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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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petite ville triste e t poussiéreuse, avec ses dix bistrots coiffés d’enseignes au néon.
    –  Quel dommage que tu doives passer la semaine dans ce trou .
    –  Un trou ! s’exclama-t-elle. J’adore cette ville. Elle me rappelle la Riviera.
    –  Tu as été sur la Riviera ?
    –  Jamais.
    Noah regarda les rails du chemin de ter, le quartier nègre, les cabanes misérables, de part et d’autre, en bordure du chemin creusé d’ornières.
    –  Tu as raison, dit-il. Ça rappelle tout à fait la Riviera.
    –  Tu as été à la Riviera ?
    –  Jamais.
    Ils se sourirent et marchèrent un instant en silence. Hope posa sa tête sur l’épaule de Noah.
    –  Combien de temps ? dit-elle. Combien de temps encore ?
    Il savait de quoi elle parlait, mais il dit :
    –  Quoi ?
    –  Combien de temps durera-t-elle ? La guerre…
    Assis dans la poussière, un petit Nègre caressai t gravement la tête d’un coq. Noah loucha dans le soleil, pour mieux le regar der. Le coq semblait dormir, hypnotisé par le mouvement régulier des petites mains noires.
    –  Pas longtemps, dit Noah. Pas longtemps du tout. Tout le monde le dit.
    –  Tu ne mentirais pas à ta femme, n’est-ce pas ?
    –  Pas de danger, dit Noah. Je connais un sergent, au Q. G. d u régiment, et il dit que tout le monde pense que notre division n’aura même pas l’occasion de combattre. Il dit que le colonel était fou furieux, parce qu’il voyait s’enfuir ses dernières chances de devenir B. G.
    –  B. G. ?
    –  Brigadier général.
    –  Suis-je stupide de l’ignorer ?
    –  Oui, dit Noah. J’adore les femmes stupide s.
    –  Très flattée, gronda Hope.
    Ils pivotèrent simultanément sans se consulter, comme si leurs deux cerveaux se fussent alimentés au même réservoir d’impulsions, et reprirent le chemin du « garni ».
    –  J’espère que le salaud ne le deviendra jamais, dit soudain Hope d’une voix suav e.
    Noah sursauta.
    –  Ne deviendra jamais quoi ? s’informa-t-il, stupéfait.
    –  B. G.
    Un silence, puis :
    –  J’ai une idée sensationnelle, dit Hope.
    –  Laquelle ?
    –  Retournons dans notre chambre et fermons la porte à double tour.
    Elle lui sourit, et tous deux hâtèrent le pas, en direction de leur « garn i ».
    Quelqu’un frappa, et la voix de la propriétaire retentit à travers le battant.
    –  Madame Ackermann. Madame Ackermann. Je voudrais vous voir une minute, s’il vous plaî t.
    Hope fronça les sourcils, puis haussa philosophiquement les épaules.
    –  Je descends, cria-t-elle.
    Elle se tourna vers Noa h.
    –  Reste où tu es, dit-elle. Je reviens dans une minute.
    Elle l’embrassa sur l’oreille, ouvrit la porte et sortit. Noah se renversa sur le lit, contemplant le plafond entre ses paupières mi-close s, il somnola, dans cette fin radieuse d’un après-midi dominica l une locomotive sifflait quelque part, et des voix de soldats esseulés chantaient en bas, sous la fenêtr e Tu rends le temps et l’amour agréables , Tu prépares des mets délectables , Mais as-tu du pognon, chérie ? Le pognon, y a qu’ça dans la vie. Noah savait qu’il connaissait cette chanson. Puis il se souvint de Roger et que Roger était mort. Mais, avant qu’il ait eu le temps d’approfondir ce problème, il s’endormit.
    Le bruit de la porte se refermant doucement le tira de son sommeil. Il ouvrit les yeux et sourit à Hope qui se penchait au-dessus de lui.
    –  Noah, dit-elle. Il faut que tu te lèves.
    –  Plus tard, dit-il. Beaucoup plus tard. Viens avec moi.
    –  Non, dit-elle d’une voix blanche. Il faut que tu te lèves maintenant.
    Il s’assit sur le lit.
    –  Qu’est-ce qui se passe ?
    –  C’est la propriétaire, dit Hope. Elle dit qu’il faut que nous partions immédiatement.
    Noah secoua la tête, pour tenter d’éclaircir ses idées.
    –  Répète un peu, dit-il.
    –  La propriétaire dit qu’il faut que nous partions…
    –  Chérie, grogna gentiment Noah. Tu as certainement compris de travers.
    –  J’ai très bien compris, dit Hope.
    Sa physionomie était pâle et tendue.
    –  J’ai parfaitement compris qu’il fallait que nous partions.
    –  Pourquoi ? Tu n’as pas loué cette chambre pour une semaine ?
    –  Si, dit Hope. Je l’ai louée pour une semaine. Mais la propriétaire ait que je n’ai pas agi loyalement avec elle. Elle ne savait pas que nous étions Juifs.
    Noah se leva et baissa les yeux vers la

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