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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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Aujourd’hui.
    –  Mon nom est dans l’annuaire du téléphone, l’informa-t-elle.
    Elle reprit sa route et contourna le coin de la maison, avec sa démarche précise, droite et gracieuse, portant les raquettes et le filet. Ses jambes étaient brunes et sveltes sous sa jupe oscillante. Michael resta un instant immobile, essayant de se recomposer un visage impassible. Puis il la suivit jusqu’au jardin.
    Les autres invités étaient arrivés. Tony, et Moran, et une jeune fille en pantalon rouge et chapeau de paille au bord large de cinquante centimètres. Moran était grand et mince et portait une chemise bleu foncé au col ouvert. Sa peau était brunie pa r le soleil, et ses cheveux retombèrent sur ses yeux lorsqu’il se pencha pour serrer la main de Michael .  Pourquoi diable n’ai-je pas cette allure ? » pensa Michael, machinalement, en sentant sur sa main la ferme pression masculine des doigts de Moran . Ah ! Ces acteurs… » pensa-t-il.
    –  Oui, s’entendit-il déclarer, nous nous sommes déjà rencontrés. Un premier de l’ an . La nuit où Arney a joué la grande scène du suicide.
    Tony avait l’air bizarre. Quand Michael le présenta à M lle  Freemantle , i l sourit à peine, s’affala sur le gazon et y demeura immobile, affaissé, le visage blême et soucieux, les cheveux en désordre. Tony enseignait, chez Rutgers, la littérature française. Il était Italien, bien que son visage fût plus pâle et plus austère que ce qu’on attend généralement d’un visage italien. Michael était allé à l’école avec lui et nourrissait pour lui une amitié qui, à travers les ans, n’avait fait que croî tre. Il avait une voix timide, raffinée, étouffée et livresque, comme s’il avait été toujours en train de chuchoter dans une bibliothèque. C’était un bon ami des sœurs Boullard. Il buvait avec elles, deux ou trois fois par semaine, un thé courtois, agréable et bilingue, mais, aujourd’hui, ils ne se regardèrent même pas.
    Michael se mit à planter l’un des poteaux. Et, tandis qu’il l’enfonçait dans la pelouse, il entendit la jeune fille au pantalon rouge s’écrier d’une voix aiguë, à la dernière mode :
    –  Cet hôtel est tout simplement épouvantable. Une salle de bains par étage et des lits qui pourraient servir à refaire le pont d’un navire et des masses d’absurde cretonne avec des hordes, mais réellement des hordes d’insectes. Et les prix !…
    Michael regarda Margaret et secoua la tête, légèrement, avec ironie, et Margaret lui sourit, brièvement, et baissa les yeux. Michael jeta un coup d’œil dans la direction de Laura. Laura fixait sur lui un regard impavide. « Comment diable se débrouille-t-elle ? pensa Michael. Rien ne lui échappe ; si seulement elle mettait ses capacités d’observatrice au service d’une bonne cause. »
    –  Tu ne le mets pas au bon endroit, dit-elle. L’arbre va gêner.
    –  Je t’en prie, dit Michael. Laisse-moi taire.
    –  Mais tu t’y prends en dépit du bon sens, insista Laura.
    Michael ne fit pas attention à elle et continua d’enfoncer son poteau.
    Soudain, les deux demoiselles Boullard se levèrent, enfilant leurs gants, avec des gestes identiques.
    –  Nous avons passé un très bon moment, dit la plus jeune. Merci beaucoup. Nous regrettons, mais nous devons partir à présent.
    Michael s’arrêta, surpris.
    –  Mais vous venez d’arriver, dit-il.
    –  Nous sommes navrées, répliqua la cadette, mais ma sœur souffre d’une migraine désastreuse.
    Les deux sœurs passèrent d’invité en invité, serrant les mains à la ronde. Elles ne serrèrent pas la main de Tony. Elles ne le regardèrent pas, passèrent à côté de lui comme s’il n’avait pas été là. Tony les contemplait avec une expression étrange, incertaine, enfantine et comme dénudée.
    –  Ne vous inquiétez pas, dit-il en ramassant sur la pelouse le chapeau de paille à l’ancienne mode qu’il portait à son arrivée. Ne vous inquiétez pas. Vous n’avez pas besoin de partir : c’est moi qui m’en vais.
    Il y eut un instant de pénible tension ; tout le monde observait Tony et les deux sœurs.
    –  Nous sommes très heureuses de vous avoir rencontré, disait à Moran la plus jeune des sœurs Boullard. Nous avons beaucoup aimé tous vos films.
    –  Merci, dit Moran, gracieux et juvénile. C’est très gentil à vous…
    « Ces acteurs », pensa Michael.
    –  Assez ! cria Tony, hors de

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