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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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Ne le dites à personne, Harry, mais le texte est ignoble.
    –  Vous me connaissez, Laura, dit l’homme chauve. Ai-je jamais répété quoi que ce soit ?
    –  Bonne année, chérie !
    Michael embrassa Laura sur la joue.
    Laura se retourna, tenant toujours la main du petit homme. Elle sourit. Même au milieu de la fête, et des ivrognes, et du bruit, il y avait dans son regard cette expression de tendresse et de chaude bienvenue qui surprenait toujours et émouvait Michael. Elle leva son bras libre, attira Michael et l’embrassa. Elle hésita une seconde, avant de l’embrasser, une seconde au cours de laquelle il devina qu’elle le flairait d’un air interrogateur. Il se sentit devenir froid et boudeur, alors même qu’ils s’embrassaient. « Elle le fait toujours, pensa-t-il. An vieux, an neuf, c’est toujours la même chose. »
    –  Je me suis aspergé avant de quitter le théâtre, dit-il en s’écartant et se redressant, avec deux flacons de Chanel Numéro 5.
    Il vit trembler un peu les paupières de Laura, offensée.
    –  Ne sois pas mufle avec moi en 1938, dit-elle. Pourquoi rentres-tu si tard ?
    –  J’ai dû boire un verre ou deux.
    –  Avec qui ?
    L’air soupçonneux et pincé qui envahissait toujours le visage de Laura lorsqu’elle le questionnait compromit la candeur délicate de son expression habituelle.
    –  Quelques-uns des copains, dit-il.
    –  C’est tout ?
    Elle parlait du ton insouciant et enjoué qu’il convenait d’adopter, dans son milieu, lorsqu’on taquinait son mari en public.
    –  Non, j’oubliais, dit Michael. Il y avait six danseuses polynésiennes, avec une noix dans le nombril, mais nous les avons laissées à la Cigogne.
    –  N’est-ce pas qu’il est spirituel ? dit Laura au petit homme chauve.
    –  C’est une scène de ménage, affirma le petit homme. Et je ne veux pas assister à une scène de ménage !
    Il agita les doigts à l’adresse des Whitacre.
    –  À bientôt, Laura chérie, dit-il.
    Et il disparut dans la foule.
    –  J’ai une bonne idée, dit Laura. Ne soyons pas mufles avec les épouses, ce soi r.
    Michael vida son verre, et le posa sur une table.
    –  Qui est ce moustachu ? demanda-t-il.
    –  Oh, Harry ?
    –  Celui que tu étais en train d’embrasser.
    –  Harry. Il y a des années que je le connais. On le rencontre dans toutes les parties.
    Laura aplatit tendrement ses cheveux.
    –  Ici comme sur la Côte. Je ne sais pas ce qu’il fait. Il est peut-être agent artistique. Il est venu me dire qu’il m’avait trouvée enchanteresse dans mon dernier film.
    –  Il a dit enchanteresse ?
    –  Bien sûr.
    –  C’est comme ça qu’ils parlent à Hollywood.
    –  Je le suppose.
    Elle lui souriait, mais ses yeux erraient de-ci , delà à travers la pièce, comme ils le faisaient toujours sauf lorsqu’ils étaient chez eux.
    –  Comment m’as-tu trouvée dans mon dernier film ?
    –  Enchanteresse, dit Michael. Viens boire un verre.
    Laura se redressa, lui prit le bras, frotta sa joue contre son épaule et dit :
    –  Content que je sois là ?
    Et Michael sourit et répondit :
    –  Enchanté.
    Ils s’esclaffèrent et se dirigèrent vers le bar, côte à côte, à travers la foule compacte qui occupait le centre de la pièce.
    Le bar était dans la pièce voisine, sous une peinture abstraite, qui représentait probablement une femme avec trois seins écarlates a ssise sur un parallélogramme.
    Ils y retrouvèrent Wallace Arney, pansu et grisonnant, qui portait à ses lèvres une tasse de thé. Il était flanqué d’un homme puissant et trapu, vêtu d’un complet de serge bleue, dont le vi sage semblait avoir été exposé aux intempéries pendant dix hivers de suite. Il y avait aussi deux jeunes filles aux jolis visages sans relief, aux hanches osseuses et non gainées de mannequins, qui buvaient du whisky pur .
    –  Il t’a fait la cour ? disait l’une d’elles au moment où Michael parvint à leur hauteur.
    –  Non, répondit l’autre en secouant ses cheveux blonds et lisses.
    –  Pourquoi ? demanda la première.
    –  En ce moment, dit la fille blonde, il est Yoghi.
    Toutes deux contemplèrent leurs verres, d’un ai r pensif, les vidèrent d’un trait et s’éloignèrent ensemble, souples et majestueuses comme deux panthères dans la jungle.
    –  Tu as entendu ça ? demanda Michael à Laura.
    –  Oui.
    Laura riait.
    Michael dit au barman de leur servir deux

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