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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Jesse James
avec ce revolver à St Joseph, Missouri. 1882.
    Charley, qui faisait la sieste, se redressa et
palpa ses poches à la recherche de ses feuilles à rouler. Il avait apparemment
surpris les clauses afférentes à ce cadeau impromptu, car il lâcha à l’adresse
de Bob :
    « Tu dois commencer à être à l’étroit
dans tes pompes. – Je n’ai pas besoin de souvenirs, riposta Bob. Tout est ancré
dans ma mémoire. »
    Enfin, à quatre heures moins le quart de l’après-midi,
le colonel John Doniphan grimpa sur une caisse devant le bureau du marshal et
lut avec sobriété aux journalistes rassemblés là un télégramme dans lequel le
gouverneur accordait son pardon inconditionnel à Charles et Robert Ford.
    Henry Craig se précipita à leur cellule pour
leur annoncer la bonne nouvelle, mais peu d’autres se joignirent à lui pour les
congratuler.
    Le 19 avril 1882, deux jours après avoir été
amnistié et libéré, Bob Ford fut arrêté à Richmond, Missouri, pour le meurtre
de Robert Woodson Hite et afin de s’acquitter de la caution, Bob dut mendier
deux mille dollars à J. T. Ford, le père qu’il s’efforçait d’oublier.
    « C’est typique, commenta Mr Ford
avec une acrimonie qui dissimulait mal un plaisir par trop apparent. Tu viens
me supplier en pleurnichant et en piaulant comme une gamine : “Papa, papa,
donne-moi de l’argent” – et c’est moi qui dois tout arranger. »
    Bob foudroya du regard le vieil homme qui
resserrait ses lacets avec un grognement.
    « Peut-être que c’est toi que j’aurais dû
abattre », maugréa-t-il. Mr Ford leva un regard furieux et effrayé
vers le benjamin de ses fils et vit qu’il souriait. Il considéra le jardin par
la fenêtre, comme cela lui arrivait souvent quand il composait un sermon, puis
s’extirpa de son fauteuil rembourré et se prépara à aller en ville – non sans
ajouter, méchamment :
    « Que tout cela a parfaitement été
illustré par notre bon Seigneur dans la parabole du fils prodigue… »
    À l’agence de la Hugues and Wasson, pendant
que l’on rédigeait le chèque de banque, plusieurs clients vinrent trouver Bob
pour lui conseiller de ne pas prendre trop à cœur les attaques de John Newman
Edwards.
    Edwards vivait alors à Sedalia, un peu moins d’une
centaine de kilomètres à l’ouest de Jefferson City, et était le directeur du Daily
Democrat, qui se démarquait des autres quotidiens du Missouri par ses
soupçons diffus quant au fait que Jesse James eût pu être tué de la sorte. Très
vite, cependant, les preuves se firent accablantes et Edwards envisagea un
temps d’aller en pèlerinage à Kearney pour assister aux obsèques – au lieu de
quoi il acheta six bouteilles de whisky et se livra à une « équipée en
territoire indien ». Puis, une semaine après les funérailles, le Daily
Democrat publia une cinglante catilinaire à propos du meurtre.
    Elle commençait ainsi : « Pas un
parmi tous les veules chasseurs de prime lancés à ses trousses n’aura osé
affronter ce fantastique hors-la-loi, à lui seul égal à vingt hommes, jusqu’à
ce qu’il soit désarmé et qu’il ait le dos tourné, pour la première et unique
fois d’une carrière qui a désormais quitté le domaine du romanesque et du
fabuleux pour entrer dans l’histoire. »
    La suite du texte, qui tenait à la fois de l’apologie,
de l’admonition et de la divagation rageuse, présentait les transgressions de
la loi de Jesse comme des prolongements de la guerre de Sécession. « Proscrit,
traqué, blessé, séparé de force des siens, mis à prix, qu’eût-il pu faire d’autre,
compte tenu de sa nature – sinon ce qu’il fit ? […] Il refusa de se
laisser bannir de la terre qui était sienne par la naissance et, aux abois, se
retourna sauvagement contre ceux qui le harcelaient. Plût à Dieu qu’il fût
encore en vie aujourd’hui pour en immoler quelques-uns de plus. »
    Edwards qualifiait le meurtre de « lâche
et inutile » et fustigeait l’État du Missouri, accusé de s’être « ligué
avec un ramassis de voleurs avoués, de brigands de grand chemin et de
prostituées » pour assassiner un citoyen sans jamais avoir établi « qu’il
eût commis le moindre crime passible de mort ». Les autorités et les
conjurés l’avaient emporté, concédait Edwards, « mais la clameur d’horreur
et de protestation que cette fourberie a suscitée résonne dans tout le pays et
elle est telle que si le

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