J’ai du sang espagnol. J’étais l’épouse d’un marin qui s’est fait tuer dans une querelle de taverne. Le capitaine ne m’a pas permis de remonter à bord, pas même après que je lui eus fait don de mon corps. Je me suis donc mise à courir les rues ; je suis devenue catin en la ville de Rye. Quand j’étais jeune, clerc, on me jugeait belle !
    — C’est encore vrai à présent, commenta Corbett.
    Il perçut un éclair d’amusement dans les prunelles de Jocasta.
    — Beau parleur, hein, clerc ?
    Elle baissa la tête et croisa ses mains dans son giron.
    — Lord Henry Fitzalan l’était aussi. Oh, sous bien des aspects il avait une âme d’acier, fermée à double tour, et un coeur de pierre. Mais, quand l’envie lui en prenait, il savait prodiguer louanges et argent. Il s’en fut en voyage à Rye. Et il a acheté mes faveurs.
    Elle désigna sa fille d’un signe de tête.
    — J’étais encore inexpérimentée. Je me suis trouvée grosse. Quelques nonnes compatissantes m’ont recueillie, pas des religieuses comme ces grandes dames de St Hawisia !
    — Avez-vous été au prieuré ? l’interrompit Corbett.
    — Une seule fois pour demander assistance. J’ai juré de ne plus recommencer.
    — Quel genre d’aide ?
    — De quoi vêtir et nourrir ma fille.
    — Lady Madeleine n’est point réputée pour sa charité, commenta à voix basse Cosmas.
    — Et finalement vous vous êtes installée à Ashdown ? questionna le magistrat.
    — J’ai emmené ma fille avec moi. Au début, Lord Henry ne voulait pas me croire, mais j’ai juré solennellement. Blanche...
    Elle caressa les cheveux argentés de l’enfant. Corbett, apitoyé, regarda la fillette aux yeux vides et à la bouche baveuse qui, blottie près de sa mère, faisait penser à un lièvre effarouché.
    — Blanche est née simple d’esprit. C’est la punition que Dieu m’a infligée. Mais Lord Henry l’a observée et il m’a crue. Il m’a donné une chaumine et une petite rente.
    — Venait-il vous rendre visite ?
    — Parfois.
    Jocasta détourna le regard.
    — Lord Henry avait d’impérieux désirs charnels. Il ne partageait point ma couche, mais... comment dire, Messire ?
    Elle fit un geste.
    — Quelquefois je jouais les ribaudes pour lui.
    — Le haïssiez-vous ?
    Jocasta regarda derrière Corbett et examina la grossière croix de bois posée sur l’autel. Puis Verlian et sa fille toujours assis, tête contre tête, à l’autre bout du choeur.
    — Haïssiez-vous Lord Henry ? répéta le magistrat.
    — Je n’éprouvais rien pour lui, Messire. Rien, sauf une terrible froideur. L’âge ne l’avait pas amélioré. C’était un homme cruel, qui n’aimait que lui-même. Il n’y avait de place en son coeur ou en son âme pour quiconque, frère, soeur, ancienne amante ou fille bâtarde.
    Elle entoura d’un bras les épaules de Blanche.
    — Pas une fois il n’a touché sa propre chair comme le fait un père. Oh, j’ai entendu les racontars sur les Fitzalan : qu’ils viennent du diable et peuvent y retourner !
    — L’y avez-vous envoyé ? s’enquit Ranulf.
    Jocasta l’examina avec grand soin.
    — Voilà une brute aux yeux bien hardis ! commenta-t-elle avec un petit sourire. Êtes-vous l’épée de Corbett ?
    — Je suis clerc tout comme lui.
    — Et un clerc ambitieux, remarqua-t-elle. Je n’ai pas tué Lord Henry.
    — Comment avez-vous appris sa mort ? demanda Ranulf.
    — Ces mêmes commérages qui prétendent que je suis une sorcière ne cessent jamais. J’ai rencontré un colporteur qui sortait de la taverne du Diable dans les Bois. Il s’était blessé au tibia et venait faire poser un emplâtre. Ce devait être quelques heures après que l’on eut enlevé le cadavre de Lord Henry de Savernake Dell.
    — Possédez-vous un arc et des flèches, Maîtresse ?
    — Eh bien, oui. Un vieil arc et deux carquois pleins de flèches, un cadeau de Lord Henry. Oui, Messire, je sais m’en servir utilement. J’ai chassé quand Lord

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