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L'armée perdue

L'armée perdue

Titel: L'armée perdue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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officiers.
    « Nous sommes à peine deux mille, dit-il. Les nôtres étaient quatre mille, et vous voyez ce qu’il en reste. Je ne crois pas que nous parviendrons à rompre l’encerclement si nous attaquons demain, bien que nous disposions d’une petite unité de cavalerie.
    — Je partage tes craintes, confirma Timasion. Que proposes-tu ? »
    Xéno réfléchit un moment puis déclara : « Écoutez, il faut que nous donnions l’impression d’être dix, vingt fois plus nombreux que nous le sommes. Ces Barbares devront croire que les Arcadiens et les Achéens qu’ils ont encerclés ne sont qu’une avant-garde, et que nous constituons, nous, le gros de l’armée. Ah ! si seulement le général Cheirisophos était parmi nous !
    — Hélas ! il n’est pas là. Nous devons nous débrouiller tout seuls. Que comptes-tu faire ?
    — Mon plan est risqué, je le sais, mais nous n’avons pas le choix : nous nous diviserons en petits groupes. Chaque groupe incendiera tout ce qu’il trouvera, cabanes, refuges des bergers, foin, balles de paille, fermes isolées, enclos, greniers, étables, etc. Ne touchez ni aux bois, ni aux buissons ni aux chaumes : il ne faut pas qu’ils imaginent avoir à faire à un incendie fortuit, mais à des représailles militaires.
    — Tu as raison, approuva Timasion. Qu’ils meurent de peur et croient que nous mettons tout le pays à feu et à sang !
    — Exactement. Le feu nous permettra de localiser chacun de nos groupes. Veillez à laisser l’incendie derrière vous et à ne pas vous faire prendre au piège des flammes, car le vent peut changer de direction à chaque instant. Et maintenant, mettons-nous à la besogne. »
    Les hommes se divisèrent aussitôt par groupes de cinquante, puisèrent des tisons dans les braseros que nous transportions et, s’éparpillant dans la campagne, mirent le feu à tout ce qui était susceptible de brûler. En peu de temps, les flammes s’élevèrent et se répandirent sur tout le territoire, jusqu’à ce que la campagne entière fût constellée d’incendies. Ainsi que Xéno l’avait ordonné, ces feux convergeaient autour de la colline de telle façon que les ennemis puissent imaginer qu’une grande armée venait rompre le siège.
    Quand l’aube se leva, la colline apparut. Il n’y avait plus ni assiégés ni assaillants. On ne voyait que la cendre et les tisons des feux de camp, ainsi qu’un grand nombre de morts, jonchant la pente.
    « Qu’est-il arrivé ? criait Timasion en allant et venant à cheval. Où sont-ils passés ? »
    Xéno examinait lui aussi ces lieux déserts en quête d’une explication. Enfin, un interprète se présenta et rapporta ce que lui avait dit un berger : « Il a vu des soldats descendre de la colline et s’éloigner vers la côte un peu avant l’aube, dès que les feux se sont éteints.
    — Ce sont eux », déclara Xéno. Il appela Timasion et lui ordonna de guider les régiments d’infanterie pendant qu’il irait de l’avant avec la cavalerie afin d’établir un contact avec les Arcadiens et les Achéens.
    Il les rejoignit rapidement, et tous s’embrassèrent dans des cris de joie, comme s’ils sortaient d’un cauchemar.
    « Vous vous êtes rendu compte que nous séparer a été une légèreté que nombre de vos compagnons ont payé de leur vie, dit Xéno. J’espère qu’il s’est agi justement de ceux qui ont eu cette idée. »
    Xanthi d’Achaïe avança, sale et à bout de forces. « Tu as raison, c’était une folie, je ne comprends pas ce qui nous a pris… »
    Agasias de Stymphale se précipita vers Xéno et l’étreignit. « Vous nous avez sauvés de l’anéantissement. Nous n’aurions pas pu résister longtemps sur cette colline.
    — Mais que s’est-il passé cette nuit ?
    — En voyant les feux, nous avons compris que vous les aviez allumés, tout comme nos ennemis qui ont pris la fuite. Mais comme nous ne vous distinguions pas et que nous craignions que les indigènes rebroussent chemin, nous avons décidé de nous éloigner le plus vite possible. Nous voici.
    — Bien, cela suffit. Restons unis désormais. Attendons Timasion de Dardanos et l’infanterie lourde. Nous nous dirigerons ensuite vers la côte. Plus personne ne nous gênera. »
    Nous installâmes le campement sur la plage de Calpé, un endroit magnifique, une péninsule qui s’étendait dans la mer et offrait un magnifique port naturel. Je retrouvai Mélissa avec une joie immense.

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