Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
vous rendait souvent visite ?
    — Oh, c’était un véritable coq, notre seigneur ! expliqua la femme avec un large sourire. Mais, avant que vous ne posiez la question, sachez que Françoise ne partageait la couche de personne. Elle le distrayait, voyez-vous. Elle le laissait épier dans les chambres quand elles étaient occupées et il pouvait choisir ses gueuses.
    — Pourquoi ?
    — Oh, ce n’était pas que Françoise l’appréciât ! En fait, elle le haïssait. À cause de ce qu’il était, de sa fortune, de son indifférence. Un homme... comment disait-elle déjà ?... Oui, je me souviens, qui n’aimait que lui. Je suis une catin, Messire. Une ribaude, une gueuse. Mais je crains Dieu et ne fais point semblant d’être ce que je ne suis pas. Et selon Françoise, Lord Henry Fitzalan ne redoutait ni Dieu ni homme.
    — Vous ne pleurez pas votre amie ? demanda Ranulf.
    — Je la pleurerai à ma façon, à l’heure et à l’endroit que je choisirai ! Alors vous, Messire, avec vos yeux de chat et votre visage pointu, posez vos questions et partez car je ne peux vous aider davantage !
    — Laquelle de vos filles préférait-il ? interrogea le magistrat.
    — Il les aimait toutes. Il proclamait que la variété est le sel de la vie. Parfois il n’en prenait qu’une, parfois deux ou trois ensemble.
    — L’une d’entre elles le saurait-elle ?
    Corbett s’interrompit. Il devait être prudent en posant cette question.
    — Qui saurait quoi ? le pressa-t-elle avec colère.
    — Eh bien, madame, l’une des autres filles... Françoise avait-elle une favorite ? Quelqu’un à qui elle se serait confiée ?
    — Je comprends ce que vous voulez dire, Messire. Mais tant que les gueuses restent propres, ne causent pas de troubles et sont disponibles, ce qu’elles font les concerne.
    — Vous ne pouvez donc pas nous aider ?
    — Non.
    — Alors, dit Corbett en sortant le mandat de son escarcelle, je veux que toute la maison soit réveillée. Je veux rencontrer ces dames.
    Il ouvrit sa bourse et jeta une pièce d’or à la femme qui l’attrapa prestement.
    — Tout de suite !
    Roheisia sortit sans piper mot. Corbett se carra dans sa chaire et écouta les bruits de la maisonnée : claquement de pieds à l’étage, cris, protestations indignées, bruits de pas dans l’escalier. Roheisia entra en trombe dans la pièce et esquissa une révérence des plus moqueuses.
    — Monseigneur, les dames de la maison sont rassemblées dans le hall. Aimeriez-vous leur offrir vos faveurs ? Vous avez payé pour être présenté. Mais, si vous touchez la marchandise, il faudra payer encore !
    Ranulf s’apprêtait à répondre quand le magistrat leva la main. Roheisia, qui avait à présent étroitement resserré son pelisson, repoussa l’huis.
    — Elles brûlent d’impatience.
    — Leur avez-vous dit qui j’étais ?
    — Un homme du roi. Mais un homme néanmoins.
    Elle sortit avec majesté et emprunta avec les deux clercs un couloir qui ouvrait sur une longue salle sombre et lambrissée au fond de la demeure. Les filles, échevelées, étaient regroupées autour d’une grande table. La plupart avaient jeté un manteau, ou une robe, sur leurs épaules. Une cohorte de visages blêmes aux yeux lourds faisait face aux deux hommes. Une douzaine de femmes, de tailles et d’âges différents – et, soupçonna le magistrat, de pays divers – étaient assises là. Quelques-unes étaient belles. D’autres, qui paraissaient fripées, ne prirent même pas la peine de lever la tête quand Corbett et Ranulf entrèrent. Ils eurent droit à quelques regards audacieux ; l’une d’entre elles fit la moue et envoya un baiser à Ranulf. Corbett perçut son embarras en le voyant tambouriner sur la table du bout des doigts.
    — Mesdames, veuillez m’excuser de vous avoir brutalement réveillées. Je suis le clerc du roi et je dois vous poser certaines questions. Un membre de ce...
    Il s’interrompit.
    — ... de cette communauté, Françoise Sourtillon, a été assassiné dans la forêt d’Ashdown.
    Sourires et gloussements s’évanouirent.
    — L’une d’entre vous sait-elle pourquoi elle s’y est rendue ?
    — À cause de Lord Fitzalan.
    Une grosse femme rousse avait pris la parole.
    — Vous l’a-t-elle annoncé ? demanda Corbett.
    — Si Françoise m’a confié peu de chose, rétorqua la rousse, elle en a encore moins dit à mes compagnes.
    — L’une d’entre vous le

Weitere Kostenlose Bücher