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L'armée perdue

L'armée perdue

Titel: L'armée perdue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l’intermédiaire d’un prêtre qui examinait les viscères de la victime pour y lire inexorablement un auspice négatif. Certains insinuèrent que le devin favorisait le projet de fonder une colonie sur place et tentait d’immobiliser l’armée afin de parvenir à ses fins. Indigné, Xéno pria les soldats de choisir un devin de leur choix qui assisterait à l’examen des entrailles. Et comme le verdict était toujours négatif, on commença à manquer de vivres.
    Néon, qui entendait montrer qu’il avait autant de valeur que Sophos dont il avait été le lieutenant, emmena ses hommes piller des villages dans l’arrière-pays, sans en parler aux autres officiers.
    Ce fut un désastre. Il fut attaqué par les troupes du gouverneur perse de la région alors que ses guerriers se dispersaient dans ces villages, et subit de lourdes pertes. Des soldats débandés retournèrent au campement principal rapporter la nouvelle, et Xéno vola au secours des rescapés. Ils revinrent ensemble à la tombée de la nuit, découragés et abattus. Il leur semblait que leur destin était scellé : ils continueraient de perdre des hommes jusqu’à l’anéantissement.
    Le dîner n’était pas encore prêt quand les troupes ennemies lancèrent une nouvelle attaque, obligeant les nôtres à réagir immédiatement, ce qui entraîna des pertes supplémentaires. Les généraux disposèrent une double rangée de sentinelles autour du campement pour la nuit.
    Xéno était bouleversé.
    « C’est la fin, n’est-ce pas ? » l’interrogeai-je.
    Il garda le silence.
    « Qui nous a attaqués ?
    — Des troupes du gouverneur perse.
    — Nous n’avons pas d’issue. Inutile de me dire quoi que ce soit. J’ai compris. Plus nous nous rapprochons de ta terre, plus l’étau se resserre. Perses et Spartiates nourrissent le même dessein pour des motifs différents : nous anéantir. »
    Xéno ne tenta même pas de nier. « Voilà pourquoi je voulais les tenir à distance. En fondant une colonie, j’aurais sauvé nos hommes. Mais ils désirent rentrer chez eux.
    — Et, ce faisant, ils se jettent dans la gueule du loup.
    — Je n’ai pas encore dit mon dernier mot.
    — Y aurait-il un espoir ?
    — J’ai confiance en les dieux et en les lances de mes soldats.
    — Les dieux ? Leurs verdicts nous ont cloués dans cet endroit jusqu’à ce que nous manquions de vivres, ce qui a entraîné cette catastrophe. Combien d’hommes Néon a-t-il perdus ?
    — Si nous avions avancé en dépit des verdicts, c’eût été pire. Jusqu’à présent, les dieux nous ont toujours assistés. Personne n’aurait jamais parié que nous atteindrions ces lieux. À deux pas de chez nous.
    — Mais tu ne veux pas rentrer chez toi. Tu veux fonder une colonie ici.
    — C’est faux. Quoi qu’il en soit, tu n’as pas le droit de t’immiscer dans mes projets.
    — Fort bien. J’espère que tes dieux t’aideront. »
    Je prononçai ces mots d’un ton de défiance que je regrettai aussitôt : les dieux ne m’avaient-ils pas sauvée alors que j’étais seule et perdue dans la tourmente de neige ? J’aurais dû être la première à croire en eux. Mais l’incessante succession de morts et de blessés me bouleversait. Je craignais que nous nous perdions dans une impasse. Les pertes affaiblissaient l’armée de jour en jour ; elle arriverait, épuisée et démoralisée, à l’épreuve la plus difficile : celle qui consistait à vaincre ou mourir.
    Et pourtant Xéno se souciait de ses hommes, non seulement des vivants, mais aussi des morts. Le lendemain, il organisa une autre expédition pour enterrer les corps des défunts.
    Cette fois, il emmena les jeunes guerriers afin qu’ils pussent réagir à une éventuelle attaque par une riposte décisive. Ce fut pour eux une tâche amère : le sentier qu’ils parcouraient était jonché de cadavres, et ils mesurèrent, à l’approche des villages de l’arrière-pays, l’étendue du massacre. Les morts se comptant par centaines, il fallut creuser une fosse commune.
    Le pire devait encore arriver. Les troupes du gouverneur, qui n’avaient cessé de les surveiller, surgirent soudain, rangés en ordre de bataille, sur une crête escarpée, leur barrant la route du retour. Ils durent les affronter malgré leur position désavantageuse et leur infériorité numérique. Timasion de Dardanos guidait les cavaliers, et Xéno prit la tête de toutes les forces disponibles.
    Je n’étais pas

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