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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas
Autoren: Hubert Prolongeau
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sais, Judas, je sais. Mais le fils
de l’homme doit y trouver la mort.
    — Pourquoi dis-tu cela ? Tout peut
arriver. Nous avons déjà fait le sacrifice de notre vie. Viens, et aie
confiance.
    — Tu ne comprends pas. C’est écrit, et
rien ne peut modifier les Écritures. »
    Judas préféra ne retenir de ce discours que l’accord
de Jésus pour aller à Jérusalem.
    « Qu’est-ce qu’il
a ? demanda Marie à Judas quand il eut l’occasion d’être seul avec elle.
    — Il devient de plus en plus pessimiste. Son
père, dit-il, veut l’envoyer à la mort. C’est absurde. Comment Dieu pourrait-il
faire ça ? Mais nous avons beau le lui dire et le lui répéter, rien n’y
fait. Il en est convaincu.
    — Dieu a bien demandé à Abraham de
sacrifier son fils.
    — Mais il a retenu sa main… Écoute, je n’en
sais rien. Tout ce que je sais, c’est qu’il a mal et qu’il faut ne plus perdre
de temps si nous voulons être à Jérusalem avant la Pâque. »
    La nouvelle parvint
à Judas alors qu’ils approchaient de Jérusalem. La longue file des pèlerins s’étirait
le long de la route. Sur chaque hauteur, des légionnaires veillaient à la fois
à éviter les bousculades et à repérer des agitateurs connus. De temps en temps,
un groupe, souvent d’un même village, entonnait un chant.
    Simon le premier aperçut le messager qui les
cherchait.
    « Regarde, voici Menahem. »
    « Que fais-tu là ? lui demanda Judas.
Tu devais nous attendre à Jérusalem.
    — Il y a eu une catastrophe.
    — Une catastrophe ? Comment cela ?
    — Hier, toute la journée, il y a eu des
tensions. Deux femmes ont été blessées au marché par des Romains qui les
soupçonnaient de transporter des armes. Il y a encore eu une dizaine de
crucifixions, dont deux chefs rebelles de la ville, des garçons que Barabbas
connaissait bien. Le soir, un centurion a été tué. Les soldats se sont répandus
dans la ville. Il y a eu des échauffourées. Les armes sont sorties.
    — Et…
    — Les combats se sont poursuivis jusque
très tard dans la nuit. Mais les nôtres ont été petit à petit défaits. Ils n’étaient
pas de taille, tu connais les Romains… Il n’en restait qu’une vingtaine quand
ils se sont retrouvés près de la tour de Siloé. Et, là, je ne sais pas ce qui s’est
passé. Mais elle s’est écroulée…
    — Écroulée ? La tour de Siloé ?
Mais c’est impossible : elle est debout depuis des siècles.
    — Je t’assure. On raconte que nos hommes
s’y étaient réfugiés, et que les Romains l’ont sapée à la base. Il y a une
quinzaine de morts au moins, et on continue encore d’en ramasser dans les
décombres.
    — Et Barabbas ?
    — Peut-être est-il parmi les morts, peut-être
s’en est il sorti…
    — Je lui avais dit d’attendre, je le lui
avais dit…
    — Il n’a jamais écouté que lui. Mais ce n’est
plus le débat. »
    La colère s’emparait de Judas au fur et à
mesure du récit de Menahem.
    « Et c’est quoi le débat alors ? rugit-il.
    — C’est de sauver ce qui peut l’être. Il
nous reste une carte à jouer…
    — Laquelle ?
    — Ton prêcheur. Lui seul peut reprendre
le flambeau et réussir là où Barabbas a échoué.
    — Pourquoi Jésus réussirait-il ?
    — Parce qu’il a derrière lui des foules
qui croient qu’il est le messie. C’est pour cela que vous êtes allés le
chercher : maintenant, utilisez-le. »
    Judas parut hésiter.
    « Il y a un problème ?
    — Il nous échappe de plus en plus. Je ne
sais pas ce qu’il veut. Il n’a jamais dit qu’il était le messie, mais il est
convaincu de parler au nom de Dieu. Il prétend même être son fils, et il
affirme qu’il va marcher vers la mort…
    — Il ne veut plus venir en ville ?
    — Si, si, bien qu’il ait très peur. Mais
pour quoi y faire ? Il ne s’en ouvre guère.
    — Fais-le entrer. Après, il faudra bien qu’il
agisse. L’ambiance est toujours à l’émeute. Il reste des troupes, en nombre
suffisant. Elles n’attendent qu’un chef…
    — Sans doute…
    — Tu ne crois pas ?
    — Si, si… Enfin, je pense. Il ne nous a
jamais laissé tomber. Il reste aussi dur qu’avant avec l’occupation. Mais il y
a des moments où j’ai l’impression qu’il cherche autre chose, qu’il voit plus
loin. Je ne sais pas bien. De toute façon, comment allons-nous pouvoir entrer ?
Les Romains sont sûrement peu désireux de laisser pénétrer dans Jérusalem des
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