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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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la
voiture-lit, Wood Hite et Ed Miller faisaient main basse sur la literie et
arrachaient les matelas des couchettes avec des haches à incendie. L’attaque du
Chicago and Alton durait déjà depuis presque trois quarts d’heure et était en
passe de dégénérer en bacchanale. Jesse rentra dans la voiture-lit.
    « Allez, finie la fiesta ! »
proclama-t-il.
    Il noua l’ouverture de son sac à céréales et
longea le wagon-lit et la voiture pour dames en boitillant et en exagérant le
poids des objets dérobés sous le regard de ses victimes qui l’épiaient derrière
les rideaux. Il remarqua Frank Burton, assis sur l’une des plates-formes avec l’expression
d’un homme ruiné, et demanda au serre-frein combien on lui avait pris. Le jeune
homme lui répondit qu’on l’avait dépossédé de cinquante cents et que c’était là
toute sa richesse. Selon certains récits, Jesse aurait alors plongé la main
dans son sac à céréales et donné un dollar cinquante à Burton en lui disant :
« Voici le principal plus les intérêts. »
    Jesse remit le butin à Jim Cummins, qui venait
de réapparaître après l’une de ses éclipses habituelles, et prononça quelques
paroles sympathiques à l’adresse de Henry Fox, catatonique, dont les oreilles
sifflaient et qui paraissait avoir été scalpé. (Il démissionna dans le mois qui
suivit et intenta un procès à l’U. S. Express en vue d’obtenir des
dommages-intérêts, mais fut débouté.) Relevé de son poste, Bob Ford escalada le
talus, fila ventre à terre à travers les fougères, les orties et les ronces
jusqu’à l’endroit où les chevaux étaient attachés et, là, ôta son masque blanc.
Charley Ford rejoignit son frère cadet.
    « J’étais en grande forme, ce soir, fanfaronna-t-il.
    — Ce convoyeur va avoir du mal à se
rappeler son nom ! »
    Charley eut une expression sadique.
    « C’est un sacré œuf de pigeon que je lui
ai fait, pas vrai ?
    — Mince, oui !
    — Et le gars qui était debout sur son
fric, tu as vu comment je lui ai fait la nique ?
    — Non, j’ai raté ça. J’étais dehors, vois-tu.
    — Il traînait un peu la patte en marchant,
c’est comme ça que j’ai su. Il devait bien avoir cinquante dollars dans sa
grolle. Sa femme, elle était dans un de ces états, avec ses petits yeux de
fouine tout froncés !
    — Ça devait valoir son pesant de
cacahouètes…
    — Ça oui, acquiesça Charley. Jesse va
être content de moi ! »
    Au même moment, ledit Jesse, cordial, ravi, réconfortant,
raccompagnait Foote jusqu’à la locomotive susurrante, un bras autour des
épaules du machiniste. Devant la cabine, il secoua vigoureusement la main du
cheminot, lui glissant au passage une pièce d’argent dans la main, tel un prestidigitateur
de rue. Chappy Foote affirma par la suite que le hors-la-loi lui avait déclaré :
    « Vous êtes un type courageux et vous me
plaisez bien. Voilà un dollar histoire de boire un coup à la santé de Jesse
James demain matin.
    — Bien obligé, grommela Foote, incapable
de songer à une autre réponse.
    — Bon, et ce barrage ? Vous voulez
que j’ordonne à mes hommes de déblayer les rochers ? Je pourrais faire
atteler quelques chevaux et tracter ce peuplier hors de la voie.
    — Non, ne vous donnez pas cette peine. Pour
tout vous dire, le plus grand service que vous pourriez me rendre, c’est de
rassembler vos bonshommes et de ficher le camp loin d’ici.
    — Très bien, mon brave. Bonne nuit ! »
    Et Jesse gravit le talus dans sa capote grise
ondoyante, puis se fondit dans la nuit.
    La bande fit route
au pas en direction du sud à travers les broussailles, enjambant les cendres du
feu tièdes comme un lit le matin. Ils suivirent une piste au petit galop, bifurquèrent
dans un ravin et firent halte au milieu d’un champ de maïs où les barbes des
épis arrivaient à la hauteur du troussequin des selles. Frank passa alors parmi
les vétérans et distribua à chacun les liquidités et les trésors qui lui
étaient dus, adjugeant à la criée les montres en or et les bijoux mexicains, avant
de brûler les valeurs et les titres non négociables. Clarence Hite avoua
ultérieurement que chaque part se montait à cent quarante dollars, mais il
était à la fois mauvais en calcul et peu susceptible de soupçonner la moindre
duperie, aussi est-il probable qu’il s’était fait estamper, tout comme Andy
Ryan, John Bugler, John Land ou Matt et Creed Chapman, que Jesse

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