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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bandit de grand chemin doit bien se douter qu’il s’attirera ainsi les foudres du roi !
    Corbett approuva son serviteur. Il avait raison. Ce brigand et sa bande pouvaient écumer la forêt et se livrer au pillage comme bon leur semblait. D’autres hors-la-loi agissaient de même dans tout le royaume. Alors pourquoi se faire remarquer ?
    — Sir Peter, la question de mon valet est fort pertinente.
    L’assistant shérif eut un geste d’impuissance.
    — Sir Eustace a fait proclamer que ce Robin de Locksley, dit Robin des Bois, pouvait être abattu à vue. Il l’a également traité de couard, de coquin et de traître. Le bandit a répliqué en exigeant que Sir Eustace fasse des excuses publiques sous peine de représailles. Sir Eustace a refusé et...
    Il laissa sa phrase en suspens.
    — Mais pourquoi le poison ? insista Corbett. Pourquoi ne pas tuer Sir Eustace en pleine rue, lors d’un de ses déplacements dans la cité ?
    — Messire, vous avez été soldat ?
    — Oui.
    — Vous avez vu des hommes perdre courage ? Eh bien, c’est ce qui est arrivé à Sir Eustace. Il répugnait à s’aventurer hors du château et l’idée qu’il y avait un traître ici même, dans la forteresse, faisant peut-être partie de sa maison, le taraudait constamment. Il changea. Il devint nerveux et agité, commença à trop boire et à moins prendre soin de lui-même.
    Corbett parcourut la salle du regard.
    « Trop d’oreilles indiscrètes ! » pensa-t-il.
    Il se pencha pour chuchoter quelques mots à Branwood. L’assistant shérif lorgna vers les gardes et Lecroix :
    — Vous pouvez disposer !
    Les soldats se dépêchèrent de quitter la grand-salle, mais Lecroix ne se pressa pas. Tirant sur sa moustache tombante, il se dirigea vers la porte d’un pas lent et se retourna soudain.
    — Mon maître aimait bien que tout soit en ordre, affirma-t-il comme s’il réfutait l’opinion de Ranulf et de Branwood.
    — Que veux-tu dire ?
    — Rien, simplement qu’il aimait que tout soit en ordre, surtout dans sa chambre.
    Et il sortit, traînant les pieds.
    Corbett attendit que la porte se refermât, avant de s’adresser à Roteboeuf.
    — Vous êtes le clerc du château, mais également le secrétaire de Vechey, n’est-ce pas ?
    Le jeune homme opina, la mine joviale.
    — Sir Eustace vous avait-il confié quelque chose ? Même quelque chose d’anodin ?
    — Non, il n’était pas très bavard, il passait son temps à jeter des regards noirs à la ronde, l’air furieux.
    — J’ai tenté de lui parler, intervint le frère Thomas. Mais il m’a dit de me mêler de mes affaires et non des siennes.
    — Et vous, Sir Peter, pour quelle raison Robin des Bois tenterait-il de vous faire passer de vie à trépas ?
    Corbett surprit un éclair de haine implacable dans les yeux de l’assistant shérif.
    — Sir Peter ?
    Ce dernier, gêné, s’absorba dans l’examen de ses doigts écartés.
    — Il y a huit ans, je traversais Barnsleydale. J’espérais et j’espère encore épouser Lady Margaret Percy. Je lui avais acheté de la soie précieuse, très coûteuse. Robin des Bois et ses brigands me tendirent une embuscade et s’emparèrent de mes présents. Puis ils m’attachèrent, nu, à mon cheval et me couvrirent ainsi de ridicule.
    « Vous savez haïr, Sir Peter », songea Corbett, en voyant un muscle tressaillir sur la joue de son interlocuteur qui déglutit péniblement.
    — Lorsque Sir Eustace fit paraître sa proclamation, je lançai publiquement un défi à Robin des Bois. Je le traitai de couard et de maudit pleutre, et l’appelai « bâtard de franc-tenancier ». Je le défiai à un duel à outrance sur la Grand-Place de Nottingham.
    Il grimaça.
    — Vous connaissez sa réponse.
    — Êtes-vous certain, demanda Corbett en changeant abruptement de sujet, que le hors-la-loi ne se rend jamais en personne à Nottingham ?
    — Pourquoi cette question ?
    — Parce que je pense que nous pourrions le capturer par ruse plutôt que par force. Notre souverain tient énormément à son arrestation. Une fois cette menace supprimée, il a l’intention de se mettre en campagne contre William Wallace, le rebelle écossais.
    Corbett regarda Ranulf. Les mots énigmatiques figurant sur le parchemin rapporté de Paris par son serviteur lui traversèrent l’esprit. Il cligna des yeux.
    — Oui, comme je le disais, le roi a besoin que tout danger soit écarté pour acheminer troupes et

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