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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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Attendez d’arriver à mon âge, Whitacre, et essayez d’être profond.
    –  Je suis sûre que Michael aime beaucoup votre pièce, dit Laura d’une voix claire, apaisante.
    –  Vous êtes une très jolie femme, madame Whitacre, dit Arney, et vous avez beaucoup d’amis, mais soyez gentille et bouclez-la pour l’instant.
    –  Pourquoi n’allez-vous pas vous allonger Quelque part ? dit Michael.
    –  Ne détournez pas la conversation.
    Arney tourna vers Michael un regard vague et belliqueux.
    –  Je sais ce que vous racontez partout en société. Arney est un vieil imbécile périmé. Arney raconte des histoires de gens disparus depuis 1929, dans un style disparu depuis 1829. Ce n’est même pas très drôle. J’ai des tas de critiques. Pourquoi dois-je les payer de mon propre argent ? Je n’aime pas les jeunes écervelés comme vous, Whitacre. Vous n’êtes même plus assez jeune pour être aussi écervelé.
    –  Écoute, mon pote, commença l’homme au complet de serge bleue.
    –  Parlez-lui, dit Arney à Parrish. Il est communiste, lui aussi. C’est pourquoi je ne suis pas assez profond pour lui. Pour être profond, de nos jours, il suffit de payer quinze cents chaque semaine pour les Nouvelles Masses.
    Il prit amoureusement Parish par la taille.
    –  Voilà le genre de communiste que j’aime, monsieur Whitacre, dit-il. M. Parrish.  «  M.Parrish-au-teint-recuit ». Il s’est fait recuire le teint dans l’Espagne ensoleillée. Il est allé en Espagne, et il s’est fait tirer dessus à Madrid, et il retourne en Espagne où il va se faire tuer. N’est-ce pas, monsieur Parrish ?
    –  Bien sûr, mon pote, dit Parrish.
    –  Voilà le genre de communiste que j’aime, cria Arney. M. Parrish est ici pour ramasser de l’argent et quelques volontaires qu’il emmènera se faire tuer avec lui dans l’Espagne ensoleillée. Au lieu d’être profond dans les parties de New York, Whitacre, pourquoi n’allez-vous pas être profond en Espagne avec M. Parrish ?
    –  Si vous ne vous taisez pas… commença Michael.
    Mais une grande femme, au visage royal et bru n encadré de cheveux argentés, surgit entre Arney et lui et, calmement, silencieusement, envoya la tasse d’Arney rouler sur le plancher, où elle s’écrasa avec un léger bruit de porcelaine brisée. Arney la regarda, furieux, puis sourit d’un air contrit et baissa les yeux vers le plancher.
    –  Hello ! Félice, dit-il.
    –  Quitte ce bar immédiatement, dit Félice.
    –  Je buvais juste un peu de thé, dit Arney.
    Il tourna les talons et s’éloigna en traînant les pieds, vieillot et gras, ses cheveux gris et ternes plaqués par la transpiration sur sa grosse tête.
    –  M. Arney ne boit pas, dit Félice au barman.
    –  Bien, madame, dit le barman.
    –  Seigneur, dit Félice à Michael. Je le tuerais ! Il me rend complètement folle. Et, au fond, c’est un si brave homme.
    –  Adorable, dit Michael.
    –  À-t-il été très désagréable ? demanda anxieusement Félice.
    –  Adorable, répéta Michael.
    –  Personne ne l’invitera plus nulle part, et tout le monde l’évite déjà, gémit Félice.
    –  Je ne vois vraiment pas pourquoi, dit Michael.
    –  Ça n’en est pas moins terrible pour lui, insista tristement Félice. Il se cloître dans la chambre et remâche tout ça et raconte à qui veut l’entendre qu’il n’est plus qu’un « ci-devant ». Je pensais que cette party le distrairait et que je pourrais le tenir à l’œil.
    Elle haussa les épaules, observant la retraite du grand corps affaissé d’Arney.
    –  Certains hommes devraient avoir la main coupée au poignet lorsqu’ils l’allongent vers leur premier verre.
    Elle releva ses jupes d’un geste cérémonieux, à l’ancienne mode, et suivit l’auteur, dans un froissement de taffetas.
    –  Je crois, dit Michael, que je boirais volontiers un verre.
    –  Moi aussi, dit Laura.
    –  Sûr, mon pote, dit M. Parrish.
    Ils regardèrent, en silence, le barman remplir leurs trois verres.
    –  L’abus de l’alcool, prêcha solennellement M. Parrish en tendant la main vers son verre, est la seule chose qui place l’homme au-dessus de l’animal.
    Ils rirent, et Michael leva son verre, avant de boire.
    –  À Madrid, dit Parrish, d’un ton machinal, d’un ton de tous les jours.
    Et Laura répondit :
    –  À Madrid, d’une voix assourdie, haletante.
    Michael hésita, mal à l’aise, avant de

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