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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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troisième
type. C’est pas pour dire, mais tous les autres sont en prison. »
    Jesse soupira.
    « Tu as l’intention de m’avoir à l’usure,
pas vrai ? »
    Charley sourit.
    « C’est bien ce que j’avais en tête »,
admit-il.
    Et d’enchaîner sur la constance de son frère, sa
camaraderie avec les frères James, ses nombreuses prouesses, ses capacités, sa
fidélité absolue, son courage – et finalement Jesse accepta que Bob se joignît
à eux dès qu’ils auraient arrêté leur choix sur une ville et une institution
satisfaisantes.
    Sur ce, Charley perdit son auditoire. Il jeta
un coup d’œil sur sa gauche et se rendit compte que Jesse avait obliqué et
manœuvrait à travers des bouquets de hickory et de micocouliers, de sorte que
des bandes de sa silhouette se détachaient vivement sur fond de neige, puis
disparaissaient dans l’air gris au milieu des troncs marron sombre et des
branches qui craquaient et gémissaient contre son manteau. Charley avait du mal
à déterminer si c’était lui qui suivait Jesse ou si c’était Jesse qui le
suivait. Tout à coup, il entraperçut Jesse en entier et talonna son cheval pour
le rattraper ; il y parvint au bout de quelque temps, au bord d’une rivière
figée, tel de l’ambre glacé en partie recouverte par la neige.
    Jesse se pencha sur sa selle, croisa les bras
sur le pommeau et contempla les quadruples petites traces allongées qui
jalonnaient la neige. Il adressa un clin d’œil à Charley.
    « J’ai trouvé notre dîner.
    — Des lapins », s’égaya Charley.
    Charley et Jesse
envoyèrent à Bob un mot annonçant qu’ils seraient dans le comté de Ray dans les
prochaines semaines. Martha alla retirer la lettre au bureau de poste et
notifia aussitôt la nouvelle au commissaire Craig à Kansas City, qui, à titre
de précaution contre toute gaffe ou toute vendetta, avait fait déménager Bob
dans une chambre au-dessus de la Cinquième et de Delaware et expédié Dick
Liddil en pension chez le shérif Timberlake à Liberty, dans le Missouri.
    Bob Ford fut par la suite interrogé à de
nombreuses reprises quant aux instructions que Craig lui avait données et sa
version ne varia pas d’un pouce : le commissaire Craig lui avait enjoint
de se rendre chez son frère Elias, qui habitait un petit pavillon à Richmond
pour y attendre l’arrivée de Jesse et Charley, de tenir le shérif Timberlake au
fait de leurs déplacements par l’intermédiaire de William Ford (l’oncle de Bob)
ou d’Elias – qui avait en secret été nommé adjoint, avec pour mission de localiser
Jim Cummins et Frank James ; si Craig n’avait toujours aucune nouvelle de
Bob dix jours après que Martha eut fait état du départ de son frère, les
autorités en déduiraient que les frères Ford avaient été tués et tenteraient d’appréhender
Jesse sans se soucier de leur sécurité.
    Craig avait débité tout cela sur un ton
impassible à mi-chemin de celui d’un professeur et d’un avocat, comme s’il se
fut livré à un calcul simple ou acquitté de quelque démarche banale devenue
routinière. Bob avait acquiescé, tel un freluquet ignorant, exprimant son
assentiment général d’un hochement de tête à la fin de chaque phrase, détournant
les yeux vers la rue au moindre bruit, anticipant la fin de chaque énoncé sans
complètement en apprécier le contenu. Puis il avait quitté Kansas City et passé
deux ou trois semaines avec Elias à Richmond, où il avait travaillé avec un
zèle inaccoutumé en tant que commis à l’épicerie.
    Le shérif Timberlake était un jour venu rôder
au magasin, s’était enquis du prix d’une boîte de poudre dentifrice, puis s’était
glissé dans la réserve et roulé une cigarette qu’il avait fumée pour patienter.
    « Aucun signe de lui, l’avait informé Bob
dès qu’il en avait eu terminé avec ses clients.
    — Tu sais où il habite ?
    — Non. »
    Le shérif soupira et étudia une boîte de cacao
en poudre Baker’s.
    « Je ne sais pas comment il fait, mais il
est toujours au courant de tout. Il saura que tu m’as vu – tu peux le tenir
pour acquis. Et il te réglera ton compte à la première occasion. »
    Bob se gratta le cou et regarda ailleurs.
    « Tu es prêt à prendre ce risque ? »
    Bob opina du chef.
    « Oui. »
    Il fixa Timberlake dans les yeux et ce fut
comme si une ombre était descendue sur son visage ; évanouies, toute
complaisance, toute ingénuité ; ne subsistaient plus

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