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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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la photo de Staline, la déchira en seize morceaux qu’il jeta dans la salle, comme des confetti.
    –  Cochons de Bolcheviques ! hurla-t-il.
    Le Français qui mangeait des verres à Martini se releva d’un bond et leur jeta une chaise à la tête. La chaise s’écrasa contre le mur, au-dessus des casques pointus. Les deux Polonais tournèrent bride et s’enfuirent.
    –  Salauds ! hurla le Français. Revenez ici, que je vous coupe les c…
    –  Ces gentlemen, dit la propriétaire sans ouvrir les yeux, se verront désormais interdire l’entrée des locaux.
    Michael se tourna vers le bar. Le général tenait Louise dans ses bras et lui tapotait tendrement les fesses.
    –  Allons, allons, disait-il d’un ton conciliant.
    –  O. K., général, répondit Louise d’un ton glacial. La bataille est terminée. Rompez le contact.
    –  Les Polonais, murmurait le Hongrois. Tous des cochons, mais faut dire ce qui est : ils sont braves comme des lions.
    Il s’inclina poliment et retourna d’un pas ferme à la table où l’attendait le major aviateur. Le Hongrois s’assit, rédigea un billet pour mille livres et battit les cartes.
    La sirène hurla, proclamant la fin de l’alerte.
    Alors Michael se mit à trembler. Il se cramponna au bord de la table et serra les mâchoires, sans parvenir à empêcher ses dents de claquer. Il adressa un sourire figé au colonel Pavone, qui allumait un autre cigare.
    –  Que diable fabriquez-vous dans l’armée, Whitacre ? dit Pavone. Chaque fois que je vous rencontre, c’est toujours dans un bar.
    –  Pas grand-chose, mon colonel, répondit Michael.
    Puis il se tut. S’il avait parlé davantage, le tremblement de sa mâchoire l’aurait trahi.
    –  Vous parlez français ?
    –  Un peu.
    –  Vous savez conduire une voiture ?
    –  Oui, mon colonel.
    –  Vous aimeriez travailler pour moi ?
    –  Oui, mon colonel, dit Michael. – Il n’est jamais prudent de contrarier un officier.
    –  Nous verrons ça, nous verrons ça, dit Pavone. Le type qui travaillait pour moi vient d’être traduit devant le conseil de guerre pour mœurs spéciales, et j’ai l’impression qu’il lui sera difficile de prouver son innocence.
    –  Oui, mon colonel.
    –  Téléphonez-moi dans une quinzaine de jours, dit Pavone. Ça pourra être intéressant.
    –  Merci, mon colonel, dit Michael.
    –  Vous fumez le cigare ?
    –  Oui, mon colonel.
    –  Tenez.
    Pavone lui tendit trois cigares, et Michael les accepta.
    –  Je ne sais si je me trompe, mais je vous trouve un regard intelligent.
    –  Merci.
    Pavone regarda le général Rockland.
    –  Vous feriez mieux de partir, dit-il, avant que le général perde son sang-froid et viole votre Louise.
    Michael empocha les cigares. Ses doigts tremblaient et il eut beaucoup de mal à déboutonner sa poche.
    –  Je sue toujours à grosses gouttes, confia Ahearn à Michael, mais tout est extraordinairement clair.
    Respectueusement, mais fermement, Michael se planta près du général Rockland. Puis il toussota et dit :
    –  Excusez-moi, mon général, mais j’ai promis à la mère de cette jeune femme de la ramener chez elle avant minuit.
    –  Votre mère est à Londres ? s’étonna le général.
    –  Non, répondit Louise, mais le soldat Whitacre la connaissait à Saint Louis.
    Le général éclata d’un bon gros rire bon enfant.
    –  Je n’ai jamais eu la tête dure, dit-il. Sa mère ! Elle est inédite, celle-là.
    Il administra à Michael une claque énergique sur l’épaule.
    –  Bonne chance, fiston ! dit-il cordialement. Heureux d’avoir fait votre connaissance.
    Puis il promena son regard autour de la pièce.
    –  Où est Ottilie ? demanda-t-il. Est-ce qu’elle est encore en train de distribuer ses saletés de cartes ?
    Il s’éloigna, en compagnie du capitaine moustachu, et tous deux cherchèrent M me  Kearney, qui était enfermée à clef dans les toilettes, avec l’un des sergents pilotes.
    Louise sourit à Michael.
    –  Tu t’es bien amusée ? demanda Michael.
    –  Plus que ça encore, dit Louise. Le général m’est tombé dessus quand la bombe a éclaté et j’ai cru qu’il pelait y passer l’hiver. Nous partons ?
    –  Allons-y, acquiesça Michael.
    Il lui prit la main, l’entraîna vers la sortie.
    –  Je vous joue cinq cents livres, disait le Hongrois au moment où la porte se referma derrière eux.
    L’odeur menaçante et délétère de la fumée les

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