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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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j’étais
insatisfait ?
    — Plus heureux, non. Plus humain, oui. Qu’est
devenu ton désir d’aimer les autres, d’être un homme fort, franc, juste, clair ?
Où est ta révolte ? Tu es né avec elle. C’est ton drame et ta gloire. Qu’en
as-tu fait ?
    — Je l’ai mise de côté.
    — Je n’ai pas toujours exercé la violence
de bon cœur, Judas, contrairement à ce que tu peux croire. Souvent, je me suis
senti seul dans le chaos. Aujourd’hui, je me demande à quoi tu pourras encore
me servir… »
    Judas laissa échapper un rire amer.
    « Ne peux-tu considérer les gens que s’ils
peuvent te servir ? Tu m’as fait engager chez Jephté. À cette époque, tu
savais pourquoi tu faisais cela. Restes-en là… Tu vois toujours Nicodème ?
    — Pas vraiment, non. Il avait cru en mon
succès, et notre… nos difficultés l’ont dissuadé de se compromettre plus avant.
    — Mais il m’a quand même laissé chez
Jephté ?
    — Pourquoi t’en enlever ? Jephté
semblait content de t’avoir. Tu faisais ton trou. Et, si tu n’étais plus utile,
tu n’étais pas non plus nuisible. Donc…
    — Donc je pouvais toujours servir. Comme
aujourd’hui.
    — Peut-être, oui.
    — Mais à quoi ? Je veux dire, à
partir du moment où je refuse de tuer à nouveau ? »
    Barabbas ne répondit pas, et reprit comme s’il
n’avait pas entendu.
    « Comment cette infamie du trésor
est-elle possible ?
    — Parce que le préfet fait ce qu’il veut.
    — Rome ne lui a pas demandé de modérer
ses excès ?
    — Si. C’est du moins ce qu’on dit. Mais
Rome est loin. À part ces provocations, Pilate tient le pays comme on le lui
demande. Ce ne sont pas quelques brutalités qui peuvent y changer grand-chose.
    — Et qui du côté juif a permis cela ?
Personne n’a été consulté.
    — Consulté, non. Mais tout le monde n’y a
pas été hostile. Il y a même eu quelques soutiens.
    — Qui ? »
    L’excitation fit soudain hausser le ton à
Barabbas, qui se resservit un verre de vin.
    « Judas ! C’est pour cela que je t’ai
envoyé chez Jephté : nous aider à avoir des renseignements sur nos ennemis.
    — Nicodème est autrement mieux placé que
moi pour cela.
    — Oui. Mais il est aussi plus distant. Si
nous voulons faire parler de nous à nouveau, il faut serrer le pouvoir de plus
près. Et avoir un homme dans la place.
    — Tu veux t’attaquer à des gens puissants
dans Jérusalem même ?
    — J’aimerais, oui. J’ai à nouveau réuni quelques
troupes. Toutes ces années n’ont pas été perdues et…
    — Je crois que tu es fou. Qu’est-ce que
cela apportera ? Tu vas sans doute faire peur à quelques corrompus. Et
après ? »
    Barabbas secoua la tête.
    « Tu as bien changé, Judas. Il y a sept
ans, tu étais pleinement d’accord pour aller dans cette voie.
    — Mais depuis j’ai réfléchi. Et ce qu’elle
a de vain m’est apparu.
    — De vain ? »
    Barabbas avait presque crié, et trois
personnes s’étaient retournées.
    « Ah, Judas, je n’ai pas envie d’en
discuter plus longtemps avec toi. Je crains que cela ne nous mène trop loin. Acceptes-tu
de m’aider ?
    — Aux conditions que j’ai posées, oui. Mais
je ne veux plus reprendre le poignard moi-même. Et je ne veux pas non plus que
l’on s’en prenne à mon beau-père Amos, quelles que soient ses compromissions. Cela
ferait trop de peine à ma femme. Si tu acceptes, alors oui, je t’aiderai.
    — Tu me fais beaucoup de peine, mais tu
ne me laisses guère de choix. J’accepte.
    — C’est bien. Comment me contacteras-tu ?
    — J’y suis bien arrivé aujourd’hui. Je
recommencerai.
    — D’accord. J’attends de tes nouvelles, alors. »
    Et Judas sortit de la taverne, respirant avec
un plaisir teinté de soulagement l’air du dehors.
    Ils se revirent
trois jours plus tard.
    « L’affaire du trésor ne cesse d’enfler, constata
Barabbas avec une grande satisfaction. Le mécontentement grandit. J’ai appris
que Pilate va la semaine prochaine à Rome.
    — Et que veux-tu faire ?
    — Un exemple. Le peuple entier est
révolté. Nous devons nous rendre à son tribunal et exiger qu’il renonce. J’ai
des gens disséminés dans plusieurs quartiers, prêts à pousser à la révolte. Il
faut que tu décides quelques personnes proches de toi à venir nous aider. Pharisiens,
sadducéens, peu importe qui ils sont et ce qu’ils ont fait… Soyons nombreux, et
importants. »
    Judas

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