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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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clairsemés et aux yeux enfouis dans les plis de graisse de son visage luisant ; un jeune clerc aux cheveux bruns coupés incongrûment ras sous la calotte à glands et dont le surcot de futaine sans manches s’arrêtait aux genoux et laissait entrevoir un justaucorps en soie rembourrée et aux manches à crevés.
    « Un clerc, songea Corbett, et un godelureau ! »
    Pourtant ce garçon au visage enfantin et aux yeux rieurs lui plaisait assez. A ses côtés, le troisième individu était d’allure sévère. Ses cheveux gris acier encadraient un long visage pâle, marqué d’une profonde fossette au menton. Sa tunique bleue et ouatinée, qui cachait presque ses jambes grêles, s’ornait au cou et aux poignets de laine teintée en noir. Branwood leur fit signe d’approcher.
    — Sir Hugh, voici trois membres de ma maison : frère Thomas, Roteboeuf, mon secrétaire, et Maigret, le médecin.
    On se serra la main et Corbett, à son tour, présenta ses serviteurs en jetant un regard noir à Ranulf qui venait de lancer un clin d’oeil à Maltote : Ranulf faisait déjà des gorges chaudes du nom du secrétaire qui signifiait « boeuf rôti » en français normand. L’échange de sourires narquois n’échappa pas, non plus, à l’esprit vif du secrétaire.
    — Mon nom, souligna-t-il avec une gaieté bruyante, indique mes origines, pas la qualité des repas fournis au château !
    Tous rirent discrètement, à part Maigret et Naylor, qui restait morose. Mais soudain, Branwood leva les mains et décréta à voix haute :
    — Messires, nous avons des problèmes, certes, mais je vous jure que le cuisinier devra changer ses façons de faire – sous peine d’être renvoyé !
    — Qui sait ! plaisanta Roteboeuf. Sir Eustace – que Dieu ait son âme – a peut-être été empoisonné par ce gâte-sauce !
    — Il n’aurait pas succombé si rapidement, se récria Maigret en se grattant le bout du nez, une lueur d’agacement dans le regard. Sir Eustace a été assassiné et vous-même, Sir Peter, l’avez échappé belle.
    Corbett lut l’irritation sur le visage renfrogné de Branwood.
    — Que veut dire le mire, Sir Peter ?
    — Le soir de la mort de Sir Eustace, nous avons soupé dans la grand-salle. J’ai quitté la pièce après lui. J’y suis revenu plus tard pour finir mon clairet. J’en ai bu un peu, mais le goût en était amer, alors je l’ai jeté. Je suis monté me coucher, mais me suis mis à vomir et à avoir des nausées. J’ai passé la nuit aux latrines, victime d’un flux de ventre.
    Il s’éclaircit la gorge :
    — Je me sentais affaibli le lendemain. Je pensais que c’était dû à la nourriture avariée jusqu’à ce qu’on découvre le cadavre de Sir Eustace. Je suis allé, alors, consulter le mire.
    — On avait tenté de l’empoisonner, déclara triomphalement le médecin comme s’il défiait quiconque de le contredire.
    — Comment ? demanda Corbett.
    — Je ne sais pas, mais si Sir Peter avait bu tout son clairet, il serait sûrement mort à l’heure qu’il est. Je lui ai conseillé de jeûner pendant vingt-quatre heures et de boire autant d’eau de puits que possible.
    Corbett parcourut le groupe du regard :
    — Vous disiez qu’on nous attendait ?
    — Ah oui ! Les deux soldats et Lecroix sont dans la salle des gardes.
    — Les hommes qui surveillaient la chambre de Sir Eustace ?
    — Oui.
    — Alors ne les faisons pas attendre plus longtemps ! Et j’aimerais que tous, vous assistiez à cet interrogatoire.
    Ils rentrèrent au château et gagnèrent la salle des gardes qui ne faisait pas exception au délabrement général. La saleté régnait dans cette pièce dallée, dont les étroites fenêtres étaient protégées par des volets de bois, certaines ayant des panneaux de corne {10} . La charpente abritait d’immenses toiles d’araignée tandis que des écus poussiéreux arborant les armoiries défraîchies d’anciens shérifs pendaient aux murs chaulés et malpropres. L’âtre de la cheminée écornée regorgeait encore des cendres du dernier hiver. Le sol n’était pas recouvert de grands ou de petits tapis, mais d’une épaisse couche de chaux. Les deux bancs accotés aux murs avaient bien des coussins, mais ceux-ci tombaient en lambeaux et leurs couleurs s’étaient fanées. Le mobilier ne consistait en tout et pour tout qu’en deux tables sur tréteaux malpropres, installées sur l’estrade, et en un certain nombre de bancs et de

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