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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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whisky.
    Michael vida son verre, s’assit et regarda l’un des correspondants lui verser quatre doigts de whisky.
    –  Je suis dans les Affaires civiles, dit Pavone, et j’ignore où ils vont m’envoyer. Mais j’aime mieux vous dire tout de suite que, s’ils m’envoient en France, ce sera une immense rigolade. Les Français se gouvernent eux-mêmes depuis cinq cinquante ans, et ils éclateront de rire au nez de quiconque voudra leur dire quoi que ce soit, fût-ce la meilleure façon d’installer la plomberie de l’hôtel de ville !
    –  Je vous joue cinq cents livres, dit, à l’autre table, le correspondant hongrois.
    –  Tenu, dit le major aviateur.
    Tous deux rédigèrent des billets à ordre.
    –  Que se passe-t-il, Whitacre ? demanda Pavone. Le général a annexé votre Louise ?
    –  Pas pour longtemps, dit Michael.
    Il jeta un coup d’œil vers le bar. Lourdement appuyé contre Louise, le général buvait de l’alcool en riant aux éclats.
    –  Le privilège de la supériorité hiérarchique, commenta Pavone.
    –  Le général aime les femmes, dit l’un des correspondants. Il vient de passer quinze jours au Caire, où il a trouvé le moyen de s’envoyer quatre volontaires de la Croix-Rouge. Lorsqu’il est retourné à Washington, ils lui ont donné la médaille du mérite.
    –  Vous en avez une ? dit Pavone en exhibant la carte de M me  Kearney.
    –  Je la garderai toujours, comme souvenir, répondit Michael en exhibant la sienne.
    –  Cette femme doit être la providence des imprimeurs, dit Pavone.
    –  Son père est dans la bière, expliqua l’un des correspondants. Ils ont de l’argent à jeter par les fenêtres.
    –  Je ne veux pas servir dans l’aviation, entonna la R. A. F., dans la pièce contiguë. Et je ne veux pas partir pour la guerre. J’aime mieux le métro de Piccadilly…
    À l’extérieur, les sirènes d’alerte se mirent à hurler.
    –  Les Fritz commencent à exagérer, dit l’un des correspondants. Deux raids en une seule nuit…
    –  Je prends ça comme une injure personnelle, dit un autre correspondant. J’ai juste écrit hier un article prouvant que la Luftwaffe était anéantie. J’ai additionné les pourcentages de production aérienne anéantis, selon les rapports officiels, par la 8 e armée de l’Air, la 9 e armée de l’Air, la R. A. F., et les appareils abattus par les chasseurs en cours de raids, et j’ai découvert que la Luftwaffe avait perdu cent soixante-huit pour cent de sa force initiale. Trois mille morts !
    –  Avez-vous peur des raids aériens ? demanda à Michael un troisième correspondant.
    Il était petit, gros, et s’appelait Ahearn. Il avait un visage sérieux et rond, bouffi par l’alcool.
    –  Je ne vous pose pas là une question isolée, continua-t-il. Je fais une enquête sur la peur, pour le Collier’s. La peur est le plus grand commun dénominateur des hommes de toutes les armées, et il serait intéressant de l’examiner à l’état pur…
    –  Eh bien, commença Michael. À vrai dire…
    –  J’ai découvert, enchaîna sérieusement Ahearn, en braquant vers Michael un souffle aussi épais que le mur d’une brasserie, j’ai découvert qu’en ce qui me concernait je suais beaucoup plus et voyais tout plus clairement que lorsque je n’avais pas peur. Je me souviens que j’étais un jour au large de Guadalcanal, à bord d’une unité navale dont, même à présent, je ne puis révéler le nom, lorsqu’un avion japonais s’est rué à trois mètres au-dessus de l’eau, tout droit vers le canon de D. C. A. près duquel je me trouvais. J’ai tourné la tête, et c’est alors que j’ai vu, sur l’épaule droite de mon voisin – un homme que je connaissais depuis trois semaines et que j’avais toujours vu à demi nu – c’est alors que j’ai vu, disais-je, sur son épaule, et pour la première fois… un cadenas ! Un cadenas tatoué à l’encre rouge, entrelacé de feuilles de vigne vertes, et sur le tout, en écriture romaine, l’inscription Amor Omnia Vincit. Je m’en souviens avec une clarté absolue, et je pourrais vous le reproduire sur cette nappe, dans tous ses détails. Et vous ? Voyez-vous les choses plus ou moins clairement lorsque vous êtes en danger ?
    –  Eh bien, dit Michael. La vérité, c’est que…
    –  En outre, je respire difficilement, coupa sévèrement Ahearn. C’est comme si je me trouvais sans masque respiratoire dans un avion volant

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