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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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épaules, les dévisagea de ses yeux lourds.
    — La Dulcis Domus, déclara-t-elle, est fermée jusqu’au crépuscule.
    — Oh, c’est comme ça qu’elle s’appelle ? ironisa Corbett en poussant l’huis. La Maison des Douceurs ! Vous êtes sans doute Roheisia Blancard ?
    — Si vous êtes des hommes du shérif, répondit-elle en jetant un coup d’oeil au petit officier qui se tenait derrière Corbett, sachez que nous avons payé notre dû, comme les membres de la corporation qui nous rendent visite peuvent en attester !
    Le magistrat scruta le couloir tout en s’ébaudissant en silence de son opulence confortable. Chandelles de cire vierge, pots d’herbes aromatiques et alléchantes odeurs de cuisine parfumaient l’air. Le sol dallé était couvert de tapis de laine et les lambris brillaient comme du bronze.
    — Roheisia Blancard ? répéta-t-il doucement.
    — Oui. Et vous ?
    — Je suis Sir Hugh Corbett, le clerc du roi. Voici Ranulf. Et je pense que vous connaissez le gentilhomme qui nous accompagne, dit le magistrat en donnant une petite tape sur l’épaule de ce dernier. À présent, vous pouvez nous laisser.
    Ranulf poussa presque de force l’officier qui regimbait dans la rue. Il referma la porte et la verrouilla.
    — Bon, Madame, annonça Corbett en s’avançant, je suis mandaté par le roi. J’exige que vous me disiez la vérité. Sinon j’en appellerai au château d’Arundel, vous ferai toutes monter dans des charrettes et conduire à Londres pour être interrogées.
    — Inutile de me menacer.
    — Je ne menace personne, Madame. Je fais une promesse. Françoise est morte, assassinée dans la forêt d’Ashdown.
    — Je vois, je vois, rétorqua Roheisia. Vous feriez mieux de m’accompagner.
    Elle les guida dans le couloir vers une petite pièce bien meublée. Dans l’âtre on avait déjà allumé le feu. Des tableaux aux couleurs criardes décoraient les murs ; de mauvaise facture, ils avaient pourtant la prétention de dépeindre des scènes de l’Ancien Testament et de l’Antiquité. Le motif était le même pour tous : d’accortes jouvencelles à divers stades du déshabillage. Roheisia poussa deux chaires devant la cheminée et s’assit, pour sa part, sur un banc accoté au mur.
    — Désirez-vous boire ou manger quelque chose ? murmura-t-elle en écartant ses cheveux gris de son visage.
    — Non, Madame, nous ne voulons que la vérité et le plus vite possible.
    — Françoise venait d’Abbeville, commença-t-elle en refoulant ses larmes et en levant la tête. Elle avait été la maîtresse d’un noble qui l’avait congédiée. Elle avait donc dérobé une bonne partie de ses biens et s’était enfuie à Rye.
    Elle haussa les épaules.
    — Qui se ressemble s’assemble. Je l’ai rencontrée et nous avons décidé de mettre nos ressources en commun. Nous avons acheté cette maison et avons veillé à ce qu’elle soit toujours bien fournie en fraîches ribaudes rebondies.
    — Pourquoi Françoise est-elle partie ?
    — Je l’ignore.
    Elle perçut l’air de mise en garde du magistrat.
    — C’est vrai, Messire : je l’ignore ! Voilà un mois, elle a pris un cheval aux écuries, a rempli quelques sacoches et a dit qu’elle serait absente deux ou trois jours, mais que quand elle reviendrait elle serait riche. Emmenez-moi à Londres, brûlez-moi et mettez mon corps en pièces si vous voulez, mais je ne sais rien d’autre.
    Elle s’appuya contre les lambris et regarda le plafond.
    — Comment est-elle morte ?
    — Une flèche dans la gorge. On l’a dévêtue et enterrée dans une tombe superficielle. Nous pensons qu’elle s’était déguisée en homme.
    Roheisia eut un profond rire de gorge.
    — C’est ainsi qu’elle s’habillait toujours pour voyager.
    Elle eut un regard circonspect.
    — Françoise, comment dire, n’aimait pas les hommes, bien qu’elle se plût à en jouer le rôle. Elle était capable de fanfaronner et de jurer avec les meilleurs. Si elle se trouvait à Ashdown, c’est sans doute qu’elle voulait voir Lord Henry Fitzalan.
    — Savez-vous que lui aussi est mort ? Abattu d’une flèche ?
    Roheisia eut l’air stupéfaite.
    — Non, non, je l’ignorais.
    — Ce sera de notoriété publique sous peu. Mais qu’est-ce qui vous fait penser qu’elle désirait rencontrer Lord Henry ?
    — Parce qu’il venait toujours céans et que c’est la seule personne que Françoise connaissait à Ashdown.
    — Il

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