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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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que des cuissardes afin d’examiner un silo à maïs
aux environs de Pawnee City. Assis sur sa jument, Charley fumait une cigarette.
Le froid du Nebraska lui sciait les pieds au niveau des chevilles et le vent
lui piquait les joues comme des chardons, mais Jesse était aux anges. Il s’assit
dans une congère comme dans un fauteuil et lança :
    « Je pourrais acheter, mettons, une douzaine
de têtes de bétail de dix-huit mois et les élever jusqu’à ce que les génisses
en aient vingt ou alors tous les engraisser jusqu’à ce qu’ils aient deux ou
trois ans. Je ferai paître les veaux dès qu’ils auraient appris à mâcher. Il y
a moyen de les sevrer avec du lait écrémé. Je nourrirais les plus petiots au
maïs et à l’avoine et les vaches taries avec du foin – pas de céréales. Et j’aimerais
bien voir ce que donnent la betterave et le panais en période de froid. Les
scientifiques allemands ne jurent que par ça. »
    Charley laissa sa jument jardiner les tiges d’herbe
marron qui pointaient hors de la neige.
    « Bizarrement, je ne t’ai jamais vu en
propriétaire de ranch épanoui. Il va me falloir un peu de temps pour m’y faire. »
    Jesse attrapa une poignée de neige qu’il se
fourra dans la bouche, puis se leva en époussetant ses moufles, réjoui à cette
perspective. Mais lorsqu’ils visitèrent une autre ferme, l’après-midi suivant, Jesse
était tellement sur ses gardes qu’il portait trois revolvers sous son long manteau
en laine d’officier confédéré et se noua un foulard bleu sur le nez et la
bouche afin de ne pas révéler son visage. Ce fut Charley qui discuta avec le
propriétaire et fit le tour du corps de logis, de la grange, de l’étable et de
l’écurie en sa compagnie, mais l’homme semblait tantôt trop curieux, tantôt
trop perspicace et Jesse regagna son cheval à travers la neige sans prévenir, en
laissant à Charley le soin de prendre congé et de faire des excuses.
    Néanmoins, l’agriculture occupait encore les
pensées de Jesse le 2 mars, lorsqu’il rédigea, de son écriture noueuse, brouillonne
et négligée, la lettre suivante, adressée à un dénommé J. D. Calhoun de
Lincoln, dans le Nebraska :
    Cher monsieur
Calhoun,
    J’ai appris que
vous aviez mis en vente 65 hectares dans le comté de Franklin, Nebraska. Veuillez
me répondre au plus tôt en m’indiquant votre prix plancher (en liquide) et me
faire une description complète du terrain, etc.
    Je souhaite
acquérir une ferme de cette taille, sous réserve que j’en trouve une à ma
convenance. Je n’achèterai que si le sol est de 1 re qualité.
    J’entreprendrai d’ici
8 jours un voyage dans le nord du Kansas et le sud du Nebraska et si la
description de votre terrain me convient, je vous l’achète. D’après l’annonce
parue dans le Lincoln Journal, je me dis que votre terrain pourrait
faire une bonne ferme agricole et d’élevage.
    Veuillez répondre au plus vite.
    Respectueusement
    Tho Howard.
    Puis son engouement
dut s’estomper, car la réponse de Calhoun ne rencontra aucun écho.
    À la même période, Charley et Jesse
effectuèrent une visite à Kansas City, où Jesse alla voir Mattie Collins
pendant que Charley patientait, appuyé à une queue de billard dans un saloon
enfumé de la Douzième Rue.
    Bien plus tard, Mattie confessa une « grande
tendresse » pour Jesse et affirma qu’ils « étaient en communication
constante », ce qui engendra des rumeurs quant à une éventuelle liaison
entre eux, mais il est tout aussi probable que Jesse l’ait uniquement
fréquentée dans l’espoir de glaner des informations et l’ait récompensée des
renseignements qu’elle lui avait fournis par des cadeaux. Des années plus tard
encore, Mattie assura qu’elle n’avait jamais aimé un autre homme que Dick
Liddil, qu’elle était sienne corps et âme et qu’elle n’avait jamais trahi ne
fut-ce qu’un seul de ses secrets, aussi se peut-il que Jesse n’ait pas obtenu
ce qu’il désirait vraiment, ce qui eût expliqué sa maussaderie et son acerbité
à l’égard de Charley lorsqu’il alla le récupérer au saloon ce soir-là.
    Il était de plus en plus irritable et suspicieux,
acariâtre, en proie à des sautes d’humeur qui fondaient sur lui comme des
rapaces. Mais Jesse n’était jamais taciturne ni boudeur bien longtemps et, au
cours de toutes ces semaines de pérégrinations, il dévida à Charley tout un
écheveau d’histoires et d’anecdotes, qui

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