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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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fouilla longuement le contenu, les souliers de rechange, les treillis propres, les gants de laine verte, la boîte d’articles d’entretien pour les chaussures. Mais l’argent ne s’y trouvait pas. Noah s’empara de son autre sac, le posa près du premier, et le fouilla avec la même méthode. L’argent n’y était pas non plus. De temps à autre, il relevait brusquement la tête, pour voir si personne ne l’observait. Mais ils dormaient tous, nullement incommodés par le chœur hideux, haïssable, éternel, de leurs propres ronflements. « Bien, pensa-t-il, si jamais j’en surprends un à me regarder, je le descends. »
    Il remit dans les sacs ses effets éparpillés, puis sortit son papier à lettres et rédigea une courte note. Ensuite, il quitta la baraque et se dirigea vers la salle du rapport. Sur le tableau d’affichage, devant la salle du rapport, parmi les avis sardoniques au sujet des bordels de la ville et les règlements et la liste des dernières promotions, il y avait un espace réservé aux « objets perdus et trouvés ». Noah fixa sa feuille de papier, à l’aide d’une punaise, au-dessus d’une note du soldat de première classe O’ Reilly exigeant la restitution d’un couteau à six pièces volé la veille dans sa boîte à paquetage. Une lampe pendait à l’extérieur de la salle du rapport, et, à sa faible lueur, Noah relut ce qu’il avait écrit.
    « Aux hommes de la compagnie C. Dix dollars ont été volés dans le sac du soldat Noah Ackermann, 2 e peloton. La restitution de l’argent ne m’intéresse pas et je ne porterai aucune plainte. Je ne veux que me payer sur la bête, avec mes propres mains. Prière à celui ou à ceux que cela concerne de se mettre immédiatement en rapport avec mo i « Signé : soldat Noah Ackermann. »
    Noah sentit, en s’éloignant du tableau d’affichage, qu’il avait fait la seule chose qui pouvait encore l’empêcher de devenir fou.
    Le lendemain soir, en se dirigeant vers le mess, à l’heure du souper, Noah s’arrêta au tableau d’affichage. Sa note était toujours là. Une autre la soulignait, sur laquelle il n’y avait que deux courtes phrases :
    « C’est nous qui l’avons pris, Youpin. Nous t’attendons. »
    P . Donnelly J. Wright E Jackson M. Silichner P. Sander s
    Signé  :
    B Cowley W Demutb E. Ricker R. Hende l
    R. Brailsfor d
    Michael était en train de nettoyer son fusil lorsque Noah vint le trouver.
    –  Je peux te parler un instant ? dit Noah.
    Michael leva les yeux, profondément ennuyé. I l était fatigué, et, comme d’habitude, plutôt embarrassé par le mécanisme inextricable du vieux Springfield.
    –  Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-il.
    Ackermann ne lui avait pas dit un mot, depuis l e jour où Michael avait essayé de le soutenir sur la colline.
    –  Je ne peux pas te le dire ici, objecta Noah en regardant autour de lui.
    C’était après le souper, et il y avait trente ou quarante hommes dans la baraque, trente ou quarante hommes qui lisaient, écrivaient des lettres, bricolaient avec leur équipement, écoutaient la radio.
    –  Ça ne peut pas attendre ? demanda froidement Michael. Tu vois bien que je suis occupé…
    –  Il faut que je te parle t out de suite, dit Noah.
    Michael le regarda plus attentivement. Le visag e d’Ackermann était sillonné de lignes profondes, incertaines ; ses yeux paraissaient plus noirs et plus grands que d’habitude.
    –  Tout de suite, répéta-t-il. Je vais t’ attendre dehors.
    –  O. K., soupira Michae l. Il réassembla son fusil, honteux, comme toujours, des difficultés qu’il éprouvait. « Seigneur, pensait-il, en sentant ses mains graisseuses glisser sur les surfaces lisses et entêtées, je peux monter une pièce, discuter la signification de Thomas Mann, mais n’importe quel paysan fait ça mieux que moi, les yeux fermés… »
    Il pendit son fusil et sortit en s’essuyant les mains. Ackermann l’attendait non loin de là, dans l’obscurité, Michael distinguait sa mince silhouette, à la lueur d’une lampe lointaine. Ackermann lui fit signe d’approcher, d’un geste de conspirateur, et Michael se dirigea vers lui, songeant : « C’est sur moi que tombent tous les cinglés… »
    –  Lis ça, dit Noah.
    Il mit deux petites feuilles de papier dans la main droite de Michael.
    Michael s’orienta de manière à pouvoir lire les deux notes. La première était celle que Noah avait épinglée au tableau

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