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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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la
jambe et le fit choir sur les fesses au bord de la plate-forme.
    « Reste assis », intima-t-il.
    Jesse extorqua à Murray la clef du coffre de l’U. S.
Express en lui expliquant qu’ils avaient déjà tué un homme et qu’ils n’avaient
donc rien à perdre à lui brûler la cervelle à lui aussi. La seule source de
lumière dans le compartiment était une lampe à pétrole suspendue à un crochet
et malgré la minutie avec laquelle Jesse amassa plus de trois mille dollars
dans un sac à céréales, il passa à côté d’un magot bien plus considérable en
lingots d’or et se le reprocha pendant une semaine. Puis il se tourna vers
Murray.
    « Mets-toi à genoux, ordonna-t-il.
    — Pourquoi ? rétorqua le convoyeur
avec un regard furieux.
    — Tu devrais prier, je vais te descendre.
    — Hein ? ! s’exclama Ed Miller.
    — À genoux ! » répéta Jesse.
    Murray recula un peu.
    « Il faudra m’y forcer, protesta-t-il.
    — Fort bien », acquiesça Jesse, avant
de décocher par surprise un coup de crosse sur la tête de Murray, qui s’effondra
comme un paquet de vêtements vides.
    Jesse considéra avec mépris l’homme qu’il
avait si facilement assommé et arma son pistolet, qu’il plaça contre la tête de
Murray.
    « Ne tire pas ! » s’écria Ed
Miller.
    Jesse sourit, ramena en avant le chien de son
pistolet et ramassa le sac à céréales.
    « Ne t’avise pas de me dire ce que je
dois faire », lâcha-t-il avant de sauter de la voiture de l’U. S. Express.
    Ce fut le signal du repli. Les bandits s’élancèrent
à travers les herbes hautes et se fondirent dans la nuit, avant de couper leurs
rênes au lieu de les détacher et de s’enfuir en direction du sud à travers bois.
    Les patrons de
presse de Chicago, piqués au vif que leur ville perde des immigrants au profit
de St Louis et de Kansas City, montèrent en épingle cette attaque et
proclamèrent que « dans tout autre État que le Missouri, on n’eût jamais
toléré les agissements des frères James pendant douze ans ». Bien que le
Missouri fût surnommé « l’État des voleurs » ou encore « le
paradis des hors-la-loi », le gouverneur n’avait l’autorité d’offrir que
trois cents dollars pour la capture du desperado. Thomas T. Crittenden écrivit
par la suite : « Partant du principe que Jesse James et sa bande
poursuivaient leurs menées criminelles par goût du lucre, parce qu’elles leur
rapportaient souvent de fortes sommes, je résolus d’offrir une récompense de 50 000
dollars (tant pour chaque capture, tant pour chaque condamnation), ce qui, à
mon sens, induirait un ou plusieurs des membres de la bande à “moucharder” ou à
dénoncer leurs complices. Étant donné que l’argent était la motivation première
de leurs activités délictueuses, j’étais convaincu qu’une récompense élevée finirait
par séduire ceux d’entre eux qui étaient las de cette vie et, plus encore, las
de cette fuite en avant dans la violence et le crime sous la conduite d’un chef
désespéré. »
    Il organisa une rencontre avec les directeurs
des compagnies de chemin de fer et de messagerie et les persuada de contribuer
à un fonds commun dans lequel il pourrait puiser afin de proposer des
récompenses de cinq mille dollars pour l’arrestation et la condamnation de
toute personne ayant pris part aux attaques de Glendale et de Winston et cinq
mille de plus pour quiconque livrerait Frank ou Jesse James.
    L’attaque du Chicago and Alton, le 7 septembre,
à Blue Cut, était, pour Jesse, une façon de « cracher à la face » du
gouverneur et une fois encore, la bande des frères James avait réussi son coup.
Jesse avait regagné son pavillon de Kansas City en compagnie de Frank, Clarence
Hite et des deux frangins Ford du comté de Ray, et aux yeux de Zee, tout eût pu
se poursuivre indéfiniment ainsi : Jesse aurait continué à s’absenter des
jours et des semaines de suite, puis à revenir avec la gaieté et la bonne
humeur d’un homme jouissant de la fortune et de la jeunesse. Zee n’aimait pas
cette vie, mais elle ne se plaignait pas ; elle se contentait de
déchiffrer les messages que recelaient les feuilles de thé, de rire quand la
situation lui semblait l’exiger, puis de se retirer avec son tricot telle une
mère indulgente et d’attendre que Jesse entrât dans la chambre en boitant et
lui soufflât : « Couche-toi, va… »
    Plus tard, dans la nuit, elle s’était

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