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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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d’ouvrir des
comptes de garantie bloqués, après quoi il repartit. Il ne tarda cependant pas
à revenir, accompagné de quatre autres hommes qui dégainèrent des revolvers de
dessous leurs manteaux et se firent remettre plus de douze mille dollars, qui
atterrirent dans un sac à blé déjà utilisé lors de plusieurs attaques de
banques du Missouri. Les commerçants de la ville se ruèrent sur leurs armes et
ouvrirent le feu sur les bandits quand ceux-ci s’enfuirent à cheval, mais dix
sentinelles postées dans l’avenue couvrirent la retraite des voleurs.
    Un groupement de financiers confia l’affaire à
un détective de Louisville nommé Yankee Bligh, qui identifia Cole Younger et
ses comparses comme les coupables les plus probables. Il s’intéressa aussi à
deux hommes du nom de Frank et Jesse James qui avaient laissé derrière eux des
draps tachés de sang dans un hôtel de Chaplin, à plus de cent soixante
kilomètres des lieux du vol. L’un des deux hommes, hâve et enveloppé dans une
capote grise, était sorti à la sauvette en se tenant le côté, pendant que son
frère à l’air sévère expliquait à la femme de chambre que les blessures reçues
par son cadet pendant la guerre de Sécession n’étaient toujours pas guéries. Cependant,
vu les grimaces de l’homme quand il bougeait, la fille en avait déduit que la
plaie avait plutôt dû se rouvrir lors d’une bagarre. Mais ce fut Jesse qui
scella les soupçons du détective quant à l’implication des frères James en
envoyant à sa fiancée une carte dans laquelle il l’informait qu’un médecin lui
avait ordonné de partir pour la Californie sous peine de dépérir.
    Le mal-en-point se rendit aux sources soufrées
de Paso Robles, où il séjourna dans l’hôtel de son oncle, Drury Woodson James. Il
y retapa son poumon et y soigna une infection auriculaire à coups de citrons, d’oranges,
de castoréum et de poisson, à raison d’une livre par jour. Un cliché de lui
pris à cette période révèle un jeune homme cadavérique aux joues creuses et aux
yeux caves ombrés de noir, dont la main gauche cramponne une canne ; de sa
vie, Jesse ne devait plus jamais être aussi malade et il mit plus tard son état
d’alors sur le compte de son éloignement du Missouri et de Zee.
    Sa convalescence dura quatre mois et il s’accorda
ensuite quelques vacances à San Francisco grâce à son argent mal acquis, qu’il
doubla dans des casinos à la roulette et aux cartes. Il paressa dans des bains
de vapeur, joua les figures de proue à l’avant du ferry, mangea dans des
restaurants français où le moindre repas comportait six plats et pécha dans des
saloons proposant des revues de fandango, où, pour un dollar, les « jolies
serveuses » dont la tenue se limitait à un béret décoré de plumes d’autruche,
un boléro de soie rouge et des chaussures, lui laissèrent admirer des
merveilles telles qu’il n’avait jamais contemplées en dehors des musées. Sous
peu, cependant, la culpabilité et le sentiment d’être à la dérive le
submergèrent et il sauta dans un train qui le ramena dans le Missouri où il
redevint enfin lui-même.
    Zee était parti rendre visite à sa tante à la
ferme de Kearney quand Jesse rentra. Sa mère fit tout un opéra de son retour et
cuisina en son honneur une tourte au porc, sans cesser un instant de se
plaindre des soucis de santé et des insomnies que le départ de ses fils lui
avait occasionnés, auxquels venaient encore s’ajouter les innombrables adjoints
du shérif et les détectives de l’agence Pinkerton qui rôdaient dans les
environs.
    « J’ai l’impression de passer mon temps à
vous inventer des alibis ! »
    Au cours du dîner, elle claironna qu’elle
avait cherché à endosser certains des titres négociables que ses « petits »
avaient raflés lors de l’attaque de la caisse d’épargne du comté de Clay, mais
qu’un directeur de banque prétentieux les avait refusés. Elle attira également
l’attention de Jesse sur le fait que c’était Mr Nimrod Long de
Russellville qui avait payé la moitié des frais d’inscription du père de Jesse
à Georgetown College ; Jesse n’avait-il pas honte ? Durant toute
cette homélie, Jesse épia Zee avec un air malheureux, mais celle-ci se borna à
sourire avec grâce à sa tante comme s’il se fût agi de simples potins sans
importance. Et lorsqu’ils allèrent tous deux se promener au bord de Clear Creek
pour jeter des galets dans

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