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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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dans la « voiture
palace » comme on l’appelait, un opulent salon roulant pourvu de lustres. Les
stores étaient encore baissés pour faire barrage à la lumière envahissante de
la fin de journée et Jesse les écarta afin de jeter un coup d’œil aux
bagagistes et aux policiers des chemins de fer sur le quai. Puis, une fois que
le train se fut ébranlé, Jesse flâna d’une voiture à l’autre, se baissant pour
admirer le paysage, inclinant son chapeau à l’adresse des plus vénérables de
ces dames et se détournant imperceptiblement dès qu’un employé des chemins de
fer approchait.
    Il interrompit la sieste de son compagnon à
six heures pour lui suggérer de se rendre à la voiture-restaurant, où d’autres
passagers se souvinrent ensuite qu’ils avaient discuté de l’attaque de la
banque Davis and Sexton de Riverton, dans l’Iowa, survenue quatre jours plus
tôt et que l’on attribuait alors à la bande de Jesse James, mais qui, les deux
hommes étaient catégoriques, était en réalité le fait de Poke Wells et sa
clique.
    L’homme qui mangeait en face de Jesse était Ed
Miller, le frère cadet mal dégrossi et inintelligent du défunt Clell Miller ;
c’était aussi un bon ami de Charley Ford, qu’il avait présenté à Jesse à l’occasion
d’une partie de poker en 1879 et avait depuis peu réussi à faire accepter dans
la bande. Ed Miller ressemblait beaucoup à Clell : il avait des yeux
marron, des cheveux brun café luisants, un faciès suffisant, vulgaire, et une
large mâchoire qui paraissait assez solide pour enfoncer n’importe quelle porte
en bois. Il se rencogna dans son fauteuil de la voiture-restaurant, comme dans
un agréable mais trop rare bain chaud, et Jesse approcha une allumette de son
cigare jusqu’à ce qu’une copie conforme de la flamme léchât le tabac. Ils
parlèrent du nouveau gouverneur, Thomas T. Crittenden, un ancien colonel
unioniste démocrate, dont la campagne de 1880 avait été financée par les
compagnies ferroviaires. Dans son discours inaugural, en janvier, il s’était
engagé au nom de l’État à débarrasser le Missouri de Jesse James et sa bande et
Jesse affirma qu’il allait prendre des mesures afin de s’assurer de la loyauté
de ses hommes.
    « Pas question que vous vous en tiriez en
négociant ou en passant des marchés, murmura-t-il. J’ai une femme et deux
enfants, je dois penser à eux.
    — Tu peux me faire confiance », jura
Ed Miller.
    Jesse se laissa aller contre le dossier de son
siège, tortillant ses cheveux comme des lacets, son cigare vert pointé vers le
plafond, et s’accorda un long moment de réflexion avant de répondre :
« Je sais, Ed, je sais. »
    Le chef de train, un homme d’âge mûr vêtu d’un
uniforme et d’une casquette bleus, tapota leur table du doigt et les informa
poliment que les cigares n’étaient autorisés que dans la voiture fumeurs. Jesse
réagit avec affabilité et répliqua qu’ils avaient précisément l’intention de s’y
rendre.
    Peu après neuf heures du soir, l’omnibus
marqua un arrêt à Cameron, un peu moins de soixante kilomètres à l’est de St Joseph,
et deux hommes maussades et transpirants attifés de longs manteaux de laine
firent leur entrée dans la voiture fumeurs, à l’intérieur de laquelle, bien qu’ils
eussent bavardé ensemble sur le quai, ils se séparèrent, le plus jeune allant
prendre place à l’avant et le plus grand, juste devant Jesse et Ed Miller. L’homme
assis à l’avant était Robert Woodson Hite, le cousin du Kentucky des James, et
le plus proche de Jesse était Frank, qui s’était noirci les favoris avec du
cirage et avait glissé dans ses bottes des talonnettes qui le grandissaient de
cinq centimètres. Il leva son nez disproportionné et échangea un unique regard
avec Jesse, puis alluma une cigarette et contempla les maisons de Cameron qui s’éloignaient
lentement.
    La gare suivante, dix-sept kilomètres plus au
nord, était celle de Winston, à quelques centaines de mètres de laquelle, non
loin d’un pont en pierre qui enjambait Little Dog Creek, Dick Liddil, Charley
Ford et Clarence Hite, le frère de Wood, avaient attaché sept chevaux dans un
taillis, après quoi Dick Liddil avait assigné diverses tâches à ses comparses
plus nerveux que lui, tandis qu’ils longeaient la voie. Des grillons et des
grenouilles vocalisaient dans les herbes et, à l’approche de la gare de Winston,
des chants émanant de l’église

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