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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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ouvrit la porte d’une pièce saturée d’odeurs
de parfum. Judas en jugea le luxe extravagant : il n’y avait en fait que
quelques tentures usées, et un lit monté sur pieds au lieu d’être simplement
posé à même le sol. Une moustiquaire pendait du plafond. Des lampes aux murs
teintaient la pièce d’un jaune pâle.
    « Tu vois, c’est plutôt charmant ici. Veux-tu
boire un verre de vin ? »
    Judas se laissait porter, trop engagé pour
reculer.
    « Tu as un peu d’argent ?
    — Oui, bien sûr, excuse-moi. Voilà. Je ne
sais pas si… »
    Elle rit.
    « Cela suffira. »
    Elle prit quelques pièces, lui rendit les
autres.
    « Non, non, gardez-les. »
    Ne se le faisant pas répéter, elle les déposa
sur la petite table à côté du lit.
    « Assieds-toi. »
    De longs cheveux roux passés au henné lui
balayèrent la figure quand elle se pencha pour lui offrir son verre.
    « Tiens, bois. Cela te fera du bien. Tu
habites dans le quartier ?
    — Non, plus loin… »
    Sa voix s’étrangla et il toussa pour se
reprendre.
    « Un peu plus loin, à Béthanie…
    — Tu y fais quoi ?
    — Je suis potier. Je travaille avec un
nommé Samuel. »
    Il parla un petit moment de ce qu’il faisait, puis
se tut.
    « Tu n’es pas venu pour me parler de toi,
je suis sûr. »
    Elle rit, d’un petit rire étouffé.
    « Tu es plutôt venu pour ça… »
    D’une main, elle défit les nœuds qui tenaient
sa robe. Ses seins étaient lourds, commençaient à tomber. Son sexe, noir et
touffu, semblait regarder Judas. Des poils débordaient du triangle entre ses
cuisses pour s’égarer sur le haut de ses jambes.
    « C’est beau, hein ? Tu en as déjà
vu, j’imagine. »
    Elle s’approchait, et une odeur plus forte se
mêlait à celle de son parfum.
    « Mais en as-tu déjà touché ? Vas-y,
tu en as envie. C’est doux, tu sais ? »
    Il n’y avait plus entre eux deux que quelques
centimètres. Judas frôla la masse crépue une première fois puis y revint, s’y
attarda, emmêla entre ses doigts les poils noirs.
    « Tu sens comme c’est bon. »
    La voix de la femme avait repris des accents
professionnels.
    « Tu verras. Quand tu seras dedans, ce
sera encore meilleur. »
    Elle colla presque son sexe sur le nez de
Judas, qui en respira fortement l’odeur.
    « Je suis sûr que cela te fait de l’effet. »
    Se penchant, elle le caressa à travers sa
tunique.
    Le garçon, dans un gémissement, s’abandonna au
spasme puis, immédiatement, rougit. Elle le sentit humilié et, d’une main ferme,
maintint sa pression.
    « Ce n’est rien. C’est normal. Attends un
peu, tu vas voir. Ça va revenir et tu pourras recommencer. »
    Elle continua ses caresses, lui ôta sa tunique,
embrassa son corps dont il ne savait plus trop quoi faire. Comme elle l’avait
prédit, ses forces lui revinrent et il put connaître ce pour quoi il était venu.
    Il aurait aimé prolonger ce moment, mais, quand
ce fut fini, elle le repoussa, se releva et ramassa sa toge.
    « Si tu veux te laver, il y a un broc d’eau.
Jette-la par la fenêtre, après. »
    Elle-même s’était accroupie au-dessus d’une
bassine.
    « Quand tu voudras revenir, tu n’auras qu’à
me demander, lui dit-elle sans même le regarder. Je m’appelle Marie. Tout le
monde me connaît ici. »
    La semaine suivante,
il retourna dans la rue. Marie n’était pas là. Il apprit qu’elles étaient
quatre filles à travailler dans cette même maison, mais il refusa d’aller en
voir une autre et rentra.
    Il confessa son aventure à Samuel le lendemain.
Le potier eut la finesse de ne pas en rire.
    « Je crois que je vois où est cet endroit.
Moi-même… »
    Il esquissa un sourire, prudemment, comme pour
en juger l’effet sur Judas.
    « Moi-même, je me souviens d’y être allé
de temps en temps. J’ai été marié quelques années, tu sais. Mais ma femme n’était
pas… n’aimait pas beaucoup ça. Il me fallait autre chose.
    — Et tu es allé avec beaucoup de filles ? »
    Judas parlait un peu plus vite que d’habitude.
    « Ce n’était pas la seule adresse. Malgré
tous les prêtres qui y grouillent, Jérusalem est une ville pleine de ressources. »
    Il rit.
    « Avec tous les gens qui passent, tu
penses bien… Le pèlerinage a d’autres charmes que religieux.
    — Et tu n’y vas plus ?
    — Rarement. Tu sais à mon âge, certaines
ardeurs se calment. Je préfère maintenant d’autres compagnes. »
    Il caressa la

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