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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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éveillée,
la couverture en patchwork remontée jusqu’au menton, et l’horloge à balancier
avait sonné trois heures. Elle s’était emmitouflée dans un peignoir et appuyée
contre le chambranle de la porte de leur chambre. Jesse était assis sur une
chaise à barreaux à côté de la fenêtre. Il chiquait du tabac et avait l’air d’observer
la lune. Des gouttes d’eau figuraient des roseaux sur la vitre embuée et le
vent ébouriffait les arbres. Les pensées nocturnes de Jesse paraissaient
arpenter la pièce. Il avait les yeux rivés sur la rue. Un revolver armé
reposait en travers de son genou, mais il n’y prêtait pas plus d’attention qu’un
fumeur à sa cigarette.
    Zee contempla Jesse assis là pendant plusieurs
minutes sans dire un mot, puis elle sentit qu’on l’épiait et aperçut Bob Ford
dans un coin de la pièce. Il lui lança un regard malveillant, puis s’évanouit
dans les ténèbres et elle entendit la porte treillissée se refermer.

DEUXIÈME PARTIE
Oiseaux de nuit

3
Septembre-décembre 1881
    Ils n’étaient pas
de ces bandits de grand chemin ordinaires, sans foi ni loi, si typiques dans l’Ouest ;
c’étaient plutôt des Robins des Bois modernes, qui volaient aux riches et
donnaient aux pauvres ; qui n’ôtaient la vie que pour protéger la leur ou
leur liberté ; qui ne s’adonnaient à aucun des vices fréquents chez la
canaille ; qui ne faisaient qu’un usage modéré de l’alcool, du tabac ou de
la grossièreté et qui, à bien des égards, eussent pu être des citoyens modèles
s’ils avaient eu une vocation honnête et si leurs vies n’avaient été entachées
de vols et d’effusions de sang.
    EDGAR JAMES
    La vie, les aventures, les hold-up et les attaques de trains ou de
banques des bandits de grand chemin les plus farouches du monde – les célèbres
frères James
    Afin de procurer un
alibi à Frank, Annie Ralston James s’était rendue à Sonora, en Californie, avec
leur fils de trois ans, Rob (que ses parents, à cette époque, habillaient en
fille et appelaient Mary), et avait envoyé à ses parents des lettres décrivant
les attractions touristiques que Frank et elle avaient visitées. Mais elle
revint à Kansas City peu après l’attaque de Blue Cut et signa le registre de l’hôtel
St James ; le 14 septembre alors qu’Annie et leur « fille »
patientaient dans un phaéton, Frank prit congé de Zee dans la cuisine du pavillon.
Jesse, qui désavouait leur fuite vers l’Est, ne bougea pas de son rocking-chair
dans le jardin, mais Zee nota des adresses auxquelles on pouvait leur écrire à Chattanooga
et à Baltimore, tandis que le cadet des Ford se creusait la mémoire pour faire
part à un Frank lugubre de tous les renseignements qu’il avait glanés au fil de
ses lectures concernant les villes de la côte. Bob lui raconta que la diphtérie
faisait rage à Salem, en Caroline du Nord, parce que le système d’égouts n’était
pas à la hauteur. Raleigh était une ville morte, dénuée d’établissements
manufacturiers de quelque importance. Et Richmond, en Virginie, était
apparemment en quarantaine du fait d’une épidémie de variole. Frank se borna à
faire tourner son chapeau entre ses mains noueuses.
    « Eh bien, la prochaine fois que je
prévoirai un voyage, je saurai à qui m’adresser, grinça-t-il.
    — Je voulais seulement rendre service »,
répliqua Bob avec une moue boudeuse en se servant une autre tasse de café.
    Zee sortit pour embrasser Annie et serrer Rob
contre son sein, puis administra à Frank un baiser qu’il endura comme une purge,
en lançant un coup d’œil furibond en direction du jardin où son frère cadet
détourna la tête avec colère.
    « Je ferais mieux de partir pour la gare »,
lâcha Frank et, quelques minutes plus tard, sa famille et lui avaient disparu.
    Bob observa par la fenêtre de la cuisine le
phaéton qui s’éloignait, puis plongea sa tasse à café dans l’eau de vaisselle
et se dirigea l’air de rien vers l’étendoir à côté duquel Jesse siégeait dans
un fauteuil à bascule au milieu des herbes folles qui s’élevaient jusqu’à la
hauteur de l’assise. Bob s’apprêtait à suggérer à son hôte de se dégotter une
chèvre pour tondre un peu le jardin, mais avant qu’il eût le temps de formuler
sa phrase, Jesse lui confia :
    « Mon frère et moi, on se parle à peine, ces
jours-ci. Je me rappelle, il y a eu des années d’affilée, c’était tout juste si
on était

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