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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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membres lorsqu’il se hissa enfin sur la rive. Il tremblait toujours lorsque Burnecker et l’homme de Georgie le ramassèrent et s’éloignèrent avec lui, en courant, du canal.
    Une demi-heure plus tard, vêtu d’un uniforme beaucoup trop grand pour lui prélevé sur un cadavre, à proximité du P. C. de la compagnie, Noah était debout devant un lieutenant-colonel, dans le P. C. de la Division. Le lieutenant-colonel était un petit homme grassouillet, aux cheveux grisonnants, au visage constellé de taches pourpres. Il avait de l’impétigo et s’efforçait de le soigner, tout en remplissant les divers offices que l’armée attendait de lui.
    Le P. C. de la Division se trouvait dans un hangar entouré de sacs de sable, et des hommes dormaient un peu partout, sur le sol. Il ne faisait pas encore assez jour, et le lieutenant-colonel examinait la carte à la lueur d’une simple bougie, car tous les générateurs et tout l’équipement électrique du quartier général avaient été coulés avant d’avoir pu atteindre la plage.
    Burnecker se tenait près de Noah, l’air profondément songeur, les yeux mi-clos.
    –  Bien, disait le lieutenant-colonel en hochant la tête. Bien, très bien !
    Mais Noah se souvenait à peine de quoi cet homme voulait parler. Il savait seulement qu’il se sentait très triste, mais il ne savait plus pourquoi il était aussi triste.
    –  Très bien, les enfants, disait aimablement l’homme au visage pourpre.
    Il leur souriait aussi, apparemment…
    –  Très au-dessus de… Il y a là une médaille pour vous, les enfants. Je vais faire transmettre ce document au P. C. d’artillerie divisionnaire. Revenez cet après-midi, et je vous dirai ce que cela aura donné.
    Noah se demanda, vaguement, pourquoi cet homme avait le visage pourpre, et de quoi il pouvait bien parler.
    –  Rendez-moi ma photographie, dit-il clairement. Ma femme et mon fils.
    –  Évidemment…
    Le sourire de l’homme s’accentua, découvrant de vieilles dents jaunes, que cernait une barbe grise et pourpre.
    –  Cet après-midi, lorsque vous reviendrez. Nous sommes en train de reformer la compagnie C. Nous avons déjà récupéré une quarantaine d’hommes, avec vous deux. Evans…
    Il appela un soldat qui semblait dormir debout, contre la paroi du hangar.
    –  Conduisez ces deux hommes à la compagnie C. Ne vous inquiétez pas, ajouta-t-il à l’adresse de Noah, vous n’aurez pas loin à aller. Ils sont dans le champ voisin.
    Il se pencha de nouveau vers la carte, hochant la tête, et répétant :
    –  Bien. Très bien.
    Evans s’approcha et, dans la brume matinale, conduisit Noah et Burnecker jusqu’au champ voisin.
    Le premier homme qu’ils aperçurent fut le lieutenant Green. Il leur jeta un bref coup d’œil et dit :
    –  Il y a des couvertures, dans ce coin. Prenez-en et allez dormir. Je vous interrogerai plus tard.
    Sur le chemin des couvertures, ils croisèrent Shields, le vaguemestre de la compagnie. Shields s’était déjà fabriqué un bureau, avec deux caisses de rations, dans un fossé, près de la lisière du champ. Il les appela au passage.
    –  Hé ! j’ai du courrier pour vous. La première distribution. J’ai bien failli le renvoyer. Je croyais que vous étiez disparus.
    Il fouilla dans un sac, en sortit quelques enveloppes. Il y avait une longue enveloppe brune, pour Noah ; c’était l’écriture de Hope. Noah la glissa dans sa chemise et s’empara de trois couvertures. Lui et Burnecker s’arrêtèrent sous un pommier, déroulèrent leurs couvertures, ôtèrent leurs souliers d’emprunt. Noah ouvrit son enveloppe. Un petit magazine en tomba. Il cligna des yeux et lut la lettre de sa femme.
    « Chéri, disait-elle, je suppose qu’il vaut mieux que je te parle tout de suite du magazine. Le poème que tu m’avais envoyé, celui que tu as écrit en Angleterre, il m’a semblé tellement joli que je n’ai pas voulu le garder pour moi toute seule. J’ai pris la liberté de l’envoyer à… »
    Noah ramassa le magazine. Son nom était mentionné sur la couverture. Il ouvrit le magazine, le feuilleta maladroitement. Il trouva son nom, et les petites lignes en vers libres… «  Crains la révolte du cœur, elle n’est pas faite pour la guerre… »
    –  Hé, Burnecker, dit-il.
    –  Oui !
    Burnecker avait essayé de lire son courrier. Puis il y avait renoncé et gisait sur le dos, sous ses couvertures, les yeux au ciel.
    –  Qu’est-ce que tu

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