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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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meubles », plaisanta Jesse.
    Zee sourit.
    « Je t’aime tellement… susurra-t-elle.
    — Y verrais-tu une objection si je
prenais quelques libertés avec toi ? demanda Jesse en la caressant.
    — Oui, répondit-elle par deux fois, après
le mot “libertés” et à la fin de sa question.
    — Tu y vois une objection…
    — Je ne suis pas mariée », lui
opposa-t-elle.
    Et soudain, elle prit conscience qu’elle était
en train d’interdire à un homme qui détroussait et abattait des gens de toucher
des parties de son anatomie auxquelles en temps normal elle ne prêtait guère
attention. Elle décida de céder quand il reviendrait à la charge, mais il n’y
revint pas, se contentant de gratter sa chevelure châtaine, de sourire et de
sauter sur la première diversion qui se présenta. Il enfonça une main sous son
manteau et retira de la poche arrière de son pantalon un exemplaire du Times de Kansas City qu’il étala sur la table de la cuisine.
    « Même si tu devais ensuite ne plus
jamais rien lire d’autre de ta vie, lis ça et régale-toi. »
    Il tapota du poing une colonne du quotidien et
Zee se pencha au-dessus de la table pour la parcourir en repoussant une mèche
de cheveux de sa joue.
    L’attaque de la foire de Kansas City y était
dépeinte comme un « acte si implacable, d’une témérité si diabolique, attestant
d’un si complet mépris de la peur qu’on ne peut qu’admirer et révérer ses
auteurs ».
    Jesse s’assit à califourchon sur une chaise. Il
cligna des yeux, effectua des mouvements oculaires rapides pour s’exercer les
yeux, suivit du regard son index d’un côté de sa tête à l’autre, puis en sens
inverse, avant de l’approcher de son nez et de son menton.
    Zee sentit ses poignets s’engourdir à force de
rester en appui sur la table et ses cheveux lui retombèrent à nouveau sur le
front. Elle interrompit sa lecture et lâcha :
    « Les pensionnaires vont rentrer d’ici
une heure pour le dîner et je suis toute seule pour le préparer.
    — Quand même, tu ne trouves pas que ce
type sait écrire ? Il a plus d’imagination que la Géorgie a de coton ! »
    Zee disposa quelques biscuits de farine de blé
dans une assiette. Elle coupa des tomates au-dessus d’une casserole et du jus
lui coula le long des mains. Le lard fondit et se mit à tourner lentement dans
une poêle sur le feu. Comme Zee l’ignorait, la morosité gagna Jesse. À un
moment, elle le surprit qui lui lançait un regard noir, avant de se mettre à
compulser un second journal qu’il avait dû extraire d’une autre poche.
    « “La chevalerie du crime, déclama-t-il. Il
est des hommes dans les comtés de Jackson, de Cass et de Clay – il en est, mais
peu – qui ont appris l’audace à une époque où le mot ‘quartier’ n’existait pas
dans le dictionnaire de la Frontière. Des hommes dont la vie a si longtemps
reposé entre leurs seules mains qu’ils sont incapables de la vivre conformément
aux lois et aux réglementations qui prévalent à présent ; des hommes qui, quelquefois,
s’adonnent au vol. Mais c’est toujours à la lumière du jour, au nez et à la
barbe de la multitude. Pour eux, le butin est secondaire ; c’est l’aventure
avec ses péripéties et ses rebondissements qui passe en premier.” »
    Elle sortit un bocal du garde-manger et
plongea une cuillère à l’intérieur sans cesser de tourner le dos à Jesse. Il
poursuivit : « “Ces hommes sont de mauvais citoyens, mais c’est
seulement parce qu’ils vivent à une époque qui n’est pas la leur. Le
dix-neuvième siècle et sa civilisation sybaritique ne sont pas un terreau
fertile pour des hommes qui eussent pu siéger autour de la table ronde, défier
Lancelot en tournoi ou porter les couleurs de Guenièvre ; briser le heaume
de Brian de Bois-Guilbert, rompre des lances avec Ivanhoé ou conquérir le
sourire de Rebecca, la fière beauté juive ; des hommes qui, eussent-ils
croisé aux environs de Houndslow Heath des bandits de grand chemin aussi
célèbres que Dick Turpin et Claude Duval, eussent pu les soulager de leurs
biens mal acquis.” »
    Zee tendit la main vers une boîte métallique
remplie d’un condiment noir, mais la renversa sur le plan de travail et
entreprit de nettoyer. Sa robe froissée et ses bas de laine plissés étaient
tout ce que Jesse voyait d’elle. Il se pencha en avant sur sa chaise comme si
ses bottes étaient calées dans des étriers.
    « Laisse-moi t’en

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