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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mike Dash
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de son homologue,
située à proximité du rivage, on a découvert un amoncellement de blocs de
corail qui se dresse à mi-chemin des deux constructions, et au sommet duquel on
aperçoit parfaitement les deux abris. On peut donc supposer que ce cairn a été constitué pour permettre aux habitants des abris de communiquer à l'aide
de signaux convenus. Quoi qu'il en fût et quoi qu'on puisse penser de la hutte
de l'intérieur de l'île, nous savons à présent ce qu'il en est, quant à
l'origine de celle du littoral. Il semble que cet amas de plaques de corail
grossièrement entassées soit bien le plus ancien vestige de la présence
européenne en Australie.
    Aux Pays-Bas, la découverte du Batavia provoqua un
puissant regain d'intérêt pour Yindiaman mythique. Parmi tous ceux pour
qui le navire fut source d'inspiration, citons Willem Vos, un maître
charpentier de marine spécialisé dans la construction des coques en bois. Dans
les années 1970, à l'époque où les archéologues du Musée de la marine
d'Australie-Occidentale avaient entrepris de récupérer les vestiges de la poupe
du Batavia, échouée sur le Récif du Matin, Willem Vos imagina de
reconstituer une réplique grandeur nature du retourschip. Le projet
offrait l'avantage de fournir de l'ouvrage à de nombreux jeunes artisans, tout
en contribuant à la sauvegarde d'un savoir-faire traditionnel menacé de
disparition.
    Alors qu'il avait suffi d'à peine plus de six mois pour
construire l'original, Vos mit dix ans à assembler la quille de la réplique.
Les premières années furent employées à réunir les fonds (le second Batavia coûta plus de six millions et demi de dollars... soit plus de cent cinquante
fois le prix de l'original) et à éplucher les archives en quête de plans et de
dessins de l'époque. Cette dernière tâche se révéla au moins aussi épineuse que
la recherche de sponsors pour financer le projet. Il était quasi impossible de
reconstituer les méthodes de construction de la VOC. Au XVII e siècle, les charpentiers de marine concevaient les navires de mémoire et de
façon toute pragmatique, sans s'aider de plans ou de documents écrits - et les
architectes des indiaman ne faisaient pas exception à la règle. En
général, les retoursche-pen étaient tous bâtis conformément à certains
standards de dimensions établis par les Dix-sept, mais chaque bâtiment
possédait ses propres caractéristiques et différait de tous les autres en une
multitude de petits détails.
    Vos parvint tout de même à acquérir des copies de traités
de construction navale hollandais, établis en 1671 et 1697, qui, éclairés par
des schémas plus anciens, lui fournirent la base d'information nécessaire pour
planifier la construction avec un minimum de fidélité. La quille du nouveau Batavia fut assemblée en octobre 1985, dans un chantier spécialement
construit à cet effet, situé à Lelystad, sur un terrain conquis sur le Zuyder
Zee. Et la construction commença, d'abord avec quelques hésitations - puis les
charpentiers prirent de l'assurance et redécouvrirent de nombreuses techniques,
tombées dans l'oubli, qui permirent d'élucider considérablement les méthodes de
travail de Jan Rijksen, l'architecte du premier Batavia. En retour, Vos
et son équipe purent conseiller utilement les archéologues qui s'étaient
attelés à la reconstruction de la poupe à partir des fragments repêchés sur les
récifs. « L'archéologie expérimentale de reconstruction », comme on l'avait
baptisée, sut mettre à profit la mine de renseignements que constituait le
chantier de la réplique grandeur nature.
    Le second Batavia fut lancé en avril 1995. Il a
déjà attiré à ce jour plus de quatre millions de visiteurs. Il est parfaitement
navigable et il ne lui manque plus qu'un équipage, une cargaison et quelques
pièces d'équipements pour constituer une réplique parfaite, aussi encombrée et
aussi grouillante d'activité que son modèle 36 .
    Il suffit d'y passer quelque temps pour s'imprégner de ce
que pouvait être la vie à bord d'un indiaman. L'exiguïté des lieux, la
pénombre régnant dans les entreponts, la puanteur des latrines, l'absence
d'éclairage et, en hiver, de tout système de chauffage, les conditions de vie
infra-humaines que devaient supporter les habitants de l'entrepont aux vaches -
tout cela saute aux yeux du visiteur, et prend un relief particulièrement
frappant. On frémit à la perspective de devoir dormir pendant six

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