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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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moines combattants. Et, plus important, ce sont des banquiers qui possèdent des maisons dans toute la chrétienté. Leurs richesses, seulement en France, dépassent le total de toutes les recettes du Trésor royal. Or, il y a quelques mois, le bruit a couru que Philippe en personne, désormais veuf, avait sollicité son entrée dans l’ordre des Templiers.
    Corbett vit le regard étonné du jeune homme.
    — Ne vois-tu pas ce qu’il essaie de faire ? Philippe devient Templier, moine combattant, voué à la chasteté. Cela rappelle son ancêtre, saint Louis. Comme la chrétienté s’émerveillerait devant Philippe Capet, roi, combattant et moine ! Mais ce ne serait que le début. Si les Templiers recevaient Philippe, je parierais une pièce d’or qu’en moins de deux ans il serait devenu grand maître de l’ordre.
    Corbett reprit place sur le lit.
    — Tu imagines, Ranulf ? Il serait non seulement roi de France, mais chef d’un ordre qui embrasse toute la chrétienté, des étendues glacées de Norvège aux oasis de l’Afrique du Nord. D’Espagne à travers la Méditerranée jusqu’en Grèce et en Syrie. Il aurait accès à leur trésor, leur pouvoir et leurs connaissances. Le roi avait tout à gagner et rien à perdre en supprimant une épouse qui avait rempli son rôle et servi ses projets.
    — Et cet assassinat était le secret connu de Lord Henry ?
    — Oui, Ranulf. Pancius Cantrone était autrefois l’associé de Malvoisin, le mire royal. Ce dernier est mort dans un accident en bateau. On l’a sans doute tué pour le faire taire. Cantrone a fui. Lord Henry lui a offert sa protection, Cantrone lui a confié son secret et notre rusé seigneur a laissé entendre à Philippe de France qu’il savait tout.
    — En d’autres termes, Lord Henry faisait pression sur le roi ?
    — Oui, en effet : quelques cadeaux, de petits bijoux, puis en fin de compte, Lord Henry a demandé un véritable paiement.
    — Et c’est pour cela que Philippe de France a insisté pour que ce soit lui qui conduise l’ambassade anglaise en France ?
    — Bien entendu. Lord Henry s’y serait rendu pour les négociations de mariage. Et il aurait reçu une prodigieuse récompense en échange de son secret.
    — Et le malheureux Pancius Cantrone ?
    — On devait le droguer, l’embarquer de force et le livrer aux officiers français. Notre roi ne pouvait élever d’objections. Cantrone n’était point un de ses sujets. Lord Henry avait une histoire toute prête pour justifier ses actes. Amaury de Craon a été envoyé en Angleterre pour préparer les négociations de mariage, certes, mais aussi pour ramener Lord Henry et s’assurer qu’il tiendrait parole.
    — Et quel genre de récompense voulait Lord Henry ?
    — Je ne sais, répondit le magistrat. Sans doute de l’or. En tout cas, il serait devenu l’un des hommes les plus riches du royaume. Philippe aurait fait taire Cantrone et le meurtre de son épouse serait resté caché, ce qui lui aurait permis de poursuivre ses maléfiques desseins.
    Ranulf approcha son tabouret.
    — Mais c’est dangereux, Messire !
    — Oui, je comprends ce que tu veux dire, réfléchit Corbett. Mais restons-en au point principal de notre discussion. Je crois que Lord Henry savait que Sir William avait aidé Gaveston et que c’est pour cela qu’ils s’étaient querellés. Lord Henry ne voulait pas qu’il se passe quoi que ce soit qui puisse empêcher son voyage en France avec Craon. Voyons donc la question que tu as soulevée, Ranulf.
    Il tapota le livre d’heures.
    — Ce n’est qu’une histoire, une rumeur, une allégation calomnieuse. Philippe pourrait la considérer comme sans fondement. De plus, Lord Henry a dû se rendre compte que se jeter dans la toile d’araignée était extrêmement périlleux. Ce qui veut dire quoi, Ranulf ? Comment se serait-il protégé en France ?

 
    CHAPITRE XIV
    Corbett se tenait devant la demeure à un étage sise dans l’étroite ruelle pavée qui partait de la place du marché à Rye. Elle était bordée, de chaque côté, de maisons de pierre à colombages aux fenêtres garnies de verre qui brillait au soleil. Les charpentes étaient peintes d’un noir luisant ou d’un brun roux et le plâtre chaulé en blanc ou en rose. Au milieu de la rue, l’égout était propre et rempli de salpêtre. Le magistrat fronça le nez, l’odeur âcre fit éternuer Baldock, qui tenait les chevaux à l’autre bout de la rue, et Ranulf se

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