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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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révélaient leurs culottes
bouffantes blanches et des bas noirs dénudant le haut de leurs cuisses. Il
répondait de leur protection, leur garantissait de jouir d’une société
plaisante et leur laissait incidemment l’option de recourir à la prostitution
sans l’exiger pour autant – il attendait juste d’elles qu’elles bavardent
gentiment avec la clientèle et l’encouragent à consommer bière et spiritueux à
des tarifs excessivement élevés.
    Les jeux d’argent et les jolies hôtesses du
troisième saloon de Bob firent toute la différence. Bob prospéra à Pueblo comme
cela ne lui était plus arrivé depuis ses années de comédien dans la troupe de
George Bunnell. Et sa vie à Pueblo tenait en grande partie de la représentation ;
sa personnalité céda la place à cette vacuité caractéristique de ceux dont le
personnage public se restreint à un assortiment de simagrées et de poses, de
paroles mûrement répétées et d’affectation. C’était un paon, un fat, un
fanfaron ; une source l’accuse de « ne pas se moucher du coude »
et de jouer les as de la gâchette à la Mesa, une autre d’être belliqueux et
ombrageux, mais une troisième évoque sa nervosité, sa maussaderie et ses accès
de panique désespérée qui le faisaient ressembler à un possédé. Sa triste
réputation de lâcheté l’avait, bien entendu, précédé, mais il existe diverses
histoires pour le moins susceptibles d’expliquer son appréhension et sa
suspicion. Ce fut par exemple à cette époque qu’un barbier s’insinua dans ses
bonnes grâces et lui fit des courbettes pendant un mois avant de dévoiler à un
compagnon qu’il avait l’intention de venger Mr Jesse James en tuant Robert
Ford. Ledit compagnon chuchota la nouvelle à Bob, qui alla trouver le barbier
dans son salon de coiffure, le propulsa dans la cour de derrière et lui fournit
un pistolet.
    « Vas-y ! lui intima Bob. Dégaine et
tire ! »
    Au lieu de ça, l’homme tomba à genoux et
supplia Bob de lui laisser la vie sauve. Bob lui abattit son pistolet sur le
nez, broyant os et cartilage, puis traîna le barbier, dont la bouche et le
menton ruisselaient de sang sur son plastron, jusqu’au saloon, où il fut obligé
d’implorer la clémence devant les acolytes sans foi ni loi de Bob.
    Une autre fois, au Bucket of blood – le « Seau
de sang » –, un saloon de Pueblo où Bob sirotait un whisky au bar afin d’observer
l’activité aux tables de jeu et de comparer les recettes avec les siennes, un
gamin avec une guitare interprétait des chansons à la demande et il ne fallut
pas bien longtemps avant qu’un client éprouvât l’envie de provoquer Bob en
demandant à entendre « La Ballade de Jesse James », par Billy Gashade.
Le gamin s’exécuta et, d’après un témoin du nom de Norval Jennings, tous les
regards se tournèrent vers le sale petit lâche au comptoir. Au départ, il
sembla que Bob n’allait pas réagir, mais au fil des couplets, son indignation
grandit suffisamment pour qu’il se retournât sur son tabouret haut en écartant
le pan droit de sa veste pour dégager son revolver, foudroyant des yeux le
chanteur, qui commit la grossière erreur de poursuivre. D’après Jennings, Bob
tira alors son Colt et, avec une habileté miraculeuse, fit feu sur la guitare, sectionnant
les cordes en boyau de chat qui se détendirent et cinglèrent les doigts du
gosse qui glapit et serra sa main droite contre sa poitrine, tandis que Bob
sortait en se pavanant à travers la fumée avec un rictus invitant le dégoût.
    Il passait pour arrogant, dangereux, cabochard,
brutal, dépourvu de toute qualité rédemptrice – hormis sa capacité à boire et
son effarante adresse avec les armes à feu. Il se colportait diverses anecdotes
concernant la magnanimité ou la bravoure de Robert Ford en ville – des anecdotes
selon lesquelles il avait organisé un repas de Noël pour les indigents, glissé
cinquante dollars dans la poche d’un Mexicain à la tête d’une famille pauvre ou
mis en déroute une bande de durs sur un trottoir rien qu’en les menaçant de sa
canne – mais tout geste tant soit peu flatteur était considéré comme une
imposture par tous ceux qui pensaient le connaître et était oublié au profit de
fables désobligeantes jugées plus justes.
    Il était en large part responsable de cette
animosité envers lui : il était bel et bien chicanier, jacassier, hautain,
ivre plus souvent qu’à son tour, mesquin

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