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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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Michael. Ils le rejetteraient, lui aussi.
    –  Tu as déjà essayé ?
    –  Oui.
    –  Oh! mon Dieu, dit Louise, quel monde idiot !
    –  Ça n ’a aucune importance, dit Michael. Nous gagnerons la guerre tout de même.
    –  Tu ne t’es pas mis en colère quand tu l’as su ?
    –  Un peu, concéda Michael. Mais j’étais plus triste que furieux.
    –  Tu n’as pas eu envie de tout envoyer promener ?
    –  Pendant une heure ou deux, peut-être, dit Michael. Mais c’était une attitude enfantine.
    –  Tu es trop raisonnable, c’est ce qui te perdra.
    –  Peut-être. Mais je ne suis pas si terriblement raisonnable, tu sais, objecta Michael. Je ne suis surtout pas très soldat, et l’armée ne perd pas grand-chose. Quand je me suis engagé, j’ai décidé que je me mettais, corps et âme, à la disposition de l’armée. Je crois en la guerre. Ceci ne veut pas dire que je crois en l’armée. Je ne crois en aucune armée. Une armée est chargée de remporter la victoire et non de rendre la justice. Et, si l’on veut couper les cheveux en quatre notre armée est probablement la plus juste qui ait jamais existé. Je crois que l’armée fera de son mieux pour prendre soin de ma personne, pour m’empêcher d’être tué, si la chose est possible, et qu’elle gagnera la guerre avec le moins de pertes possible. À chaque jour suffit sa victoire.
    –  C’est une attitude cynique, dit Louise. L’O. W. I, ne l’approuverait pas.
    –  Peut-être, admit Michael. Je m’attendais à ce que l’armée soit corrompue, cruelle inefficiente, gaspilleuse, et elle était tout cela, comme toutes les armées, mais beaucoup moins que je le pensais. Beaucoup moins corrompue, par exemple, que l’armée allemande. Un bon point pour nous. La victoire que nous remporterons ne sera pas aussi belle qu’elle l’aurait été, avec une armée différente, mais ce sera la meilleure victoire qu’il soit possible de remporter à notre époque, et j’en suis reconnaissant…
    –  Que vas-tu faire ? demanda Louise. Rester dans ce bureau ridicule à peloter des girls pendant toute la durée de la guerre ?
    –  Il y a des façons plus douloureuses de faire ta guerre, dit Michael. Mais je ne pense pas que je resterai dans ce bureau. Tôt ou tard, l’armée me transférera quelque part où il me faudra justifier le port de mon uniforme, où il me faudra tuer, où je serai tué, peut-être…
    –  Qu’est-ce que tu ressens, lorsque tu y penses ?
    –  Je suis effrayé.
    –  Pourquoi es-tu certain que ça se passera comme ça ?
    Michael haussa les épaules.
    –  Je ne sais pas, dit-il. Un pressentiment. L’impression mystique que la justice doit advenir en fin de compte, par moi et pour moi. Depuis 1936, depuis l’Espagne, j’ai senti qu’il me faudrait payer un jour. Et cette impression n’a pas cessé de croître.
    –  Tu ne crois pas que tu as déjà payé ?
    –  Un peu, dit Michael en souriant. Les intérêts. Mais je dois toujours le capital. Ils me le réclameront un de ces jours, j’en suis sûr, et ce sera pas dans le Spécial Service.
    Ils s’engagèrent dans Saint James Street. Sombre et médiéval, le Palais se dressait à l’autre extrémité. La pendule luisait faiblement, derrière les garde-fous.
    –  Tu n’es peut-être pas fait pour être officier, après tout, dit Louise, en souriant dans l’obscurité.
    –  Peut-être pas, approuva gravement Michael.
    –  De toute manière, insista Louise, tu pourrais au moins être sergent.
    Michael éclata de rire.
    –  Quelle décadence, dit-il. À Paris, M me  de Pompadour obtint pour son favori un bâton de maréchal. À Londres, Louise M’Kimber se glisse dans le lit du roi en échange de trois galons pour son soldat de première classe.
    –  Ne sois pas mufle, dit Louise avec dignité. Tu n’es pas à Hollywood.
    Trois jeunes marins britanniques s’en venaient à leur rencontre, bras dessus, bras dessous. La rue était à peine assez large pour contenir leurs embardées.
    –  Allonge-moi dans le trèfle, braillaient-ils en chœur. Allonge-moi dans le trèfle et refais-le moi.
    –  Je pensais à Dostoïevski avant de te retrouver ce soir, dit Michael.
    –  Je déteste les hommes cultivés, trancha Louise fermement.
    –  Dans un bouquin de Dostoïevski, un certain Prince Mishkin veut épouser une prostituée, poussé par le sentiment de ses propres péchés et de sa propre culpabilité.
    –  Je ne lis que

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