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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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Par ton armée.
    Elle fit une charmante petite grimace à l’adresse de Brandt. Brandt s’esclaffa, l’embrassa sur la bouche. Les mains de Simone s ’attardèrent un instant sur les épaules de Brandt. Puis elle se dégagea. Elle avait vieilli, remarqua Christian. Elle était toujours coquette et séduisante, mais il y avait des plis anxieux, autour de ses yeux, et son teint était terne et sans vie.
    –  Avez-vous l’intention de rester longtemps ? demanda Françoise.
    Il y eut un moment de pénible tension. Puis Christian déclara, fermement :
    –  Nous n’en savons rien encore, nous…
    Il entendit le rire de Brandt et s’arrêta. C’était un rire nerveux, suraigu, hystérique, un mélange d’amertume et de soulagement.
    –  Christian, dit Brandt, cessez d’être aussi correct. Nous avons l’intention de rester jusqu’à la fin de la guerre.
    Alors les nerfs de Simone lâchèrent prise. Elle s’assit sur le bord du canapé, et Brandt dut la consoler. Christian intercepta le regard de Françoise et crut y lire une franche gaieté. Puis Françoise se détourna poliment et recula jusqu’à la fenêtre.
    –  Va donc, ce n’est rien, disait Simone. C’est ridicule. Je ne sais pas pourquoi je pleure. Je deviens comme ma mère. Elle pleure quand elle est heureuse, elle pleure quand elle est triste, elle pleure quand il fait soleil ou qu’il commence à pleuvoir. Va donc. Va te laver. Allez-vous laver tous les deux. Et, quand vous reviendrez, je serai calmée, et je vous aurai préparé un bon petit souper. Va. Ne me regarde pas avec mes propres yeux. Va te laver.
    Brandt souriait. Un sourire enfantin et bête, le sourire du « retour au bercail », légèrement déplacé sur son visage intelligent et maigre, souillé par la poussière normande de leur longue randonnée.
    –  Venez, Christian, dit Brandt. Allons faire un brin de toilette.
    Ensemble, ils pénétrèrent dans la salle de bains.
    Françoise, observa Christian, ne les regarda pas sortir.
    Une fois dans la salle de bains, par-dessus la rumeur de l’eau courante (froide aux deux robinets, en raison du mazout rationné), Brandt reprit la parole, à travers le savon qui couvrait son visage, tandis que Christian passait un peigne dans ses cheveux trempés.
    –  Cette femme a quelque chose, dit Brandt, que je n’ai jamais trouvé chez personne d’autre. Je… je l’accepte en bloc, sans aucune restriction. C’est curieux, avec les autres femmes, j’étais trop critique. Elles étaient trop maigres, trop sottes ou trop vaniteuses… Deux ou trois semaines, et je ne pouvais plus les supporter. Mais avec Simone… Je sais qu’elle est un peu sentimentale et qu’elle vieillit un peu, et qu’elle commence à avoir quelques petites rides… mais… – il esquissa un sourire savonneux – Ça me plaît. Elle n’est pas tellement spirituelle. Ça me plaît. Elle a une tendance à pleurer. Ça me plaît.
    Puis il parla sérieusement :
    –  C’est la seule bonne chose que m’ait apportée la guerre.
    Probablement honteux d’avoir parlé aussi franchement, il ouvrit tout grand le robinet et se rinça vigoureusement le cou et la physionomie. Il était nu jusqu’à la ceinture, et Christian remarqua, avec une pitié amusée, à quel point les os de son ami paraissaient sur le point de lui crever la peau, à quel point ses bras étaient frêles. « Quel amant, pensa Christian, quel soldat ! comment diable est-il parvenu à survivre à quatre ans de guerre ? »
    Brandt se redressa, s’essuya le visage.
    –  Christian, dit-il sérieusement, d’une voix qu’étouffait la serviette, vous allez rester avec moi, n’est-ce pas ?
    –  Avant tout, répliqua Christian, parlant plus bas que l’eau courante, avant tout, que pensez-vous de l’autre jeune femme ?
    –  Françoise. – Brandt fit un geste d’insouciance.
    –  Ne vous inquiétez pas à son sujet. Il y a de la place. Vous pourrez dormir sur le canapé. Ou… – il sourit –  étendez-vous avec elle, et vous n’aurez pas besoin de dormir sur le canapé.
    –  Ce n’est pas la place qui m’inquiète, dit Christian.
    Brandt leva la main vers le robinet.
    –  Laissez-le, ordonna Christian, en lui repoussant le bras.
    –  Quelle mouche vous pique ? demanda Brandt, intrigué.
    –  Elle n’aime pas les Allemands, n’est-ce pas ? dit Christian. Elle peut nous créer de gros ennuis.
    –  Ridicule !
    D’un mouvement rapide, Brandt ferma le

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