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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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encore. »
    Ils laissèrent passer un moment de silence.
    « Je ne t’ai pas demandé ton nom.
    — Ézéchias. »
    Judas lui saisit le bras.
    « Bonjour, Ézéchias. Moi c’est Judas.
    — Je savais. Bonjour, Judas. »
    De nouveau, le silence les accompagna. Ils
étaient bien.
    Quand le monastère
fut en vue, le soleil couchant teignait de rose le calcaire blanc des bâtiments.
Judas distingua trois ou quatre bâtisses, un mur d’enceinte et une tour. Il fut
presque déçu : l’enthousiasme d’Ézéchias avait été tel qu’il s’attendait à
quelque chose de plus grand.
    « Tu verras demain, avec le soleil au
zénith, on les distingue à peine tellement la lumière est blanche. Tiens, regarde,
ils nous ont déjà repérés. »
    Judas aperçut une silhouette sur la tour.
    « Nous sommes obligés de faire attention.
Le monastère est placé suffisamment haut pour qu’un novice puisse surveiller
les charrettes qui approchent. »
    Autour de l’enceinte se trouvaient une dizaine
de tentes.
    « Je pense que tu dormiras là. Normalement,
les étrangers n’ont pas le droit de séjourner à l’intérieur du monastère. »
    Les portes s’ouvrirent. Un jeune homme sortit.
Quand il vit Ézéchias, son sourire s’élargit.
    « Entre donc. Avec qui es-tu ?
    — Judas, un potier. Maître Shmuel a vu l’autre
jour le travail qu’il faisait, et a pensé que ce serait bien de lui acheter
quelques vases.
    — Alors que nous avons notre atelier de
poterie ? Je croyais que tout ce qui pouvait être produit ici l’était.
    — Tout principe souffre quelques
exceptions, et celle-ci a été faite au nom du beau. N’est-ce pas là une raison
suffisante ?
    — Sans doute. Si le maître Shmuel le dit,
qui suis-je de toute façon pour le contredire… ? »
    La charrette passa sous le porche, et entra
dans une cour. Sur la droite se trouvaient les ateliers. Dans une tenue dont le
blanc n’était plus qu’un souvenir travaillaient quelques-uns des frères. Judas
reconnut une forge, un atelier de pierre de taille, une tannerie. Dès qu’il
aperçut l’atelier de poterie, il s’y dirigea. Ézéchias le rattrapa par le bras.
    « Attends, tu ne peux pas te promener
comme ça, du moins pas avant d’avoir rencontré un des maîtres. »
    Une silhouette blanche s’approcha. L’homme
était âgé, marchait en s’appuyant à une canne.
    « Sois honoré, c’est Shmuel, le doyen. Il
est ici depuis quarante-cinq ans. Il a connu Menahem. »
    Ézéchias s’inclina. Judas l’imita.
    « Relevez-vous, mes enfants. »
    La voix était douce, contrastait avec l’autorité
du visage.
    « Tu nous amènes ces beaux objets. C’est
un petit luxe que j’offre à nos amis. Cela me fait plaisir. »
    Il avait presque l’air de s’excuser.
    « Je ne sais si Ézéchias t’a expliqué
mais nous ne vivons ici que dans l’attente du jugement. Attends-tu toi aussi le
jugement ? »
    Judas ne se sentait ni le courage d’une
discussion théologique ni l’envie de décevoir le vieil homme.
    « Oui », mentit-il, un peu gêné.
    L’arrivée d’un groupe d’hommes, également de
blanc vêtus, les interrompit.
    « On les appelle les Nombreux, chuchota Ézéchias.
Tu ne dois jamais t’approcher d’eux ni leur adresser la parole si eux-mêmes ne
t’ont pas parlé. »
    Plusieurs des Nombreux s’étaient approchés d’un
bassin de purification et commençaient leurs ablutions. L’un d’entre eux
regardait un de ses voisins droit dans les yeux, et lui psalmodiait :
« Mismasia Bizbazia Kiskasai Sharlai Amarlai. »
    « Qu’est-ce qu’il lui dit ?
    — Il lui récite le nom des anges venus de
la contrée de Sodome : c’est un vieux remède pour guérir les furoncles. »
    Ézéchias présenta Judas à l’intendant de la
communauté.
    « Il faudrait que vous déchargiez vos
vases. Dépêchons avant que le repas ne commence. Apportez-les là, à la cuisine »,
leur demanda-t-il.
    Les deux jeunes hommes se mirent au travail. Ils
passèrent plusieurs fois devant la porte du réfectoire, où les douze Nombreux s’attablaient.
Quelques plats très simples et des gobelets remplis de vin attendaient sur la
table. Par la fenêtre, on voyait encore les derniers rayons du soleil caressant
la mer Morte. Aucun des hommes attablés ne tendit la main vers la nourriture
avant que le prêtre ne prononçât une bénédiction que tous, suivant leur rang, répétèrent.
Nul autre mot ne fut échangé.
    « Tu ne

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