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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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oreilles pleines du
bruit des détonations et des râles de ses camarades, accusant les secousses et
le poids de chaque nouveau cadavre que lui transmettait les cordes, cependant
que le moment de sa propre exécution se rapprochait, tir après tir.
    Et elle se souvint plus tard que Cole avait
aussi évoqué l’attaque des banques de St Albans, dans le Vermont, lors de
laquelle des soldats confédérés en civil avaient démontré leur cran en s’emparant
de l’argent en plein jour avant de ressortir dans la rue sans tiquer. Elle s’en
souvint à cause d’un article paru dans un quotidien le jour de la
Saint-Valentin qui relatait comment deux hommes vêtus de capotes de soldats
avaient dévalisé la caisse d’épargne du comté de Clay à Liberty, Missouri, et s’étaient
enfuis, couverts par douze complices, à la faveur d’une tempête de neige.
    Jesse était arrivé à la pension avec des
caramels aux œufs et aux noix, ainsi qu’un cœur en papier sur lequel, en vers
de mirliton, il proclamait son ardeur, et tandis qu’il tisonnait la crête de
flammes qui ondulaient au-dessus de quelques bûches rougeoyantes, Zee et lui
discutèrent du crime. Jesse affirma que ce n’était qu’un juste retour des
choses pour ces institutions aux mains de capitalistes de l’Est.
    « À combien ils disent que se montait le
butin ? » s’enquit-il.
    Elle lut que les voleurs étaient repartis avec
un sac à blé rempli de soixante mille dollars en espèces, en effets négociables,
en obligations et en or. Elle releva qu’un jeune homme qui passait par là avait
été abattu par l’un des malfaiteurs et qu’il étudiait à William Jewell College,
au conseil d’administration duquel avait autrefois siégé le père de Jesse.
    « George Wymore ? » précisa Zee.
    Jesse demeura silencieux un moment.
    « Je connais ses parents, lâcha-t-il
enfin.
    — Tu penses que c’étaient les Younger ? »
le sonda-t-elle.
    D’une pichenette, il écarta le papier d’emballage
huilé et cassa un morceau de caramel avant de s’asseoir par terre à côté de Zee.
    « Tout ce que je sais, c’est que Cole a
été malade et que Frank est avec lui. »
    Il fixa le feu pendant quelques instants, le
regard fulminant ; son poumon valide n’était pas encore assez vigoureux
pour lui permettre de respirer sans haleter et son squelette était si visible
qu’il ressemblait à un jeune homme mourant.
    « Je parie que c’était un accident »,
trancha-t-il, avant de changer de sujet.
    Alexander Mitchell and Company, un
établissement bancaire de Lexington, se fit voler les deux mille dollars que
contenait son tiroir-caisse en octobre 1866. Cinq mois plus tard, six bandits
firent irruption dans une banque de Savannah et ordonnèrent au juge John McLain
de leur remettre les clés du coffre. Le juge refusa et l’un des voleurs, furieux,
lui tira une balle dans le bras (en conséquence de quoi il fallut amputer
McLain), mais les hors-la-loi repartirent sans l’argent. En mai 1867, un voleur
de bétail incarcéré à Richmond annonça à ses compagnons de cellule que la
banque locale allait être dévalisée dans l’après-midi. La rumeur se propagea et
la place de la ville fut placée sous surveillance, les adjoints du shérif
furent prévenus et le caissier verrouilla les deux larges portes de la banque
Hughes and Wasson. Puis une vingtaine de hors-la-loi hurlants et hululants, coiffés
de chapeaux mous à larges bords et habillés de cache-poussière en lin, avaient
surgi au galop dans la rue principale et ouvert le feu sur les fenêtres du
premier étage. L’un des bandits avait fait sauter la serrure d’une balle et six
hommes avaient pénétré dans la banque, où ils avaient dérobé quatre mille
dollars. Mais les habitants de la ville avaient édifié une barricade et tenté
de résister ; le maire, John B. Shaw, trouva la mort alors qu’il se
précipitait vers les malfaiteurs, revolver en main. Plusieurs membres de la
bande s’étaient rendus à la prison afin de libérer Felix Bradley, le voleur de
bétail, mais, dans la cour du dépôt, un garçon du nom de Frank Griffin, armé d’un
fusil de cavalerie, leur avait tiré dessus. L’un des hommes avait visé et
riposté d’une balle qui avait fracassé le front du jeune homme. Son père, Berry
Griffin, le geôlier, avait alors perdu la raison à la vue de son fils mort et s’était
élancé à travers la rue poussiéreuse ; il avait agrippé la botte et

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