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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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encore monter au créneau !
Vous êtes incroyables. Votre ville manque d’eau et pour une fois, un Romain a
une bonne idée. Comme elle coûte cher, il vous prend un peu de l’argent que
vous gaspillez à éventrer de malheureux animaux, et vous voilà tout bouleversés.
Je te rappelle d’ailleurs que, si Pilate s’est servi dans votre précieuse
réserve à boucherie, c’est parce que tes grands prêtres l’y ont autorisé…
    — Ils n’avaient pas à le faire. Et Pilate
a tout pris…
    — Vous serez toujours prêts à sacrifier
le bien public à vos superstitions. »
    Ce fut ce même jour, après sept années de
silence, que Judas fut à nouveau contacté.
    Archépios l’avait
laissé sans avoir trouvé les soles qu’il comptait faire braiser pour le soir. Comme
tous les matins, les marchands de fruits et légumes cédaient la place aux
potiers et aux peaussiers. Judas repéra un teinturier aux deux ou trois bouts
de laine bleue et rouge qu’il portait en guise de boucles d’oreilles. L’air
inquiet, l’homme regardait autour de lui avec une extrême maladresse, scrutant
les clients les uns après les autres.
    Judas s’amusait de son manège quand, soudain, l’homme,
en croisant son regard, parut ravi. Il se rapprocha de lui.
    « Es-tu Judas, celui qui vient de Galilée ? »
    Judas se sentit glacé. Il y avait des années
que plus personne ne lui avait parlé de ses origines. Qui pouvait bien savoir ?
    « Alors, c’est bien toi ?
    — Pas du tout. Je ne vois ni de qui tu
parles ni au nom de quoi tu oses ainsi m’aborder.
    — Il m’avait prévenu que tu refuserais. On
m’a demandé de te dire certains mots, et que tu comprendrais : Ciborée, Nathanaël,
Barabbas, le Gaulanite, Chorazim… Cela ne te dit toujours rien ? »
    À chaque mot, l’homme guettait les réactions
sur le visage de Judas.
    « Si c’est toi, j’ai quelque chose à te
remettre. Sinon, je le garde pour moi… »
    Judas le regarda droit dans les yeux. Qui
pouvait-il être ? Un espion de Rome ? C’était absurde. Pourquoi le
préviendrait-il ainsi ? Un maître chanteur ? Peut-être, oui. Mais
Judas se sentait de taille à lutter contre lui.
    « Veux-tu que je te dise quelque chose d’autre
pour te décider ? Si je te parle de Ciborée et de Barabbas ? Cela te
fait un peu mal, mais tu dois admettre que j’en sais long sur toi. Si c’est toi
bien sûr… »
    La main de Judas se leva, comme pour frapper, ce
qui était déjà un aveu.
    « Allons, c’est bien toi. Tiens, prends. »
    À la main, il tenait un paquet.
    « Mais ne l’ouvre que quand je serai loin. »
    Judas rentra chez lui à pas qu’il voulait
mesurés, mais son cœur battait la chamade. Dix fois, il voulut ouvrir le paquet
dans la rue, et dix fois il recula devant cette imprudence. À peine arrivé, il
se précipita dans sa chambre.
    Le paquet contenait plusieurs tessons de
poterie, sur lesquels on avait écrit avec un morceau de charbon. Il attrapa le
premier.
    « Si c’est bien toi. »
    Alors, à voir cette formule désireuse de ne
pas le nommer, Judas frémit.
    Il comprit que Barabbas était de retour dans
sa vie.
    Le message était
très clair, bien que rien n’y soit expressément dit.
    « Il faut reprendre la moisson, malgré la
tempête, lui disait-il. Je sais où tu es, et j’ai besoin de toi. Tu dois me
rejoindre tant nous avons de choses à faire ensemble. Tout ce qui se passe
prouve que le blé est mûr. Tiens-toi prêt. »
    Il n’y avait pas de signature.
    Judas fut recontacté trois jours plus tard. Un
homme le bouscula dans la rue, presque à le faire tomber, et lui murmura en se
penchant sur lui :
    « Suis-moi de loin. »
    Ils remontèrent vers la porte de Damas et
prirent la route de Césarée. Non loin des carrières, ils entrèrent dans un de
ces quartiers récemment construits qui attiraient aussi bien des marchands en
attente d’emplacements en ville que toute la racaille du désert, brigands et
criminels désireux d’échapper à la justice et trouvant là au moins l’anonymat
et la discrétion. Les légionnaires y descendaient en effet rarement, préférant
laisser se résoudre en règlements de comptes bien des histoires.
    Judas commençait à se sentir mal à l’aise, tant
son habillement tranchait avec celui des gens qu’il croisait.
    Au coin d’une ruelle, son guide pénétra dans
une taverne. Elle était sale, puante, mal éclairée. À l’entrée, un homme était
allongé, sans que

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