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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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l’étrier
de l’un des assaillants, dont le cheval avait fait un écart en hennissant. Le
bandit avait baissé les yeux sur l’importun, pointé son pistolet sur la tête de
Griffin et pressé la détente. Les gaz de poudre avaient brûlé les cheveux du
geôlier, qui s’était écroulé sous le cheval, une partie de la calotte crânienne
en moins, puis le hors-la-loi avait fait feu une seconde fois pour s’assurer
que Griffin était bien mort. Les criminels avaient ensuite pris la fuite et
quitté Richmond sans essuyer la moindre perte, mais Felix Bradley s’était peu
après fait lyncher par une foule en colère.
    Zee lut le compte-rendu de cette attaque comme
elle avait lu ceux des précédentes, puis s’accouda à la fenêtre, bras croisés, le
menton sur son poignet et contempla, par-delà les cerisiers en fleur du jardin,
l’allée cendrée par laquelle, lors de ses dernières visites, Jesse était arrivé
au petit trot sur un cheval qui ne lui appartenait pas, chargé de présents
coûteux et incongrus – un candélabre en cuivre, un presse-ail, un mannequin de
couturier en fil de fer. Lorsqu’elle avait abordé le sujet des meurtres de
Richmond, il avait soutenu qu’il n’était pas au courant, puis s’était assombri,
rongé de chagrin et de commisération, quand elle lui avait parlé de la banque
Hughes and Wasson, de John Shaw, le maire, et des Griffin ; d’autres fois,
il avait suggéré que les hors-la-loi avaient peut-être été poussés au crime par
un ennemi sans merci qui ne laissait pas la moindre chance à d’anciens
partisans d’occuper un emploi honnête. Quand Zee l’interrogeait, il ignorait
ses questions ou les tournait en dérision et si elle insistait pour qu’il lui
racontât ce qu’il avait fait pendant la semaine, il tendait à devenir
péremptoire. Pourtant, quand Jesse se présenta la fois suivante – avec un
métronome en noyer –, Zee résolut de découvrir comment son fiancé occupait son
temps : cultivait-il son jardin ? S’adonnait-il à la boisson ? À
la luxure ? S’amusait-il à lancer des fers à cheval ? À jeter des
bâtons aux chiens ? À sculpter des tortues en bois de chêne ? Galopait-il
à travers de paisibles bourgades en canardant les commerçants et les étudiants
pendant que des hors-la-loi pillaient la banque ? Elle lui fit part de ces
hypothèses en plaisantant afin de ne pas l’offenser, mais n’obtint en retour
que des mensonges, des réponses évasives ou des plaisanteries faisant écho aux
siennes, du genre : « Je suis resté chez moi à réviser l’alphabet. »
    « Tu ne fais rien de mal, n’est-ce pas ?
lui demanda-t-elle enfin.
    — Bien sûr que non.
    — Tu ne fais pas les quatre cents coups
avec les Younger ?
    — Ça, ça ne regarde que moi, tu ne penses
pas ? rétorqua-t-il en la fusillant du regard.
    — Je vais être ta femme ! »
objecta Zee, froissée, mais pragmatique.
    Une lueur démente s’alluma dans les yeux de
Jesse et il parut avoir du mal à contrôler le peu de force qu’il avait. Il s’efforça
d’articuler sa pensée, puis enfila à nouveau sa veste de cheval.
    « Je ne me rappelle plus quand j’ai
travaillé à la ferme pour la dernière fois. Je change sans arrêt de monture et
je m’absente pendant des jours et des jours d’affilée. J’ai des fusils et des
pistolets cachés dans toutes les pièces, je te rapporte des cadeaux, j’ai les
poches pleines de billets et j’ai dans ma penderie plus de beaux vêtements qu’il
s’en trouve dans tout le comté de Clay. À toi de me dire comment je gagne ma
vie. Tu y réfléchis et tu me fais savoir si tu es toujours d’accord pour qu’on
se marie. »
    Puis Jesse était sorti et avait grimpé sur son
cheval volé comme Zee tirait rageusement les rideaux. Elle avait replié le
journal, l’avait glissé sous la porte d’un cordonnier un peu plus loin dans le
couloir, avait rangé une photographie de Jesse à dix-sept ans dans le tiroir du
haut de son coffre à bijoux, avait actionné le balancier du métronome, qui s’était
mis à battre une mesure en trois quatre, et s’était peu à peu affaissée face à
l’instrument, les yeux baignés de larmes, le visage dans les mains.
    En mars 1868, les
frères James et Younger s’offrirent une escapade dans le Kentucky ; à la
même époque, un homme se prétendant négociant en bétail vint se renseigner à la
banque Nimrod Long and Company de Russellville, Kentucky, en vue

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