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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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et il
ne possédait que cinq mille dollars. Quand il a cassé sa pipe, sa fortune se
montait à près de cinquante millions. Tu as aussi le cas du commodore
Vanderbilt. Il a commencé avec un simple bac qui faisait la liaison entre
Staten Island et New York et à sa mort, il était à la tête de plus de cent
millions de dollars. Regarde Jay Gould. Il ne vaut pas la corde pour le pendre et
il se fout de l’opinion publique comme d’une guigne, mais tu sais quoi ? Il
a quarante-cinq balais et c’est le proprio de la Missouri Pacific. Il doit
peser dans les cinquante millions. Et tu sais quoi d’autre ? Il était
seulement arpenteur quand il avait vingt ans.
    — Tu l’auras rattrapé en un rien de temps,
Bob, ironisa Dick.
    — Ne rigole pas. Je vais bientôt prendre
un sacré départ. »
    Le commissaire Craig
ne regagna la chambre que vers minuit. Dick dormait et Bob se rasait avec le
nécessaire de toilette de son hôte ; il s’était coupé en deux endroits et
saignait. Craig secoua le pied de Dick jusqu’à ce qu’il se réveillât, puis
fronça les sourcils à l’attention de Bob dans le miroir de la coiffeuse.
    « Qu’est-ce que vous regardez ? fit
Bob.
    — Mon Dieu, n’avez-vous donc aucun
respect pour la propriété d’autrui ? »
    Bob se tamponna le visage avec une serviette
et rétorqua sans conviction :
    « C’est moi qui me suis coupé, pas vous. »
    Craig se dirigea vers le couloir.
    « Le gouverneur est dans sa suite »,
déclara-t-il sur un ton péremptoire.
    La moquette du couloir était mauve et le
plafond orné de fleurs de lis blanches. Des lampes à gaz murmuraient sur leur
passage. Dick bâilla bruyamment comme un chien et Bob rechercha quelque sujet
de conversation salutaire. Craig l’ignora. Il était dégrisé et les effets
secondaires de l’alcool le rendaient grognon.
    Le gouverneur les accueillit habillé d’une
robe de chambre de soie rouge fermée telle une enveloppe sur sa chemise blanche
amidonnée et son pantalon de smoking. Il avait des pantoufles en vachette aux
pieds et les joues parfumées d’eau de Cologne.
    Craig effectua de rapides présentations, à l’issue
desquelles Crittenden dédaigna de leur serrer la main – bien que rien ne s’y
opposât – et se carra dans un canapé chippendale, avant d’indiquer à ses
interlocuteurs des fauteuils verts à dossier en confessionnal.
    « Ma femme dort dans la pièce voisine, parlons
le plus bas possible », leur enjoignit-il.
    Un service à thé en or était disposé devant
lui sur la table basse encaustiquée ; des candélabres en or montaient la
garde de part et d’autre du canapé et la fumée des chandelles s’élevait
verticalement. Le gouverneur détailla les deux étrangers avec des yeux marron
qui luisaient et le nez qui brillait.
    « Vous êtes Dick Little.
    — Liddil.
    — Pardon ?
    — Ça se prononce pareil, mais je l’écris
avec deux “d” et un “i”. »
    Le gouverneur prit bonne note de cette
rectification et Craig précisa :
    « Il nous a fait des aveux, mais pour l’instant,
les journaux ne sont pas encore au courant. Vous lui avez promis votre pardon
conditionnel et l’avez amnistié de ses crimes. »
    Crittenden empila deux coussins sous son coude
gauche et se pencha vers Bob comme pour échanger des confidences.
    « Et vous, vous êtes Robert Ford. »
    Bob sourit, mais ne trouva rien à répondre.
    « Quel âge avez-vous, Bob ?
    — Vingt ans.
    — Est-ce que vous aussi, vous vous êtes
rendu au shérif Timberlake ?
    — C’est son frère, Charley, qui fait
partie de la bande des frères James, intervint Craig. On n’a aucun élément à
charge contre Bob. Il opère en qualité de détective privé. Il nous a aidés à
négocier avec Liddil et il faisait partie du détachement qui a capturé Clarence
Hite dans le Kentucky.
    — Je vois, fit le gouverneur en
empoignant l’élégante théière en or et en se servant une tasse de thé vert. Jesse
James m’a envoyé un télégramme le mois dernier. Il m’y annonçait son intention
de me tuer, même si pour cela il devait faire dérailler un train, et qu’une
fois qu’il me tiendrait, il découperait mon cœur en lanières et le mangerait comme
du bacon. » Crittenden but une gorgée de thé et s’essuya délicatement les
lèvres avec une serviette. « Eh bien, c’est moi qui vais l’envoyer dans le
décor en premier. »
    Bob pouffa de rire et le gouverneur darda sur
lui un regard

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