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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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direction qu’indiquait Branwood de son bras tendu et regarda vers le nord : là-bas, au-delà des rues de Nottingham et des maisons pressées les unes contre les autres, s’étendait à perte de vue l’océan vert de la forêt de Sherwood.
    — Vous comprenez le problème, Sir Hugh ? Comment traquer un homme dans cette immensité ? Les cavaliers ne sont guère d’une grande utilité et la piétaille est morte de peur. Une armée entière pourrait s’y dissimuler et on ne s’en rendrait compte qu’au moment où l’on tomberait dans un guet-apens.
    — Ce brigand a-t-il des chevaux ?
    Branwood eut un sourire mauvais :
    — Ah, c’est son talon d’Achille ! Il préfère se déplacer à pied, car il est piètre cavalier. Bien sûr, la cavalerie ne sert à rien dans les fourrés !
    Il leur fit voir ensuite les trois niveaux du grand donjon : ils longèrent des couloirs mal balayés, franchirent des portes surmontées de frises à la décoration en zigzag {15} et arrivèrent enfin dans les cours envahies de poussière. Dans la haute-cour, on lavait à grande eau l’estrade rudimentaire et on fourrait sans ménagement les corps décapités dans des coffres à flèches, dont on clouait les couvercles en vue de l’enterrement dans l’un des cimetières de la ville. Une femme aux cheveux gris chantait une mélopée funèbre près d’une des bières pendant que les soldats, qui en avaient vu d’autres, plaçaient les têtes sur des pieux, comme des citrouilles, pour les exposer sur la muraille.
    Des enfants dépenaillés jouaient dans la poussière, indifférents aux scènes horribles qui les entouraient. Des maréchaux-ferrants ne ménageaient pas leur peine : le feu ronflait vigoureusement dans les forges au milieu du bruit assourdissant des marteaux sur l’enclume. Des poules picoraient les grains de blé qu’elles disputaient à des porcs maigres et sales. Un groupe de servantes lavait des vêtements dans des baquets d’eau grasse tandis qu’une fillette, une baguette à la main, s’efforçait de se faire obéir par un troupeau d’oies qu’effrayaient les grondements d’un mastiff. Dans la basse-cour, des soldats participaient à un exercice, mais le coeur n’y était pas. En voyant apparaître Naylor, cependant, ils mirent plus d’ardeur à courir la quintaine et à frapper les mannequins fixés à des poteaux.
    Le château, place forte entourée de remparts, avait pour centre le donjon. Les hommes de la garnison et leurs familles habitaient des bâtiments accotés à l’enceinte. On n’y manquait de rien : Corbett remarqua des poulaillers, un grand pigeonnier à la lisière d’un modeste verger et une petite garenne aux terriers recouverts de filets – le garennier ayant besoin de viande fraîche. Malgré l’air déterminé et affairé des soldats, Corbett eut l’impression que la garnison était en état de siège et ne voulait pas se risquer hors des murs.
    — De combien d’hommes disposez-vous ?
    Branwood s’arrêta et contempla le ciel d’or rougeoyant.
    — De toute une troupe : un chevalier, cinq sergents dont le chef est Naylor, vingt hallebardiers, trente piétons et à peu près autant d’archers.
    Corbett scruta les remparts sur lesquels l’étendard en tissu sarrasinois de Branwood – trois tours d’or – claquait orgueilleusement dans la brise du soir.
    — Croyez-vous qu’il soit bien avisé d’aller en reconnaissance dans la forêt demain ?
    — Je vous l’ai déjà dit, répliqua Branwood, agacé, je n’ai pas le choix : il me faut adopter une attitude de défi envers ce hors-la-loi. Mais venez, je vais vous montrer le cellier.
    Ils revinrent dans le donjon, franchirent une porte renforcée de ferrures et pénétrèrent dans les vastes caves sombres qui s’étendaient dans les soubassements. D’une hauteur bien supérieure à la taille d’un homme, elles abritaient maints recoins et renfoncements. Deux chats galeux chassaient dans la pénombre. À la suite de Branwood, Corbett et ses compagnons passèrent près de barriques de vin, de tonneaux de bière cerclés de fer, de sacs de grain et d’autres provisions.
    — Vous avez mentionné des passages secrets ? rappela Corbett.
    Branwood, qui s’était emparé d’une torche murale, leur fit signe d’approcher d’un renfoncement : là, il déplaça un sac de grain et leur montra une trappe.
    — Comme je vous l’ai expliqué, le château est bâti sur un à-pic rocheux truffé de

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