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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mike Dash
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objets d'argent
ouvragés pourraient soit tenir lieu de présents, soit être vendus à la cour
impériale ou échangés contre des épices. Les «joujoux» produiraient une
impression durable et attesteraient la puissance et la richesse de la VOC. Ils
vaudraient aux Hollandais un regain de faveur et de nouveaux privilèges
commerciaux.
    Éblouis par la somme des connaissances que Pelsaert avait
amassées aux Indes, les dix-sept directeurs acceptèrent de passer commande
d'objets d'argenterie correspondant aux indications du subrécargue 56 ,
ce qui représentait un risque financier considérable, le coût total des «
joujoux » s'élevant à près de soixante mille florins. Mais l'enthousiasme de la
VOC était tel que Pelsaert reçut cette fois, outre un nouveau contrat nettement
plus attractif, l'ordre d'accompagner ses joujoux aux Indes.
    A la fin de l'été, il était donc rentré en grâce. Il
retournerait à Surat, avec ses objets d'orfèvrerie, en passant par le Sud-Est
asiatique 57 . La flotte la plus importante devait partir en octobre
1628, sous le commandement de Jacques Specx 58 , membre du conseil des
Indes. C'était l'un des marchands les plus éminents et les plus expérimentés de
la VOC. La flotte serait constituée de plusieurs retourschepen de fort
tonnage, dont le Batavia, un magnifique bâtiment flambant neuf.
    Il n'était pas sorti des cales des Peperwerf qu'il avait
déjà un capitaine. Le travail d'Ariaen Jacobsz, qui avait mené le Dordrecht à bon port, avait finalement fait bonne impression sur les dix-sept directeurs
de la Jan Compagnie et ils l'avaient choisi pour diriger le Batavia lors
de son premier voyage. Ils avaient aussi désigné un intendant adjoint, en la
personne de Jeronimus Cornelisz - un débutant qui ne demandait qu'à faire ses
preuves. Ne lui manquait donc plus qu'un subrécargue capable et expérimenté. La
Compagnie tenait le candidat idéal.
    Juste avant que le Batavia ne prenne la mer,
Francisco Pelsaert s'en vit confier la direction.
    3. La Taverne de l'Océan
    « De temps à autre, nous voyons passer par ici des
personnes professant d'étranges opinions. »
    Jacques Specx.
    Une grande flotte se rassemblait aux alentours de l'île de
Texel. Près d'une douzaine de gros indiaman avaient jeté l'ancre dans
les Moscovian Roads, et les alentours grouillaient de canots
transportant des marins, ou de barges chargées de ballast pour les cales. Le Batavia était entouré de plusieurs autres bâtiments de sa catégorie, dont
le Dordrecht\ le 's Graven-hage \ le Nieuw Hoorn, et le Hollandia. Un groupe de navires de taille plus modeste, des fluyts et des jachts, étaient mouillés à proximité immédiate du rivage. Toute
la flotte s'activait autour des préparatifs d'un long voyage vers l'Orient.
    Octobre touchait à sa fin. L'automne était la saison la
plus chargée 2 , pour la VOC. Les conditions météorologiques favorables
accéléraient le passage de l'Atlantique, pour les navires qui partaient avant
la Noël. Le recrutement était facilité par l'afflux des marins hollandais
saisonniers qui se mettaient en
    * Soit « La haie des comtes », l'ancien nom hollandais de
La Haye.
    quête d'un travail après l'été, et les bâtiments
arrivaient aux Indes à point nommé, pour charger les épices fraîchement
récoltées. Avant de prendre le large, chaque navire devait embarquer non
seulement son équipage et sa cargaison, mais toutes les provisions nécessaires
pour passer un an en mer. Dans les quarante-neuf mètres de sa coque, le Batavia devait donc loger trois cent quarante passagers avec leurs effets
personnels, et des tonnes d'équipement et de fournitures destinés aux garnisons
d'Asie.
    Les barges apportèrent plusieurs milliers de barils de
vivres et d'eau, puis des centaines de coffres appartenant aux marins. Le bois
destiné aux fourneaux de la coquerie était entreposé dans les cales, ainsi que
les munitions pour les canons. Le pont disparaissait sous les cordages et les
rouleaux de câbles. Le long du plat-bord s'affairaient des bataillons de
matelots dépenaillés, que Jan Evertsz, le maître de manœuvre, assisté de ses
seconds, dirigeait à grand renfort de jurons et de coups de corde à nœuds. Puis
, venaient les soldats - une poignée de cadets et d'officiers non
commissionnés, à la tête d'une centaine d'hommes faméliques qui s'apprêtaient à
servir cinq ans dans une garnison des Indes, ou à combattre les Javanais.
Enfin, les opérations de

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