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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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avait
entraînés à l’écart vers une sente à vaches au bord d’une rivière où, d’après
John Land, il leur avait expliqué : « Les enfants, on ne va pas avoir
le temps de partager le butin, ils sont à nos trousses – et en plus on n’a pas
récolté autant qu’on espérait –, mais on se retrouvera tous dans une semaine à
compter de ce soir, là où la Blue River fait une fourche, et vous toucherez la
galette à ce moment-là. »
    Il n’avait en réalité aucune intention de se
rendre au rendez-vous ; les surnuméraires n’avaient été recrutés que pour
assurer la sécurité pendant l’attaque et servir ensuite de proies faciles pour
le shérif. Dans la nuit du 7 septembre, ils se dispersèrent dans cinq
directions différentes, très satisfaits d’eux-mêmes, mais le 10 au soir, Andy
Ryan et John Land s’étaient déjà fait arrêter dans deux bicoques des environs
de Glendale, Matt Chapman et John Bugler étaient en prison et Creed Chapman n’était
qu’à quelques semaines de purger une peine d’emprisonnement de six mois durant
laquelle il perdit dix-neuf kilos.
    Quant au noyau de la bande, il se scinda en
trois groupes avant de quitter le champ de maïs : Jim Cummins et Ed Miller
mirent le cap au sud, sur la maison de Miller dans le comté de Saline ; Dick
Liddil et Wood Hite franchirent le Missouri aux alentours de Blue Mills en vue
de se mettre au vert à la ferme que louait Martha Bolton, la sœur des frères
Ford, qui était veuve et qu’ils courtisaient tous les deux ; enfin, les
frères James, les frères Ford et Clarence Hite se dirigèrent vers l’ouest et
Kansas City, sous une pluie froide qui leur déferla dessus du nord, déforma
leurs chapeaux et enlisa leurs chevaux jusqu’aux paturons dans le bourbier des
larges rues désertes.
    Zee James était assoupie sur le sofa quand
Jesse entra en faisant grincer la porte de la cuisine et réveilla son épouse en
l’embrassant. Tandis qu’elle mettait une casserole d’eau à chauffer, il s’assit
sur une chaise dans sa capote trempée et lui mentit inutilement au sujet d’une
vente de bétail aux enchères où il avait acheté vingt bœufs au-dessous du cours
du marché et les avait aussitôt revendus à un acheteur d’Omaha à l’issue d’un
échange de télégrammes. Zee ne leva pas les yeux de sa casserole.
    « Alors tu as de nouveau de l’argent ?
    — Je m’en suis tiré plutôt honorablement. »
    Il était euphorique, car toujours sous l’effet
de l’adrénaline, un excitant devenu pour lui plus nécessaire encore que la
caféine. Il bondit de son siège et guigna le bâtiment rouge de l’écurie.
    « Devine qui j’ai croisé ? »
fit-il.
    En bonne épouse, Zee lui renvoya un regard
interrogatif et attrapa un bocal sur l’une des étagères du garde-manger.
    « Buck, d’abord. Puis Clarence Hite et
deux compères à lui. Ils sont avec les bêtes en ce moment.
    — Est-ce qu’eux aussi, ils s’en sont
tirés honorablement ? »
    Jesse sourit.
    « Oh, eux, tant qu’ils s’en sortent avec
tous leurs doigts et tous leurs orteils, ils s’estiment heureux ! »
    Puis il se coiffa d’un chapeau sec et, sans un
mot, regagna l’écurie. Des lanternes à pétrole rouges en égayaient l’intérieur,
mais Frank James tournait en rond, la mine sombre, et incendiait du regard les
jeunes gens en raison de leur manque de soin à l’égard des chevaux. Il aperçut
Jesse accoudé au battant inférieur de la porte du bâtiment et s’installa sur un
long banc, les avant-bras en appui sur ses jambes écartées, une cigarette jaunasse
entre ses mains rêches. Les frères James n’avaient jamais été particulièrement
proches durant leur enfance et ils ne s’étaient pas rapprochés au fil des ans –
souvent, c’était tout juste s’ils échangeaient trois mots –, aussi n’y avait-il
rien de très étonnant à ce que Jesse ne recherchât pas la compagnie de son
frère et se contentât de rester à l’abri de l’avant-toit ruisselant, à regarder
Clarence, son cousin mélancolique et maladif, et Charley Ford qui, au lieu de
bouchonner la robe grasse de sa jument, essayait de jongler avec les massues
que le maître des lieux avait abandonnées dans le box. Soudain, Jesse perçut la
présence de Bob Ford, le jouvenceau du groupe, sur sa droite.
    « Tu te déplaces à pas de loup, ma parole… »
    Bob eut un sourire.
    « Je parie que c’est la première et la
dernière fois qu’on vous

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