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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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Oh, non !
    Michael se retourna, surpris. M lle  Freemantle se tenait près de lui, la main sur la bouche, comme si ces mots lui avaient échappé.
    –  Vous disiez ? demanda Michael.
    –  Je… je n’aurais pas dû, bégaya la jeune fille. Je ne voulais pas intervenir, mais…
    Elle parlait très sérieusement.
    –  Vous ne devriez pas dire que nous devrions nous battre. « Un membre féminin du Parti, songea Michael ; c’est pourquoi elle était avec Johnson. On n’aurait jamais cru ça d’elle : elle est si jolie ! »
    –  Je suppose, dit Michael, que si la Russie entrait dans le conflit, vous changeriez immédiatement d’avis.
    –  Oh, non ! dit M lle  Freemantle. Ça ne changerait absolument rien.
    « Raté, une fois de plus, pensa Michael ; je m’abstiendrai, à l’avenir, de faire ce genre de jugements éclairs. »
    –  Ça ne donne jamais rien de bon, continua la jeune fille, d’une voix hésitante. Et tous les jeunes gens partent et se font tuer. Tous mes amis, mes cousins… Je suis peut-être égoïste, mais… Je n’aime pas entendre parler les gens comme vous le faites. Je suis allée en Europe, et c’était ainsi qu’ils parlaient. Maintenant, la plupart des garçons que j’y ai connus, avec lesquels j’ai dansé et fait du ski… Ils sont probablement morts. Et pourquoi ? Ils parlaient et parlaient, jusqu’à ce qu’ils en soient arrivés, finalement, à un point où la seule chose qu’ils puissent encore faire fût de s’entre-tuer. Pardonnez-moi, conclut-elle sérieusement, je n’avais pas l’intention de me faire remarquer. Ce n’est sans doute qu’une sotte manière féminine de voir le monde, mais…
    –  Mesdemoiselles Boullard…
    Michael se tourna vers les deux Françaises.
    –  En tant que femmes, quelle est votre position… ?
    –  Notre position…
    Ce fut la plus jeune qui répondit, d’une voix polie, inexpressive.
    –  J’ai bien peur que nous ne puissions pas nous permettre le luxe de choisir notre position.
    –  Michael, dit Laura. Pour l’amour de Dieu, va chercher les poteaux.
    –  Tout de suite.
    Michael se prépara à lui obéir.
    –  Et vous, Roy, dit Laura à Johnson, fermez-la.
    –  Oui, m’dame, répondit Johnson, souriant. Voulez-vous que je vous raconte les derniers potins ?
    –  Je suis sur des charbons ardents, minauda Laura, en réussissant à prendre une voix insouciante de garden-party.
    Michael et M lle  Freemantle se dirigèrent vers le derrière de la maison.
    –  Joséphine en a un nouveau, annonça Johnson. Ce grand garçon blond avec l’Expression – notez la majuscule ! L’acteur de cinéma Moran.
    Michael s’arrêta en entendant le nom, et M lle  Freemantle faillit s’écraser le nez sur son dos .
    –  Elle l’a ramassé dans une galerie d’art, selon elle. N’a-t-il pas joué dans un de vos films, Laura ?
    –  Oui, dit Laura.
    Michael l’observait attentivement, essayant de voir si son visage changerait en parlant de Moran. Mais le visage de Laura était impassible.
    –  C’est un acteur qui monte, dit-elle. Un peu superficiel, mais intelligent.
    « On ne sait jamais, avec les femmes, pensa Michael. Elles se tailleraient une place en paradis, à coups de mensonges, sans même baisser les paupières. »
    –  Il va venir, dit Johnson. Moran. Il est ici pour ta première production théâtrale de la saison d’été, et je me suis permis de l’inviter. J’espère que vous n’y voyez aucune objection ?
    –  Non, dit Laura. Bien sûr que non.
    Mais Michael l’observait, et il vit un frisson fugitif courir sur son visage. Puis elle tourna la tête et il cessa de voir quoi que ce soit.
    « Les joies du mariage », pensa-t-il.
    –  M. John Moran ? dit la cadette des demoiselles Boullard. Sa voix était soudain vivante et enchantée.
    –  Oh, c’est merveilleux ! Il est si extraordinaire. Si masculin… C’est très important pour un acteur.
    –  J’ai entendu dire, coupa cruellement Michael, que Moran était une tante.
    « Seigneur, pensait-il, voilà bien les femmes !
    Prêtes à pleurer parce que leur pays est en train de subir la plus effroyable défaite de son histoire, et tout excitées, une minute plus tard, à l’idée de rencontrer un bel acteur sans cervelle !… Si masculin !… Ah oui ? »
    –  Ce ne peut pas être une tante, protesta Johnson. Chaque fois que je le rencontre, il est avec une femme différente.
    –  Peut-être

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