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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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et Judas étaient partis en éclaireurs
dans un village, ils tombèrent sur un magicien, déjà installé.
    « Ça va être difficile. Il vaut mieux
aller plus loin, dit Judas.
    — Attends, répondit Pierre. Si c’est
encore un de ces charlatans, il pourrait nous laisser la place. »
    Un homme, accompagné d’un enfant au visage
marbré de plaques rouges, suppliait.
    « Mon fils est très malade, maître. Guéris-le.
Guéris-le ».
    L’enfant s’approcha. Le magicien, vêtu d’une
tunique rouge, se lança dans des incantations étranges, dont aucun mot n’était
perceptible. Il jeta dans de l’eau une poudre violette. Puis il se frotta les
mains et les approcha du visage blessé. Derrière eux, une femme attendait, un
enfant au regard vide debout devant elle.
    « Je les connais, s’écria Pierre. Je les
ai déjà vus à Capharnaüm. C’était le même magicien, et le même homme qui
faisait le père. L’enfant a juste avalé une herbe qui lui donne ces plaques, et
dont l’effet disparaît tout seul au bout d’un moment. »
    Avant même que Judas n’ait pu le retenir, Pierre
avait bondi devant le faux magicien et renversé son écuelle.
    « Combien leur demandes-tu ? Un
didrachme ? Plus ? Plus que l’impôt au Temple ? Ignoble crapule ! »
    Il avait empoigné le magicien qui bégayait.
    « Mais que dis-tu ? Qui es-tu ? »
    Pierre le secouait férocement. La foule, indécise,
ne savait trop que faire. Seule la mère du petit aveugle s’accrochait aux
basques du disciple pour le supplier de laisser le magicien guérir son fils.
    Discrètement, le complice et le petit « malade »
s’étaient éclipsés. C’est quand elle s’en aperçut que la foule comprit que
Pierre avait raison. Quelques cailloux volèrent, dont un qui atteignit le
magicien à la tempe et le fit saigner.
    Jésus arriva heureusement à ce moment-là. Il
calma ses disciples, examina le jeune aveugle, puisant dans son sac de la
poudre d’aloès, qui avait la particularité de calmer les tissus enflammés. Le
magicien en profita, à son tour, pour s’enfuir.
    Jésus, dès qu’il
était confronté à des contradicteurs, affichait une assurance totale. Il
semblait faire fi de leurs titres, de leurs savoirs, parfois même de leurs
rites.
    « Ne me dis pas que tu ne chasserais pas
ta fille de chez toi si elle voulait épouser un gentil ? lui demanda un
jour l’un d’eux, sincèrement choqué.
    — Si, je te le dis. Je ne peux te le
prouver puisque je n’ai pas eu la chance d’avoir des enfants. Mais reviens dans
vingt ans, et peut-être t’en rendras-tu compte. »
    La foule rit.
    « J’ai du mal à te croire. Entrerais-tu
aussi dans la maison d’un Romain ?
    — S’il m’y accueillait avec amour et
fraternité, oui. Et j’irais même le chercher chez lui dès qu’il me paraîtrait
pouvoir m’écouter. Je ne hais ni les Romains ni les gentils. Je hais l’occupation,
je hais la violence, je hais le mal que les hommes peuvent se faire. »
    Ces remarques faisaient bondir Judas, qui n’y
voyait pourtant encore qu’un goût un peu puéril de Jésus pour la provocation.
    Les libertés prises
par Jésus avec la stricte observance de la religion causaient des remous jusque
dans son groupe. Un jour où le sabbat était entamé, certains disciples
arrachèrent des épis dans un champ. D’autres s’insurgèrent aussitôt, leur
affirmant qu’il était interdit de faire cela un tel jour. Le ton monta très
vite. Pierre était à la tête de ceux qui se moquaient de l’interdiction, alors
que Jacques se révoltait. Jésus s’arrêta et s’approcha d’eux.
    « Que se passe-t-il ? Ne pouvez-vous
marcher sans vous chamailler ? »
    Il était d’assez mauvaise humeur depuis le
matin et lui qui animait toujours leurs marches de quelque parabole, voire de
plaisanteries, était resté muet depuis un petit moment.
    « Eh bien, qu’y a-t-il ?
    — Nous avons arraché quelques épis pour
les manger, et Jacques nous soutient que c’est du travail et que le travail est
interdit un jour de sabbat.
    — Avez-vous faim ?
    — Hier soir, nous n’avons rien mangé, et
ce matin nous sommes partis trop tôt pour attendre l’arrivée des pêcheurs.
    — Judas n’a rien acheté ?
    — Avec quoi ? Cela fait trois jours que
personne ne nous a rien donné.
    — Eh bien, mangez, si vous avez faim…
    — Mais maître, c’est le sabbat, protesta
immédiatement Jacques.
    — Et après ? L’homme a-t-il

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